Voyage d’un mois en Europe du nord, d’abord sur la route Eurovelo 10/13 le long de la mer Baltique entre Lübeck (Allemagne) et Gdansk (Pologne), puis en Suède sur les itinéraires Sverigeleden, avant une traversée nord-sud de la péninsule du Jutland au Danemark sur Haervejsruten (Eurovelo 3). Liaisons par ferries, bus et train. Vélo robuste et pneus anti-crevaison indispensables. Juin-juillet 2018.
Vous pouvez visionner un diaporama de photos géolocalisées sur Piwigo. Une partie de ces images sont incluses dans le texte ci-dessous.
Naissance du projet
Le projet de ce voyage est né durant l’été 2013, alors que je revenais en ferry d’Helsinki après une belle balade au Danemark, en Suède et en Finlande. Durant cette traversée de la mer Baltique d’est en ouest, et surtout vers la fin alors que nous approchions de Travemünde en Allemagne, j’ai longuement observé la côte – une côte qui m’était apparue bien boisée et relativement préservée, donc probablement intéressante à parcourir à vélo.
Cinq années ont passé, durant lesquelles je suis parti au Royaume Uni, en Italie, en Sardaigne, en Corse, en Irlande et encore en France. Puis j’ai vu sur internet qu’il existait un guide de la Route de la Baltique (Esterbauer Verlag, voir ci-dessous la rubrique « Références ») et l’ai commandé dans ma librairie préférée. C’est souvent comme ça qu’une destination se décide : un souvenir, une image, un livre, un guide, une carte, voire une envie soudaine, en mai ou en juin.
Lübeck-Riga, ou Lübeck-Tallinn, suivi d’un petit supplément en Suède ou en Finlande, voilà comment j’imaginais le programme avant de feuilleter le guide et de découvrir l’enclave russe de Kaliningrad, dont j’ignorais carrément l’existence – l’est européen est une zone grise dans ma géographie. Pour passer en Russie, ne serait-ce que 3 jours, il faut un passeport et un visa, compliqué à obtenir. Or je n’ai plus de passeport depuis très longtemps et je n’accepte plus de demander des visas pour voyager : le monde est trop vaste, la liberté trop précieuse pour perdre du temps à obtenir l’autorisation d’aller faire un tour à vélo ici ou là. Pas de Russie donc !
Comme je souhaitais néanmoins rouler dans les Pays Baltes, j’ai cherché le moyen d’éviter Kaliningrad, mais en vain : pas de ferry pour la Lituanie au départ de Gdansk, pas de contournement en train (très long et compliqué) ni a vélo (trop long aussi, et sur des routes polonaises a priori dangereuses)…
En étudiant les destinations des ferries au départ de Gdansk, j’ai vu qu’il y en avait un pour la Suède : ça y est, je tenais mon itinéraire de l’été 2018 ! Je ferais donc la Route de la Baltique de Lübeck à Gdansk, puis un tour en Suède avant de redescendre par le Danemark et de reprendre le train au nord de l’Allemagne pour rentrer.
Quel choix inspiré ! Ce fut un voyage magnifique et je le recommande vivement à tous les amoureux des terres nordiques, comme à ceux qui n’y ont jamais mis les roues mais sont néanmoins curieux.
Avertissement santé
L’encéphalite à tiques, ainsi que la maladie de Lyme (borréliose de Lyme) sont endémiques dans de nombreux pays européens et en particulier en Allemagne, en Pologne, en Suède et dans les Pays baltes. Par conséquent, je conseille vivement de se faire vacciner contre l’encéphalite à tiques : 3 injections dans un délai de 6 mois à un an offrent une protection à plus de 95% pendant 10 ans. Il n’existe malheureusement pas de vaccin contre la maladie de Lyme.
De manière générale, il faut éviter de toucher les hautes herbes et les fougères dans les zones boisées humides de la côte baltique. Le port de vêtements clairs couvrants n’étant pas une option envisageable lorsqu’on pédale en été, je recommande d’emporter un produit anti-tiques à étendre sur les parties du corps non couvertes (jambes, bras, nuque). Le soir, il faut procéder à un examen corporel (visuel et tactile) pour repérer toute tique qui se serait néanmoins fixée. Une pince à épiler fine est indispensable pour retirer ces saloperies.
Allemagne (500 km, dénivelé positif 1370 m)
Lübeck est une ville idéale pour débuter un voyage : pas trop grande, magnifique centre historique, parcs et plans d’eau. J’y ai circulé, au pas, quelques heures, puis ai pris un petit déjeuner tardif, avant que l’excitation suscitée par le départ et toutes ces terres à découvrir ne me propulsent dans les faubourgs orientaux, en direction de la toute proche ancienne frontière avec l’Allemagne de l’Est, à Schlutup.
Le balisage est assez approximatif dès le quartier de Marli et j’ai dû faire usage du GPS à plusieurs reprises pour suivre l’itinéraire décrit dans le guide Esterbauer (ci-après nommé « le guide (E) »). Le parcours forestier sur sentier risque d’être boueux en cas de pluie, puisqu’il traverse une zone humide.
Impossible de ne pas ressentir une certaine émotion au passage de l’ancien Rideau de Fer, qui a divisé l’Europe pendant des décennies ! Un Centre de documentation a été construit à proximité de l’ancienne frontière. On peut y voir notamment une Trabant et un segment du Mur de Berlin.
Peu après Selmsdorf, on peut s’élancer à fond sur une belle piste cyclable toute neuve, l’un des grands atouts de l’Allemagne, auquel il faut ajouter la présence régulière d’une excellente signalisation pour les cyclistes.
On rejoint la côte de la mer Baltique près de l’embouchure de la Trave – et donc de la ville de Travemünde. C’est ici que débute pour nous la véloroute officielle Eurovelo 10, dont le parcours coïncide jusqu’à Gdansk (et au-delà) avec celui d’Eurovelo 13, raison pour laquelle j’ai choisi l’appellation Eurovelo 10/13. Eurovelo 10, c’est la route de la mer Baltique (Baltic Sea Cycle Route), tandis qu’Eurovelo 13 est celle de l’ancien Rideau de Fer (Iron Curtain Trail). Voilà pour la nomenclature.
C’est parti pour 1000 kilomètres d’aventure le long de la Baltique jusqu’à Gdansk, en Pologne !
En Allemagne, on va rouler alternativement sur des routes secondaires, des tronçons de pavés, des pistes cyclables, des chemins agricoles ou forestiers de terre compacte (attention toutefois aux sections couvertes de graviers de silex très pointus) et quelques sentiers.
Les parcours au milieu des champs de céréales ondulant sous le vent d’est (contraire !) succèdent aux pistes cyclables longeant le littoral, sur lesquelles on pédale en laissant son regard dériver vers l’horizon maritime, promesse d’autres terres nordiques fascinantes.
A Ostseebad Boltenhagen, on traverse une première petite cité balnéaire avec sa plage, sa jetée, son quai, ses terrasses et ses vacanciers. Il y en aura une multitude d’autres, à intervalles réguliers, dans lesquelles on ne fera souvent que passer, mais au ralenti en raison de la foule et de l’obligation occasionnelle de pousser le vélo.
Par contraste avec les sites balnéaires, la jolie ville de Wismar mérite quelques heures de déambulation et se prête tout à fait à un copieux petit déjeuner sur la terrasse d’une des boulangeries du centre historique.
A Warnemünde, un ferry pas facile à trouver permet de traverser la sortie du grand port de Rostock. Il faut traverser la gare et prendre le passage sous-voies.
De l’autre côté, à Markgrafenheide, débute une étape plus forestière durant laquelle on va traverser de nombreux bois, sur des chemins généralement roulants, parfois tracés dans des zones humides. Ces moments silencieux et ombragés sont hélas ternis par le risque que font courir les tiques : par conséquent, il vaut mieux éviter de toucher les hautes herbes et autres fougères en roulant et ne pas sortir du chemin pour aller dans le sous-bois. Ici et là, des panneaux informent sur ce danger.
A la sortie de la forêt de Darss, où l’on a dû affronter un tout premier court passage dans le sable, on roule sur des dalles de bétons quelque peu disjointes par les décennies et il faut modérer l’allure.
A Zingst, on quitte le littoral pour aller longer la rive sud d’un lagon, le Barther Bodden, avant de rejoindre le bras de mer du Strelasund, qui sépare le continent de l’île de Rügen (plus grande île allemande) et nous conduit jusqu’à Stralsund. Le camping se trouve de l’autre côté, à Altefähr : on peut s’y rendre en ferry depuis le vieux port (mais seulement quelques traversées par jour) ou par le vieux pont, qui comporte une piste cyclable. La vieille ville de Stralsund mérite une déambulation matinale, et le petit déj qui va avec.
Peu après Devin débute une section pavée de 18 km. Le guide (E) indique un parcours le long du Strelasund, mais le balisage suit les pavés. Quoique peu confortable, cette route pavée est très calme et l’on peut y rouler entre 15 et 18 km/h, ce qui est raisonnable.
La vieille ville de Greifswald, avec ses clochers pointus, est une étape agréable pour la pause de midi. De retour sur Eurovelo 10/13, on longe le quai où sont amarrés de nombreux bateaux, pour certains anciens et visitables.
A Freest, il y a un joli petit port de pêche, juste en dehors de la véloroute.
Wolgast est la dernière « vraie » ville que l’on traverse en Allemagne – les suivantes ne seront que des stations balnéaires. Le pont nous fait traverser le Peenestrom pour aller sur l’île côtière d’Usedom, dont la partie orientale se trouve en Pologne.
Les voyageurs pressés peuvent suivre le balisage Eurovelo 13 et aller directement à Trassenheide, puis prendre le chemin côtier vers la Pologne, en évitant le détour par Peenemünde. Après avoir raté la petite route sur la rive du Peenestrom à Mahlzow, à cause des panneaux indicateurs, j’ai pour ma part suivi un parcours hybride qui m’a conduit à Peenemünde via Mölschow et Trassenheide. La région est très touristique, par conséquent il y a du trafic motorisé sur les routes, auquel on n’est pas directement confronté grâce aux pistes cyclables – mais ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu autant de bagnoles !
Le détour à Peenemünde permet de voir un vieux sous-marin soviétique (musée) et offre au retour un joli parcours forestier sous les pins, complètement hors trafic. Des panneaux avertissent toutefois régulièrement de la présence dans la forêt de munitions de la seconde guerre mondiale et interdisent de quitter le chemin.
Les derniers kilomètres sur sol allemand le long du littoral voient se succéder des tronçons forestiers parsemés de quelques courtes montées très raides (!) et des stations balnéaires populeuses qu’on doit traverser à vitesse réduite : Zinnowitz, Zempin, Koserow, Bansin, Heringsdorf, Ahlbeck. L’architecture du front de mer démontre que la côte de la Baltique a depuis longtemps attiré les touristes, notamment les Berlinois aisés.
Depuis la sortie d’Ahlbeck, la piste cyclable conduit directement jusqu’à la frontière polonaise, évidemment non surveillée puisque nous restons dans l’UE.
Pologne (530 km, dénivelé positif 800 m)
Note : pour simplifier la lecture et accélérer la rédaction, je n’utilise pas les lettres spéciales polonaises (« Ł » qui se prononce plus ou moins comme le « W » anglais), ni les accents.
Eurovelo 10/13 se poursuit en Pologne, avec quelques différences notoires :
- le balisage n’est plus permanent, donc le guide Esterbauer et un GPS sont pratiquement obligatoires (quand il existe, le balisage polonais indique « R10 », pour Eurovelo 10)
- les sections difficiles se multiplient, en particulier les pistes sablonneuses !
- les villes traversées sont moins intéressantes
- les stations balnéaires restent aussi nombreuses, mais n’ont pas le charme désuet de celles côté allemand : interminables successions de baraques à casse-croûte et de manèges, tout y est pensé pour soulager les touristes polonais de leurs zlotys.
Qu’on n’en déduise pas pour autant que je n’ai pas apprécié ce parcours, magnifique par endroits – juste qu’il présente davantage de défis pour le voyageur…
Swinoujscie est une vraie ville mais, à l’instar des stations balnéaires allemandes voisines, elle attire de nombreux touristes. Un ferry gratuit permet de traverser la rivière Swine et de rejoindre une zone industrielle où nous attend la première difficulté : une piste forestière comprenant de nombreux passages de sable profond. Il faut alors pousser le vélo, ce qui se révèle d’autant plus épuisant que le vélo est lourdement chargé et que les roues s’enfoncent dans le sable.
Me rappelant la traversée du Sahara en voiture (1991), j’ai un moment pensé qu’il faudrait dégonfler les pneus pour franchir plus facilement ces obstacles-là. Néanmoins, cette idée n’a pas tenu, en raison du fait qu’on emprunte aussi régulièrement des chemins caillouteux ou couverts de graviers pointus sur lesquels il faut avoir les pneus gonflés au maximum pour éviter les crevaisons. Chacun choisira donc s’il préfère souffrir dans les passages sablonneux ou crever sur le gravier…
Les mêmes difficultés se poursuivent au-delà de Miedzyzdroje jusqu’à Domyslow. Notez que sur mon application GPS OSMAnd+ le balisage « R10 » contourne par le nord le lac Czajcze entre Warnowo et Domyslow : plus de kilomètres, mais peut-être moins de sable ?
Heureusement, on retrouve le goudron sur une superbe petite route de campagne silencieuse après Domyslow.
Suivent des pistes cyclables (mauvaise entre Sieroslaw et Zastan, bonnes ensuite) et encore un peu de sable dans la forêt avant Pobierowo, première ville-étape polonaise – en fait une station balnéaire.
Le lendemain, on pourra avaler facilement plus de 100 kilomètres de littoral quasi rectiligne jusqu’à Lazy, grâce à de nombreuses pistes cyclables toutes neuves, dont certaines offrent une vue magnifique sur la mer, notamment entre Kolobrzeg et Ustronie Morskie. Le seul passage forestier important de la journée s’effectue sur une piste très roulante dès la sortie de Pogorzelica : pour éviter plusieurs kilomètres sur route de galets, suivre à droite le balisage « R10 » et non l’itinéraire indiqué dans le guide (E).
Je projetais de faire étape à Dabki, où le guide signale un camping, et ai donc continué vers la forêt à la sortie de Lazy. Il n’y a pas de panneau, mais une large piste s’enfonce dans les bois et le sol porte de nombreuses traces de pneus de vélos…
Attention : cette piste conduit après 500 mètres de parcours de plus en plus sablonneux à une impasse ! D’un côté, un sentier plonge dans une jungle marécageuse infestée de moustiques où la progression est rendue encore plus difficile par des arbres tombés en travers du chemin – j’y ai passé de très mauvais moments avec mon vélo de plus de 40 kilos, avant de réussir à en ressortir. De l’autre côté, les traces conduisent… sur la plage. Magnifique, déserte et large, mais totalement impraticable avec un vélo chargé : les roues s’enfoncent même dans le sable humide, à tel point que pousser le vélo est impossible, d’autant plus sur 3 kilomètres ! Remonter sur la dune m’a pris un bon quart d’heure d’efforts surhumains. Décharger n’est pas une option, car il n’y a aucun moyen de laisser le vélo en haut pour venir rechercher les sacoches : pas d’arbre pour l’appuyer et donc la transmission va toucher le sable, ce qui serait catastrophique…
C’est la plus grosse erreur du guide (E) et je la leur ai bien évidemment signalée (voir ci-dessous à la rubrique « Références »).
Du coup, je me suis retrouvé à Lazy à une heure un peu tardive pour continuer jusqu’à Dabki, surtout avec déjà 113 km dans les jambes, dont une fin de parcours chaotique et épuisante. Heureusement, je suis parvenu à louer une caravane, ce qui m’a permis de passer une nuit confortable – car il n’y a pas de camping.
Pour rejoindre Dabki, il faut donc contourner le lac Bukowo par l’intérieur, en passant par Osieki, Rzepkowo et Bukowo Morskie. Il y a une piste cyclable tout le long, sauf pour la partie sur dalles de béton entre Osieki et la route 203.
De Dabki à Darlowo, on roule sur une piste cyclable toute neuve, en site propre. J’y ai d’ailleurs vu le premier panneau de signalisation polonais portant les logos Eurovelo 10 et 13. Un peu plus loin, sur le quai de Darlowko, la municipalité a installé une borne d’entretien pour vélo bien pratique, avec pompe à pied et manomètre, ainsi que de nombreux outils – j’en ai profité pour monter la pression de mes pneus Schwalbe Marathon Mondial à 5.5 bars !
Suit une magnifique section en bord de mer jusqu’au lac Kopan. Le revêtement de dalles de béton requiert une certaine attention, mais on a aussi l’occasion de laisser son regard dériver vers l’horizon marin. Au-delà du lac Kopan, des travaux étaient en cours en 2018, par conséquent la piste cyclable est désormais sans doute toute neuve.
Après Jaroslawiec, on progresse sur de petites routes, pas toujours goudronnées mais très roulantes. A Wodnica, il ne faut pas suivre les indications du guide (E), mais plutôt prendre à gauche sur le goudron et suivre le balisage « 14 » qui conduit à Ustka par une bonne piste de terre : quitter le goudron à droite environ 200 m avant d’arriver sur la grande route.
Ustka marque le début de la section la plus « sauvage » d’Eurovelo 10/13 en Pologne, laquelle se poursuit jusqu’à Leba. Ce beau parcours réserve toutefois quelques difficultés…
Le premier passage sablonneux, long d’environ 1.5 km, se trouve entre Machowinko et Debina : il faut pousser le vélo tout le long. Lorsqu’on rejoint le goudron, la signalisation « R10 » nous envoie de l’autre côté de la route, sur un chemin de dalles de béton – attention aux dalles disjointes et aux trous ! Je n’ai donc pas suivi le parcours du guide (E), d’ailleurs la piste cyclable toute droite à travers la forêt entre Debina et Rowy n’existe vraisemblablement pas (je l’ai cherchée, en vain).
A Rowy, après avoir fait les provisions pour la journée (pas de commerce fiable ensuite jusqu’à Leba), on peut choisir de contourner le lac Gardno par la rive nord ou la rive sud. Fidèle à mon point cardinal fétiche, j’ai pris au nord et ne l’ai pas regretté, malgré la taxe d’entrée dans le parc national (6 zlotys) : le parcours est plus court, la piste forestière est très roulante et l’environnement forestier magnifiquement préservé. A l’angle nord-est du lac, il faut pousser le vélo pour franchir un court tronçon sableux (moins de 1 km), avant de retrouver les dalles de béton jusqu’aux abords de Smoldzino, village silencieux où l’on trouve un petit parc ombragé pour la pause.
Un peu plus loin, on atteint le village de Kluki au bout d’une route sans issue (pour les voitures). Les belles maisons traditionnelles que l’on peut visiter font partie d’un musée en plein air. On quittera le village par un sentier à l’entrée duquel se trouve un panneau d’avertissement : le passage n’est pas garanti en cas de pluie, car la zone traversée est un marais inondable. D’ailleurs, de nombreux petits ponts de bois ont été construits pour permettre de passer à pied sec (par temps sec ou peu humide !) les tronçons les plus critiques. Les taons et autres moustiques abondent, donc on ne traîne pas – je n’ose pas imaginer une crevaison à cet endroit…
Suivent des dalles de béton jusqu’à Zgierz, puis du goudron jusqu’à Izbica, où il ne faut pas compter sur l’épicerie pour s’approvisionner – par contre la place de jeux partiellement ombragée est bienvenue pour le pique-nique. Après une courte section sur route de galets à Gac, on enchaîne avec 7.5 km de parcours forestier jusqu’à Zarnowska (compter 1 heure), dont une partie sablonneuse où le vélo doit être poussé. En chemin, un ponton a été aménagé pour permettre l’observation d’une zone humide apparemment préservée : on se croirait déjà en Scandinavie, avec ce type de végétation ! A Zarnowska, suivre les indications du guide (E), car le parcours alternatif par la rive du lac Lebsko n’est pas cool, en raison du sable et de dalles de béton parfois effondrées.
Après Leba, à Nowecin, on doit choisir entre le parcours balisé « R10 » qui traverse la forêt sur une mauvaise piste sableuse (vélo poussé sur env. 3 km) ou la route via Szczenurze recommandée par le guide (E), sachant que celle-ci comporte un certain trafic et qu’entre Sarbsk et la bifurcation pour Sasino j’ai été plusieurs fois dépassé dans des conditions dangereuses. Le sable ou les bagnoles, donc…
A la sortie de Sasino, il faut être attentif pour ne pas rater le chemin qui quitte la route sur la gauche, et mieux vaut le rester jusqu’à Lubiatowo, car le tracé n’est pas toujours évident et le guide (E) comporte des erreurs. A Lubiatowo ou juste après, à L. Szklana Huta, je recommande de ne suivre ni le balisage, ni le guide (E), et de chercher sur la droite la piste forestière très roulante qui conduit tout droit à Bialogora – à moins que vous ne préfériez le sable…
D’autres bonnes pistes suivent jusqu’à Karwia, mais on doit réduire la vitesse dès Debki en raison de l’affluence de piétons. L’itinéraire « R10 » quitte le littoral entre Debki et Karwia pour rejoindre Swarzewo sur le rivage de la baie de Puck, puis Gdynia.
J’ai préféré suivre la proposition du guide (E) et continuer vers la presqu’île de Hel. Le trafic reste modéré sur la route principale dès Tupadla, et comme il s’agit d’une zone urbaine les véhicules ne roulent pas vite. On peut néanmoins éviter certains tronçons en prenant les petites rues des quartiers adjacents. C’est plutôt le revêtement de la route qui pose problème : des pavés, sur un peu plus de 4 km. Par endroits, il est possible de rouler sur le trottoir ou le bas-côté non goudronné pour s’affranchir des secousses. La piste cyclable débute peu avant Wladyslawowo et s’en va zigzaguer en ville de manière incompréhensible. Qu’importe : il n’est pas difficile de trouver la route de Hel, puis l’excellente piste cyclable qui la longe, offrant une vue pratiquement ininterrompue sur des dizaines, voire des centaines de véliplanchistes et autres amateurs de kitesurf.
Tout au bout, le bourg de Hel est sans grand intérêt et le camping moche, bondé, bruyant, par conséquent j’ai filé prendre le dernier ferry pour Gdynia qui partait à 19 heures, espérant trouver en ville une meilleure solution d’hébergement. La traversée dure une heure et coûte 50 Zlotys (40 pour le bonhomme, plus 10 pour la monture).
J’ai ensuite passablement galéré pour dénicher l’auberge de jeunesse qui se trouve à 5 km du débarcadère, en pleine zone portuaire, face au terminal containers – sans aucune signalisation. Heureusement que j’avais mon GPS ! Attention : tous les hébergements sont complets durant le festival Open’er de Gdynia, qui a lieu chaque année début juillet.
La dernière étape polonaise, entre Gdynia et Gdansk, est parfois balisée, mais pas tout le long. En l’absence de signalisation, le GPS se révèlera utile pour éviter les routes à grand trafic de cette grande région urbaine. Les tronçons le long de la mer et dans les parcs sont agréables, mais il faut modérer l’allure en raison de l’affluence des piétons et autres baigneurs.
Le centre de Gdansk est magnifique et c’est d’ailleurs la première ville polonaise dans laquelle on prend plaisir à déambuler, au hasard des rues et le long des canaux. On regrette juste qu’il y ait autant de monde…
Eurovelo 10/13 se poursuit vers le territoire russe de Kaliningrad, dont la frontière est à 110 km de Gdansk. Pour ma part, après quelques heures de promenade dans Gdansk, j’ai sélectionné « Westerplatte Terminal » sur mon GPS et suis parti à travers une grande zone industrielle et portuaire jusqu’à mon ferry pour la Suède. A 18 heures, accoudé au bastingage arrière sur le pont inondé de soleil, j’ai bu une de mes dernières bières polonaises en regardant le quai s’éloigner. Le ferry a glissé lentement dans le chenal portuaire, puis poussé les moteurs en s’engageant dans la baie de Puck.
Un peu plus tard, nous avons dépassé la presqu’île de Hel pour sortir en pleine mer et le vent a forci : Nynäshamn est à 500 km et la traversée dure 18 heures, trop cool !
(Rédaction en cours)