La sécurité sur la route

Toute personne désireuse de se lancer à vélo sur la route se pose la question de la sécurité. Dans cet article, je dresse une liste des risques qu’on encourt, selon leur importance, et propose quelques mesures et comportements de base susceptibles d’améliorer notre sécurité.

sécurité

Depuis que je roule à vélo, j’ai rencontré deux attitudes principales chez les cyclistes : les confiants (voire fatalistes ou même inconscients) et les méfiants, que je qualifierai plutôt de lucides. J’appartiens personnellement à la deuxième catégorie, car mes dizaines de milliers de kilomètres sur la route m’ont largement démontré ma vulnérabilité. Par ailleurs, de manière plus générale, nous ne serions pas à l’aube d’une catastrophe climatique et environnementale si l’on pouvait réellement faire confiance à nos semblables, notamment lorsqu’ils ont un volant entre les mains…

Les risques, par ordre d’importance

1. Le trafic

Personne ne s’étonnera que le trafic motorisé constitue le principal danger sur la route. L’aspect révoltant de ce constat réside dans le fait que les risques encourus par les adeptes de la mobilité douce ne sont la plupart du temps que le résultat de comportements irresponsables de la part des conducteurs, ainsi que de la banalisation, par les autorités comme les médias, de la violence routière, qui fait chaque année d’innombrables victimes.

Les comportements irresponsables dont il est question sont :

  • dépassement sans visibilité
  • dépassement sans distance de sécurité (1m50 minimum)
  • vitesse excessive

Dans le cas des dépassements sans visibilité, que va faire le conducteur si un véhicule survient en face ? Provoquer une collision frontale, plonger dans le ravin ou se rabattre à droite sur le cycliste ?

Les dépassements sans distance de sécurité sont également dangereux, car tout cycliste fait de temps à autre un écart involontaire/imprévisible, que ce soit en raison du vent, d’un obstacle sur la route (trou, pierre, verre, etc), d’une perte d’équilibre à très basse vitesse en montée, etc.

La fréquence de ces comportements varie bien évidemment selon les régions : en règle générale, les routes des pays du sud de l’Europe sont plus dangereuses. C’est le cas en particulier en Italie, en Galice et en Andalousie (Espagne), et dans le Gard (France). Attention également dans les pays très équipés en pistes cyclables comme l’Allemagne : ne roulez pas sur la route, où le trafic est rapide et où personne ne s’attend à voir des cyclistes. Par ailleurs, j’ai toujours constaté une augmentation des comportements dangereux à l’approche des zones urbaines ou plus densément peuplées – à la campagne, on connaît encore la valeur d’une vie humaine…

Cependant, une fois les risques clairement identifiés, plutôt que de ne plus sortir de chez soi ou d’abandonner son destin aux mains de la fatalité, on peut mettre en place quelques mesures préventives, telles que :

  • toujours privilégier les routes à faible trafic et les itinéraires cyclables, même si cela allonge la distance
  • installer un rétroviseur de bonne qualité (référence ici)
  • rouler au milieu de la chaussée lorsqu’on se trouve à l’intérieur du virage, afin que le trafic arrivant derrière nous voie de plus loin
  • rouler au milieu de la chaussée lorsqu’un véhicule arrive en face pour empêcher tout dépassement hasardeux (attention aux connards qui passeront quand même !)
  • porter un gilet fluorescent (outre de nous rendre plus visible, j’ai remarqué que cela induit des comportements plus respectueux chez les conducteurs)
  • ne jamais rouler avec des écouteurs lorsqu’il y a du trafic
  • toujours porter casque, lunettes et vêtements serrés (à grande vitesse, un insecte dans l’œil ou une abeille dans le short/la manche peuvent provoquer un accident).

L’objectif est ici clairement d’anticiper les dangers et d’adopter une attitude proactive. En attendant qu’un jour peut-être l’égoïsme absolu de ceux qui attribuent plus d’importance à 20 secondes de leur temps qu’à la vie d’autrui soit réellement et sévèrement sanctionné.

A ceux qui doutent de la réalité des risques évoqués ci-dessus et/ou de l’efficacité des mesures de prévention proposées, j’ajouterai que celles-ci m’ont sauvé la vie à au moins deux reprises : en Andalousie, lorsqu’une voiture arrivant derrière moi en dépassait une autre à l’approche d’un véhicule en sens inverse, et en Suède, lorsqu’un semi-remorque me dépassait dans un virage sans visibilité et qu’une voiture arriva soudain en face. Dans les deux cas, je surveillais mes arrières dans le rétroviseur et me suis jeté dans le fossé pour éviter l’accident. Les trois voitures sont passées comme si de rien n’était en Andalousie, quant au semi-remorque, il ne s’est même pas arrêté après son freinage d’urgence désespéré qui a laissé de longues traînées noires sur le bitume et un nuage de fumée au-dessus de la chaussée…

Pour aller un peu plus loin dans l’analyse des risques liés au trafic motorisé, mes observations sur la route m’ont à la longue enseigné qu’il existait une certaine corrélation entre le type de véhicule et le niveau de danger. En d’autres termes, lorsqu’on surveille ses arrières dans le rétroviseur, il convient de se méfier davantage de certains véhicules (classés ici dans l’ordre de dangerosité décroissante) :

  • véhicules de livraison / professionnels (pick-ups, fourgons, voitures, presque toujours de couleur blanche)
  • gros 4×4, particulièrement en milieu urbain ou périurbain, à égalité avec les motos sur les routes de montagne et les cols, au printemps et en été
  • poids lourds

Pour les deux premiers groupes, la dangerosité est liée au mode de conduite. Pour le troisième, elle découle plutôt de la taille des véhicules et du déplacement d’air qu’ils provoquent lors d’un dépassement – cramponnez-vous à votre guidon, voire arrêtez-vous préventivement sur le bas-côté, on vous remerciera souvent d’un bref coup de klaxon.

2. Les chiens

Je ne connais pas un-e cycliste qui n’ait eu affaire un jour ou l’autre à un ou plusieurs chiens agressifs. Il semble que ces animaux ne reconnaissent pas un être humain lorsqu’il roule à vélo et que ce déplacement rapide et silencieux les excite, les incitant à se lancer dans des courses-poursuites lorsqu’ils ne sont ni tenus en laisse ni enfermés dans leur propriété.

Le risque n’est pas négligeable dans la mesure où la mésaventure peut se terminer par une collision (avec l’animal ou un autre véhicule), une chute à haute vitesse, ou de vilaines morsures, notamment aux jambes.

Il convient donc de se protéger le plus efficacement possible contre les chiens agressifs.

La première solution est bien évidemment la fuite, mais elle ne peut être retenue que si l’on est en descente et par conséquent certain de rouler plus vite que le chien ne peut courir.

Dans les autres cas, il vaut mieux s’arrêter, descendre de vélo et continuer de marcher tranquillement en poussant le vélo. Parfois, cela suffira à calmer le chien, qui reconnaîtra un être humain et nous laissera passer. Si ce n’est pas le cas, il faut se mettre derrière son vélo et en user comme d’un bouclier protecteur face à l’animal – tactique hélas peu efficace s’il y a plusieurs chiens.

Si l’animal continue de se montrer agressif, il faut faire face – mais mieux vaut alors être équipé : pour ma part, j’ai toujours en voyage mon manche de hache en bois de hêtre, de 60 cm de long, saisissable avec la main droite même en roulant. A chaque fois, le ou les chiens ont reculé lorsque je l’ai brandi et je n’ai jamais eu à frapper – mais, même si la perspective ne m’enchante guère, je n’hésiterais pas un instant à le faire.

Certains préconisent d’ignorer les chiens agressifs et de continuer son chemin tranquillement sans descendre de vélo ni accélérer, une solution que je retiens volontiers, mais uniquement dans le cas d’animaux de petite taille et peu impressionnants.

Enfin, lorsqu’on approche de promeneurs accompagnés de leur chien, donner un coup de sonnette permet d’éviter des problèmes, surtout si l’animal n’est pas tenu en laisse.

Par contraste avec les risques liés au trafic motorisé, les rencontres avec des chiens agressifs ont plus souvent lieu en milieu rural, et en particulier dans les régions pastorales ou des chiens en liberté gardent les troupeaux. Prudence donc lors de randos VTT à travers les pâturages, mais également à l’approche des fermes isolées sur de toutes petites routes – là où, normalement, on aime tant rouler…

3. Autres risques

Les autres risques sont liés à l’état de la route (trous, affaissements, graviers) ou à la météo (pluie, neige, verglas) et sont de moindre gravité dans la mesure où une conduite adaptée et prudente, en particulier dans les descentes, permet généralement d’y faire face.

Attention quand même aux effets de la chaleur et du soleil lors des longues journées sur la route en plein été : la déshydratation et le coup de chaleur peuvent survenir rapidement chez certaines personnes plus sensibles, avec des conséquences parfois graves. Par conséquent, porter un casque ou une casquette pour protéger la tête du soleil, éventuellement se couvrir la nuque avec un tissu, emporter suffisamment d’eau (je transporte 1.5 litre en voyage), boire régulièrement et penser à remplir ses bidons à chaque occasion pour ne pas tomber en rade dans la brousse.

Finalement, n’oublions pas de mentionner le danger lié à la chasse, en automne, en particulier en France où, chaque année, une quinzaine de personnes sont tuées et plusieurs dizaines d’autres blessées. Portez toujours un gilet fluo lorsque vous roulez à proximité des meutes armées et faites autant de bruit que possible – vous sauverez ainsi également la vie de tous nos amis des bois, à poils ou à plumes.

Bon, que ces quelques mots ne découragent ou dissuadent personne de sortir rouler, que ce soit dans la montagne ou à travers le vaste monde, par les routes de campagne. Allez : en selle !

5 réflexions sur « La sécurité sur la route »

  1. L’agressivité des chiens errants est une réalité dans de nombreux pays.
    J’en ai fait l’expérience en 2022 au cours de cinq mois de voyage en Europe de l’Est et Turquie (occidentale).
    Par principe, je parle à tous les chiens que je croise, sans jamais crier. Si je perçois un peu d’agressivité, je m’arrête et me place derrière le vélo., tout en continuant à parler à l’animal.
    Ensuite, je roule en permanence avec une clochette accrochée par un fil sur mon guidon. Surprendre un animal peut entrainer pas mal d’agressivité et faire un de bruit en roulant est une méthode assez efficace, en particulier dans les villages. Souvent, les chiens se protègent du soleil en faisant la sieste sous les voitures.
    En dernier recours, j’utilise la méthode « orientale » :
    J’ai toujours à portée de main une pochette avec des cailloux. Si je suis sur un chemin empierré, je ramasse une pierre et arme le bras. huit fois sur dix, le chien bat en retraite. les locaux « dressent » les chiens errants à coup de caillasses. c’est barbare, mais visiblement cela fonctionne.
    Je n’ai eu qu’une seule fois à utiliser ces projectiles contre un chien particulièrement agressif (dans une vallée reculée de Bulgarie). Il a battu en retraite et cela m’a laissé suffisamment de temps pour quitter sa zone.
    En discutant avec d’autres voyageurs, on m’a fortement conseillé d’avoir en plus de ma réserve de caillasses, une bombe aérosol au poivre, qui pourra être utilisée le cas échéant lors d’une agression d’ours, présents dans les régions montagneuses.
    Je terminerai en vous disant que ma plus grosse frayeur est venue d’avoir été chargé par une laie sauvage (protégeant ses deux petits) dans la Strandja, magnifique et sauvage région bulgare. J’ai compris ce jour-là la présence de nombreux panneaux routiers de mise en garde contre ces énormes bestioles.
    Bonne continuation à toutes et tous.

    • Merci Guy pour toutes ces informations pertinentes.
      Je recommande également le spray au poivre, potentiellement utile contre toutes les agressions.
      Et me réjouis, après lecture de votre commentaire, de ne pas avoir cherché à m’approcher de ces jolis marcassins qui fouillaient sous les feuilles mortes en bordure de route cévenole déserte, la semaine passée. J’avais de la peine à obtenir des photos correctes depuis le bitume, à travers les broussailles et branchages, mais ne pouvais m’empêcher de penser que ces minuscules fouineurs rayés devaient bien avoir une maman quelque part. Contrairement à vous, je n’ai pas fait sa connaissance…
      Gare aux chars d’assaut de la forêt et bonne route, en toute sécurité!

  2. Bonjour, presque 7000km de voyage et j’adhère à tout ce qui est dit. Malheureusement, l’aggressivité canine a raison de mon courage et va me faire quitter la Géorgie et traverser les balkans en avion. J’aimerais toutefois essayer de finir sur mon destrier et me pose la question de ce problème en Slovénie et dans le nord de l’Italie. Si vous avez l’expérience de ces pays à vélo, faut il s’attendre à des attaques pluriquotidiennes et en meute comme ici, où s’agit il de cas isolés?

    Cordialement

    • Bonjour Pénélope, et merci pour votre message.
      Je ne suis jamais allé en Slovénie, mais j’ai parcouru le nord-ouest de l’Italie (Piémont, Lombardie, Toscane). Nous n’y avons rencontré aucun problème de sécurité dû aux chiens, par contre il y en a dans chaque propriété, même très modeste, et ils aboient tout le temps lorsqu’on passe à proximité… C’est absolument détestable.
      Attention par contre si vous allez en Sardaigne, car il y a des chiens de troupeau très agressifs et dangereux : Fabrice, qui avait fait la Francigena avec moi et roulait seul pour le retour, s’y est fait poursuivre longuement par deux molosses et n’a dû son salut qu’à sa performance, ainsi qu’au fait qu’il n’y avait pas de vraie montée là où il a dû fuir ces saloperies.
      Ceci dit, le trafic motorisé et les habitudes de conduite italiennes vous causeront plus de souci que les chiens, même si vous avez sans doute l’habitude de ce péril-là après 7000 km, donc préparez soigneusement votre itinéraire pour éviter les grands axes.
      Bonne fin de voyage – et si vous souhaitez éviter les désagréments dont il est question ici, visez le Nord : moins de monde, itinéraires cyclistes, pas (ou très peu) de chiens non surveillés !
      Meilleures salutations.

      • Bonjour, j’ai avec moi une petite bombe de gaz au poivre car paradoxalement, je cours avec mon chien et il attire ses congénères. Jamais eu à m’en servir. Mais efficacité garantie

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