De Genève à Calatayud (Aragón) par le Massif Central, la Vallée du Lot et les Pyrénées ; puis de Calatayud à Hendaye, par la Province de Soria, la Rioja, la Navarre et le Pays Basque, le tout en 25 jours (été 2012).
Description de l’itinéraire
Carte
Connexions avec d’autres routes
Données numériques
Liste des cols et montées
Références
Transports
Téléchargements
Les étapes marquantes en quelques mots et images
1. Le Massif Central (Ardèche, Haute-Loire, Lozère, Cantal, Aveyron)
3. Les Pyrénées (Pyrénées Atlantiques, Navarre, Aragón)
Un diaporama de photos prises lors de ce voyage peut être visionné ici.
1. Le Massif Central (Ardèche, Haute-Loire, Lozère, Cantal, Aveyron)
En quittant la vallée du Rhône en Ardèche du Nord, on s’élève d’un millier de mètres en 30 kilomètres et le changement dans l’environnement naturel est impressionnant : à l’aridité des Gorges de l’Ay succèdent les vergers du plateau du Haut-Vivarais, puis les forêts de pins et de châtaigniers, et enfin les sapins à partir de Lalouvesc. Un peu comme si l’on passait de la Provence au Canada.
L’itinéraire chemine ensuite sur la ligne de crête des monts d’Ardèche, qui matérialise la Ligne de Partage des Eaux entre le bassin du Rhône à l’est et celui de la Loire à l’ouest, jusqu’à Devesset (camping à proximité du lac et épicerie au village). Le contraste entre le relief ardéchois et celui de Haute-Loire est ici remarquable.
Les prés sont verts, l’air très frais le matin, les étendues vastes et, en direction du Velay, parsemées d’anciens volcans, les « sucs ».
Depuis Fay-sur-Lignon, nous voulions parcourir le versant occidental du massif du Mt Mézenc par la D274, mais un rayon cassé sur le vélo de Fabrice nous a contraints à nous dérouter vers Le Puy-en-Velay pour effectuer la réparation. Nous avons donc « plongé » vers la Loire.
A Brives-Charensac débute une Voie Verte conduisant jusqu’à Solignac-sur-Loire, 15 km en amont. Construite sur le tracé d’une ancienne voie ferrée, elle devrait être prochainement étendue vers le sud, en direction de Langogne. Avoir un éclairage prêt pour le cas où les lumières s’éteindraient lors du passage d’un des cinq tunnels – le plus long mesure 1300 mètres !
La montée en direction du Lac du Bouchet offre une vue magnifique, à l’est, sur le massif du Mézenc et le cours supérieur de la Loire. A 1205 mètres d’altitude, les eaux transparentes de ce lac d’origine volcanique rafraîchiront les cyclistes transpirants …
Tout aussi rafraîchissante, la longue descente jusqu’au bord de l’Allier, au Nouveau-Monde – c’est le nom du village ! A partir de ce point, la route suit la rivière Chapeauroux jusqu’au col du Cheval Mort (1454 m). Il s’agit d’un tronçon fascinant dans une région très peu peuplée, complètement à l’écart des itinéraires touristiques : la Margeride.
Au col du Cheval Mort, on aperçoit dans le lointain le prochain massif à franchir : l’Aubrac. Ce sera le dernier avant les Pyrénées. Sur ce plateau dénudé, on fait le plein de silence et de grands espaces avant le grand plongeon vers la Vallée du Lot. Au bourg de Nasbinals, on croise le Chemin de St-Jacques de Compostelle (GR65).
2. La vallée du Lot
Depuis le col de la Matte, une longue descente de plus de 1000 mètres (et quelques courtes remontées) conduit à Entraygues, à la confluence de la Truyère et du Lot.
Désormais, on suivra le Lot jusqu’à la Garonne, soit sur environ 285 km. La plupart du temps, on chemine au bord du fleuve sur des routes peu fréquentées. Dans les départements du Lot et du Lot-et-Garonne, il existe une véloroute, mais les nombreux détours qu’elle impose ne sont pas toujours justifiés. L’arrivée sur Figeac est délicate, sur une route sinueuse à fort trafic où circulent de nombreux poids lourds.
Attention : à Penne-d’Agenais, ne pas s’engager sur la D661 (rive gauche du Lot), c’est une route étroite et dangereuse. Prendre la D911 sur la rive droite, ou les petites routes secondaires plus au Nord.
Au village de St-Cirq-Lapopie, on retrouve les foules de touristes, mais les kilomètres qui suivent à travers les chênes sur le causse valent le détour (et la montée !).
Après les vignobles de Cahors, on traverse encore quelques beaux villages nichés dans les méandres du Lot, jusqu’à Touzac.
Il ne reste ensuite qu’à enchaîner des kilomètres moins passionnants jusqu’à la Garonne…
3. Les Pyrénées (Pyrénées Atlantiques, Navarre, Aragón)
Au-delà de la Garonne, on doit encore parcourir environ 200 km monotones pour arriver aux Pyrénées – rien de plus lassant qu’une route toute droite à travers des forêts de pins non naturelles ou des champs interminables de maïs irrigué ! Dans les plaines asservies d’Aquitaine, on regrette les immensités naturelles du Massif Central et on a tout loisir de se réjouir de l’apparition du « mur » pyrénéen.
C’est donc après la traversée du Gave de Pau, à Puyoô, qu’on attaque les premières collines. La magnifique montée au Col des Palombières, à seulement 337 mètres d’altitude, donne le ton pour ce qui est de la pente avec des passages à 15-16 %. Les choses sérieuses ne débutent toutefois qu’à Saint-Jean-Pied-de-Port, carrefour où se croisent pèlerins en route vers Compostelle et hordes de touristes motorisés.
La montée est très raide dès le début et suit le tracé du Chemin de St-Jacques jusqu’au pied du col de Bentarte, où les pèlerins s’engagent sur un sentier pédestre. A vélo, on poursuit à flanc de montagne jusqu’au col d’Azpegi, déjà en Espagne.
La route est goudronnée tout le long et très peu fréquentée par les voitures, mais le parcours n’est pas balisé, en particulier au-delà de la séparation avec le Chemin de St-Jacques. Je déconseille donc de s’y engager par brouillard ou mauvais temps. L’autre option consiste à prendre la D933 en direction du col d’Ibañeta et Roncevaux/Roncesvalles (voir cet itinéraire).
Avec le soleil, le panorama est grandiose – et la température parfois suffocante !
Au passage du col, on quitte les pentes herbeuses du versant français pour s’engager dans l’ombre salutaire des hêtres de la forêt d’Iraty – la plus grande hêtraie d’Europe. En aval d’Orbaitzeta, on remonte le Rio Iraty jusqu’au lac artificiel d’Irabia, qu’on contourne sur une piste pierreuse assez rude pour les vélos chargés. A l’autre bout du lac, on retrouve le goudron pour monter au col de Tapla, dernière difficulté de cette longue étape. La région est peu peuplée et malgré tout sillonnée par de nombreuses pistes : attention à ne pas se perdre. Une carte détaillée est disponible gratuitement au poste de contrôle situé sur la route menant au lac d’Irabia.
A partir d’Ochagavia, notre route longe les Pyrénées vers l’est, à travers de magnifiques forêts de pins et une succession de petits cols conduisant dans des vallées isolées. Les quelques villages que l’on traverse sont pittoresques et l’on y trouve la plupart du temps de la nourriture, de l’eau, voire un camping ou une auberge.
Entre la ville de Jaca et Fiscal, on fait nos premiers kilomètres sur des routes nationales peu fréquentées – une spécificité espagnole bien appréciable. Le tunnel de 2600 mètres au sommet de la montée est relativement étroit et ne permet pas aux automobilistes de dépasser, mais grâce à la pente descendante en direction de Fiscal on atteint facilement 40-45 km/h, ce qui évite de trop ralentir le trafic.
Notre parcours à travers le piémont pyrénéen se termine dans la vallée du Rio Ara. Les nombreux villages abandonnés de part et d’autre de la route, en aval de Ligüerre de Ara, sont le résultat d’un projet de barrage hydroélectrique qui n’a finalement pas été réalisé.
Juste avant d’arriver à Boltaña, chef-lieu de la vallée de l’Ara, on passe par le superbe défilé rocheux de Jánovas, au fond duquel les eaux claires de la rivière invitent à la baignade.
Pour rejoindre Huesca et la vallée de l’Ebre, il faut encore traverser un massif montagneux très sauvage, la Sierra de Guara. Le trajet entre Ainsa et Colungo, sur une petite route peu fréquentée bordée de forêts de pins et de chênes verts, est magnifique. Les deux cols à franchir sont modestes (860 m et 810 m) et on passe à proximité immédiate d’un cañon impressionnant.
4. Le « désert » (Aragón, Castille)
Quelques degrés supplémentaires et un bon vent contraire saluent notre arrivée dans la plaine, au sortir de la Sierra de Guara. On roulera désormais dans des régions arides jusqu’aux portes de la Rioja. Les arbres deviennent rares, les herbes sont brûlées par le soleil, la plupart des rios à sec, le minéral omniprésent. De tous les paysages d’Europe, c’est pour moi celui qui évoque le plus le milieu désertique et on le retrouve dans plusieurs autres régions du centre de l’Espagne (Castille-León, La Mancha, Extrémadure).
De Huesca à Zaragoza, puis jusqu’à Longares, on roule sur la N-330, une route toute droite et pratiquement déserte ! Il faut passer sur la rive gauche du Rio Gállego avant Villanueva de Gállego, sinon l’arrivée à Zaragoza est compliquée (autoroute uniquement).
A Longares, on quitte la N-330 en direction d’Alfamén et de ses grandes étendues de vergers irrigués. Les villages traversés sont tristes, conséquence probable d’une agriculture industrielle dont la nombreuse main d’œuvre immigrée survit dans des conditions misérables. Ça ne donne pas envie de manger des pêches…
Attention : la route nationale qui apparaissait sur ma carte Michelin entre La Almunia de Doña Godina et Morata de Jalón est définitivement coupée en raison de la construction d’un barrage sur le Rio Grío. Il n’y a donc que l’autovia, sur laquelle le trafic est important et qui monte sérieusement jusqu’au col de La Perdiz – option que je déconseille fortement, car elle est dangereuse. L’alternative serait de faire le détour par Cariñena, de franchir le Puerto de Aguarón sur la route A1504, puis de rejoindre la vallée du Rio Jalón par l’une des 3 routes : A2302 (Morata), A1505 (Saviñan) ou A1504 (Calatayud). Je n’ai pas testé ces parcours puisque, bloqué à La Almunia, j’ai eu la chance d’être transporté sur l’autoroute jusqu’à Morata dans une voiture de la Guardia Civil.
Entre Morata de Jalón et Calatayud, notre route suit la vallée du Rio Jalón. C’est une étape fascinante dans un paysage minéral quasi lunaire, où les ruines de hameaux abandonnés alternent avec de petits villages isolés et silencieux sous le soleil de plomb.
Certains tronçons traversent des défilés rocheux dramatiques, et l’on se réjouit, à la sortie, de n’avoir pas reçu un morceau de montagne sur la tête.
A l’approche de Calatayud, la vallée s’élargit et les plantations d’oliviers réapparaissent, dans un décor qui reste très aride.
Au-delà de Calatayud, on retrouve la route nationale pour Madrid (N-IIa), heureusement toujours aussi peu fréquentée.
On continue de remonter le cours du Rio Jalón, mais la vallée est nettement plus évasée. A Alhama de Aragón, on débouche sur le plateau de Castille, qui s’étend jusqu’à Burgos, Salamanca et León – ça laisse de la place pour ceux qui ont envie d’avaler des kilomètres sous le soleil !
Attention : après Contamina, la route nationale conduit sur l’autoroute. Il faut donc la quitter à l’entrée du village et rejoindre ensuite le chemin de grande randonnée « Camino del Cid » (Chemin du Cid) : prendre la première piste à gauche après le village, puis traverser le Rio Jalón et la voie de chemin de fer.
Durant ces quelques kilomètres sur des pistes poussiéreuses, j’avais l’impression de rouler bien loin de l’Europe – peut-être en Afghanistan, en Iran, ou encore en Algérie…
Au bout de la piste, la petite ville de Cetina constitue le point le plus éloigné de ce voyage. A partir de là, l’itinéraire vire plein Nord et l’on se rapproche de notre point de départ.
Quittant la route de Madrid, on remonte la vallée du Rio Henar, marge orientale du plateau de Castille. Vers l’ouest, le regard se perd dans l’or des champs de céréales moissonnés, jusqu’à l’horizon. A l’est s’élèvent les collines dénudées de la Sierra del Caballero, puis de la Sierra de Miñana. Entre Embid de Ariza et Cihuela, à la faveur d’un beau défilé rocheux, on quitte l’Aragón pour la Castille (Castilla y León, province de Soria).
La montée est continue mais douce, le trafic inexistant. On a tout le temps d’admirer les innombrables champs de blé aménagés dans les moindres recoins susceptibles d’avoir retenu quelques centimètres de terre végétale.
On roule sur la SO-350 jusqu’à Gómara, puis on continue sur des petites routes via Paredesroyas, Aldealafuente et Alconaba, jusqu’à Soria. C’est ici que se termine notre virée dans le « désert » espagnol.
5. La Rioja et le Pays Basque
Trouver des routes secondaires vers le Nord à partir de Soria se révèle compliqué, ou implique de longs détours. On prend donc à nouveau une route nationale large et toute droite, la N-111, sur laquelle le trafic est modéré.
Au-delà de La Póveda de Soria, la route devient sinueuse et il n’y a plus de bande d’arrêt d’urgence pendant quelques kilomètres : faire très attention aux camions ! Au pied du col, la totalité du trafic emprunte le tunnel et l’on retrouve une route large et silencieuse pour la montée.
A 1710 mètres, le Puerto de Piqueras constitue le point culminant du voyage – et la porte d’entrée dans la province de La Rioja.
Après une descente rapide, on quitte la N-111 et le trafic pour remonter au col de Sancho Leza. La route LR-250 est déserte, mais hélas très dégradée et inconfortable. La vallée du Rio Leza se termine en cañon impressionnant, où tournoient de nombreux grands rapaces.
L’arrivée à Logroño est assez chaotique et il faut redoubler de prudence sur les voies à grand trafic de la banlieue.
En quittant la capitale de La Rioja, on entre rapidement au Pays Basque (Province d’Alava). A Onion, notre route longe les entrepôts de la Bodega Faustino, bien connue des amateurs de vin. On traversera d’ailleurs peu après une petite section du vignoble de la Rioja Alavesa. La route commence à monter vers le Puerto de Bernedo et les vignes sont remplacées par des champs de céréales aux formes arrondies. La petite chaîne de montagnes qui nous fait face, avec ses parois rocheuses, culmine à 1430 m et appartient à la vaste Cordillère Cantabrique.
2 kilomètres avant Meano, on entre dans la Province de Navarre, mais on fera encore, un peu plus loin, quelques kilomètres en Alava, car la « frontière » zigzague autour de la sierra. Les crêtes sont ici souvent couvertes d’éoliennes.
À Santa Cruz de Campezo, on peut prendre la « Vía Verde del Ferrocarril Vasco Navarro », une voie verte aménagée sur le tracé de l’ancienne voie ferrée Estella-Vitoria, abandonnée en 1967. Je l’ai pour ma part rejointe à Zuñiga et suivie jusqu’à Acedo, traversant ainsi hors du trafic le défilé sauvage d’Arquijas. Le revêtement de terre battue est excellent et le parcours tout à fait intéressant.
Outre le paysage boisé, on franchit un viaduc à 9 arches haut d’une trentaine de mètres et, surtout, le tunnel d’Arquijas, long de plus de 1400 mètres. La traversée du tunnel représente une véritable aventure en soi.
D’abord, on quitte l’extérieur éblouissant pour l’obscurité et la fraîcheur. Ensuite, le système d’éclairage fonctionne à l’énergie solaire et grâce à des détecteurs de mouvement qui déclenchent l’allumage des tubes, pour quelques minutes, au fur et à mesure que l’on progresse. Devant, au-delà de la petite cinquantaine de mètres éclairés, c’est tout noir, derrière, idem. Parfois, certaines lumières ne s’allument pas et il faut progresser dans la pénombre. Dès que l’on s’est éloigné de l’entrée, les bords du tunnel restent toujours très sombres et la vitesse de progression est lente, de sorte que l’on ne voit pas vraiment grandir tout au fond la tache claire de la sortie – la photo ne rend pas cette impression, car elle est prise à l’entrée de l’ouvrage. Il n’y avait absolument personne lorsque j’ai passé ce tunnel et, en tant que demi-claustrophobe, je me souviens d’une expérience assez angoissante…
Une vidéo postée en 2013 sur YouTube illustre le parcours entre Maeztu (Alava) et Acedo (Navarre) et le site viasverdes.com met à disposition un guide pdf. Un résumé en français peut être consulté ici.
À Acedo, il faut obligatoirement retourner sur la route quelques centaines de mètres, et j’y suis resté jusqu’à Estella, bien que la voie verte soit aménagée jusqu’à Murieta. Attention au trafic sur certaines sections entre Murieta et Estella.
À Estella (ou Lizarra, en langue basque), on rejoint le Chemin de St-Jacques. Jusqu’à Pampelune, on croisera donc de nombreux pèlerins, mais on ne pourra pas profiter de leurs hébergements avantageux, car cheminant à rebours on n’a pas dans les bagages la précieuse « Credencial del Pellegrino »… Pas cool.
Ayant déjà parcouru la région, dans l’autre sens, en 2005 et 2009, je savais que je pouvais emprunter sans crainte l’ancienne route nationale NA-1110, car tout le trafic est sur l’autoroute (Autovia Camino de Santiago, A-12) qu’on longe malheureusement la plupart du temps. J’ai de bons souvenirs des villages de Cirauqui et Mañeru, et ai apprécié d’y repasser. Un peu plus loin, Puente la Reina est une très belle étape sur le Chemin de Compostelle et j’y ai donc dormi, mais au camping, pas au refuge pour pèlerins.
Suivent des kilomètres en droite ligne sur une route déserte – magie de l’Espagne ! Le franchissement de la Sierra del Perdón (env. 700 m) donne l’occasion d’apprécier à sa juste valeur la température de la Navarre. Fort heureusement, sur ce tronçon on n’est pas près de l’autoroute, car elle traverse le relief dans un tunnel. Dans la descente, on profite d’un beau panorama sur les environs ruraux de la capitale navarraise.
Comme partout ailleurs en Espagne, l’approche de la ville est délicate en raison du trafic et de l’absence d’itinéraire cyclables – il semble qu’il n’y ait que des autoroutes ! Toutefois, on peut ici tenter de prendre à l’envers l’itinéraire des pèlerins, qui traverse d’abord un campus. Comme on va dans le « mauvais sens », ce n’est pas facile de suivre la signalisation, mais avec pas mal de patience (et quelques découragements passagers), on finit par arriver au centre ville.
Près de la gare, je me suis engagé sur la grande route à destination du Pays Basque, la Avenida de Guipuzcoa. Il y a du trafic, mais on peut par moments circuler sur une voie latérale à l’écart (commerces, parkings). Tout cela est bien moche, mais on va rapidement sortir de la ville. À un rond-point près d’Aizoáin, on prend à doite la route NA-4100 en direction de Marcaláin. Il n’y a pas beaucoup de trafic sur cette route traversant des régions de plus en plus boisées et verdoyantes, et le contraste est saisissant avec le jaune aride des champs de céréales omniprésents qui caractérise la Navarre depuis que l’on a quitté La Rioja.
À partir d’Orokieta, la route NA-4114 monte à travers des forêts de hêtres et de chênes, et on n’y croise plus personne. On franchit finalement le col de Gorostieta (830 mètres), par où transite également un itinéraire de randonnée pédestre, le GR12 (« Sendero de Euskal Herria ») – mais il n’y a rien d’autre que la nature là-haut.
De l’autre côté, on plonge sur une vallée toute verte où les nuages traînent et l’on a de la peine à se croire encore en Espagne. Le premier village que l’on rencontre est Saldias, puis on en traverse quelques autres sur la petite route NA-4040 qui virevolte sur le flanc des collines, montant et descendant sans arrêt. « Z » omniprésents dans les noms des lieux, pas de doute, on est bien en terre basque !
À Santesteban/Doneztebe, on peut dormir au sympathique Hostal Ameztia, qui héberge par ailleurs un « centre VTT ». On vous y renseignera sur la voie verte qui conduit en toute sécurité jusqu’à Behobia, à la frontière française : la « Via Verde del Bidasoa », du nom de la rivière que l’on va suivre durant près de 35 km – un parcours facile, malgré quelques sections non goudronnées un peu plus rudes. L’environnement est vert et végétal, transpirant l’humidité – je me souviens avoir pensé aux ambiances de mousson indienne sur ce trajet. La fiche pdf publiée par le site viasverdes.com peut être téléchargée ici.
L’arrivée dans la région urbaine de Irun-Hendaye est assez chaotique et nous ramène de façon brutale à certains des aspects parmi les plus détestables du XXIe siècle : le trafic, les panneaux de pub, les zones commerciales et bien sûr la horde des touristes…
Comme il était encore tôt après avoir planté la tente dans une usine pour vacanciers (la moins pire et hors de prix que j’aie dénichée), j’ai décidé d’aller parcourir la route de la « Corniche Basque » (D912), qui était surlignée de vert sur ma carte Michelin. Quelle connerie ! Non seulement, il n’y a rien de particulier à voir (sinon l’océan, mais il y a beaucoup d’endroits peinards où on peut le contempler), mais en plus il faut affronter le trafic incessant des touristes motorisés – un véritable enfer. Cyclistes : n’allez pas vous emmerder sur cette route, et fuyez au plus vite la côte Basque française. Si vous aimez l’océan, allez en Bretagne (mais pas en juillet-août) ou mieux, en Écosse, en Irlande, au Danemark, en Norvège ! Là-bas, il a vraiment de la gueule et en plus, on a la paix.
Que cette arrivée peu appréciée ne jette pas sur ce voyage une ombre d’insatisfaction : tout m’a plu – sauf la morne traversée de l’Aquitaine et les dernières heures (de nouveau en Aquitaine…). Si vous disposez d’un budget modeste, êtes en quête d’authenticité, de nature vaste et de routes désertes, filez donc à vélo dans le Massif Central, ou en Espagne du Nord et du centre, vous ne le regretterez pas !
T’es rapide ! c’est super, faudra que tu m’explique comment mettre les étapes sur la carte !
Bon août à la montagne, l’ami !