Magnifique rando d’un jour et demi autour du massif des Diablerets (3210 m), traversant trois cantons : Valais, Berne et Vaud. Peut être parcourue dans les deux sens, mais le départ à Sion est recommandé pour ceux qui n’aiment pas les longues descentes raides sur route étroite (col du Sanetsch). Par ailleurs, du côté vaudois, il y a du trafic sur la route de Villars, ce qui est plus détestable en montée qu’à la descente. Avec un vélo de route, il faudra redescendre d’Aven jusqu’à Erde pour prendre la route du Sanetsch et éviter les sections non goudronnées des Mayens de Conthey (route du Som des Ceyves et sentier du Bisse de la Tsandra). Liaisons en téléphérique et train, ou retour facile au départ en suivant la Route du Rhône (Suisse à vélo 1). Août 2016.
Les photos de cet article peuvent être visionnées en diaporama sur Piwigo.
A la gare de Sion, on suit le balisage cycliste pour Châteauneuf, puis on longe la voie de chemin de fer sur l’avenue Maurice-Troillet jusqu’au pont sur la Morge, où l’on prend à droite pour remonter le cours d’eau. Après avoir traversé la route cantonale, on poursuit vers l’amont sur la rive gauche de la Morge.
Il y a quelques commerces dans le centre du bourg de Conthey et on en trouvera encore à Erde, mais plus ensuite jusqu’à Gsteig – sauf des cafés-restaurants.
A la sortie du village, prendre à droite la petite route qui monte à travers le vignoble (Route du Bourg). Il y aura quelques sérieux pourcentages jusqu’à Erde, récompensés par la belle vue et la tranquillité de ces chemins agricoles par rapport à la route principale. Si vous appréciez l’ombre et la fraîcheur, partez de nuit ou allez ailleurs : j’ai eu 42 degrés en matinée sur ce versant (au soleil, bien sûr)…
On rejoint la route à Erde, mais il y a désormais peu de trafic et on atteint rapidement Aven, dernier village avant Derborence – et dernière fontaine d’eau potable, faites le plein d’eau fraîche ! Au-dessus d’Aven, la pente s’accentue à nouveau jusqu’à la chapelle St-Bernard, où la route fait un coude à 90 degrés pour filer dans la vallée de la Lizerne. C’est à cet endroit que la route est fermée par une barrière entre novembre et mai. S’il n’y a pas de neige, comme au début de l’hiver 2016, on peut néanmoins s’y aventurer à pied ou à vélo, mais à ses risques et périls : le goudron est jonché de pierres tombées de la paroi…
Oui, parcourir la route de Derborence, quelle que soit la saison, est une véritable aventure, tant le versant qu’elle parcourt est abrupt, instable et la vallée profonde, vertigineuse. Après un gros kilomètre bien tranquille sous la hêtraie, agrémenté de panoramas vers l’amont depuis certains virages, on aborde les choses sérieuses juste après Maduc (un chalet).
A vélo, on a la chance de pouvoir s’arrêter partout ou presque, et donc il faut en profiter avant d’entrer dans la première série de tunnels, pour jeter un coup d’œil au fond du ravin où coule la Lizerne : la paroi est presque verticale !
Les tunnels ne sont pas éclairés, mais la lumière du jour provient d’un certain nombre de « fenêtres » percées dans la roche. Je conseille toutefois d’allumer ses lumières à diode durant la traversée, afin d’être bien visible pour les autres usagers de la route.
Il y a une deuxième série de tunnels un peu plus loin, à l’issue de laquelle on circule encore quelques centaines de mètres sous un versant exposé aux chutes de pierres avant d’atteindre les chalets de Courtenaz et ensuite le joli hameau de Motelon, au bas de l’éboulement historique.
Cette double catastrophe, survenue en 1714 et 1749 lorsque des pans entiers de la paroi des Diablerets s’effondrèrent, causant la mort de quinze de personnes, contribue à l’atmosphère dramatique de ce grandiose cirque rocheux. Depuis, les pins ont lentement reconquis le chaos minéral des 50 millions de mètres cubes de roches déposées dans la vallée de Derborence et l’amont de celle de la Lizerne. La route serpente à travers cet environnement unique et préservé.
Quelques pistes caillouteuses s’en écartent de part et d’autre, conduisant à des chalets construits au bord de petits lacs aux eaux limpides – mais c’est à pied qu’il faut parcourir l’éboulement, car les sentiers sont impraticables à vélo.
Tout en haut, au bout de la route, on parvient au lac de Derborence qui a été créé lors du barrage des eaux de la Derbonne par l’éboulement de 1749. C’est de là que partent les sentiers vers Ovronnaz, par la vallée de la Derbonne et le col de la Forclaz, et vers Solalex (VD), par le Pas de Cheville. Ouvrez grands les yeux : le gypaète survole ces régions sauvages et silencieuses !
Ceux qui veulent en savoir plus sur Derborence, son histoire, sa géologie, sa faune, sa flore, etc, consulteront le site suivant : www.derborence.ch
Pour ma part, après plusieurs visites, toujours à pied ou à vélo, je ne me lasse pas d’y retourner et ai testé la plupart des voies d’accès : Pas de Cheville, Col de la Forclaz, chemin de la rive droite de la vallée de la Lizerne depuis Ardon et route depuis Aven.
Si vous quittez Derborence dans l’après-midi, alors que la vallée de la Lizerne est surchauffée par les rayons du soleil perpendiculaires à la paroi, vous apprécierez la fraîcheur qui règne dans les tunnels…
De retour à Aven, on prend dans le village la route qui monte vers Le Praly, puis le Som des Ceives (ou Ceyves). Au-delà du réservoir d’eau, on continue sur une piste forestière parfois raide – jusqu’à 12-13 %. A la sortie de la forêt, on rejoint les premiers chalets, puis la route des Mayens de Conthey, sur laquelle on monte environ un kilomètre jusqu’au chemin du Bisse de la Tsandra. Ce joli sentier pédestre (accorder la priorité aux piétons) nous permet de rejoindre la route du Sanetsch sans devoir redescendre jusqu’à Daillon. Il est roulant la plupart du temps, mais il faudra pousser le vélo sur une section de quelques centaines de mètres où le sentier chemine sur un empierrement étroit entre Bisse et ravin – aucun danger toutefois.
Après les Mayens de My et un tronçon encombré de racines, on atteint la route du Sanetsch juste au-dessus de Plan-Cernet. C’est parti pour 900 mètres d’une solide ascension !
Au-delà de l’Auberge de Tsanfleuron, la montée se poursuit sur la rive gauche de la Morge et la pente s’accentue. Les plus forts pourcentages se situent dans les lacets proches de Visse : jusqu’à 15, voire 16 % ! Mais la vue est magnifique tout le long et on peut s’arrêter où on veut pour reprendre son souffle, car il n’y a pratiquement pas de trafic – la route se terminant en cul-de-sac au barrage.
Après un premier court tunnel, on arrive à Dorbagnon, le plus haut hameau sur la route du Sanetsch. On aperçoit au loin le glacier de Tsanfleuron, ou ce qu’il en reste, et ses fameux lapiaz.
Vient ensuite la partie la plus exposée du col, les falaises instables situées sous le Sublage (2735 m), que l’on traverse dans un tunnel long d’environ 800 mètres. L’éclairage est assuré par un système à détecteur de mouvement alimenté par des panneaux solaires – les lumières s’allument dès que l’on pénètre dans la galerie – et par quelques « fenêtres » percées dans la roche, comme sur la route de Derborence. Par endroits, de l’eau ruisselle du plafond, mais elle est déviée sur les bords par des panneaux de protection et l’on passe donc au sec.
Peu après la sortie du tunnel, on passe à côté de l’Hôtel du Sanetsch avant d’attaquer la dernière partie de la montée : il reste alors 200 mètres de dénivelé, durant lesquels on a une belle vue sur les lapiaz de Tsanfleuron et, de l’autre côté, sur les reliefs dénudés conduisant à l’Arête de l’Arpille.
Au col (2252 m), on retrouve le fameux panneau jaune des randonnées pédestres et alpines : ça part dans toutes les directions.
On se trouve ici sur la ligne de partage des eaux entre les bassins du Rhône et du Rhin : la Sarine, qui prend sa source à 1.5 km, coule vers l’Aar et le Rhin, tandis que le Lachon, qui naît à peine plus loin sur le lapiaz de Tsanfleuron, file vers la Morge, puis le Rhône. Du coup, on s’étonne que la frontière cantonale entre le Valais et Berne ne passe pas au col du Sanetsch, mais quelques kilomètres au nord, en-dessous du barrage de Sénin. La route qui y conduit tout en douceur (et en descente !) traverse un paysage assez minéral et offre un beau panorama sur le lac de Sénin (ou du Sanetsch), entouré de montagnes.
A vélo, on peut passer sur le barrage pour éviter d’avoir à remonter jusqu’à l’auberge. Ma carte cycliste indique en pointillé la possibilité de descendre à pied jusqu’à Gsteig par un sentier, mais un rapide coup d’œil sur la topographie suffit à nous en dissuader : les pentes sont raides, très raides ! Sans chercher davantage, je me suis donc engouffré dans le téléphérique à la suite de deux cyclistes britanniques. L’installation est pilotée depuis la station inférieure, il n’y a donc personne en haut, juste un interphone à l’entrée et sans doute une caméra dans la cabine. Quatre crochets à l’extérieur permettent d’accrocher les vélos – autant s’assurer que la roue de suspension est bien serrée !!! Voir sous « Références » ci-dessous un lien vers des photos de ce téléphérique assez vertigineux.
Comme je n’aime pas (du tout) être suspendu à un câble au-dessus du vide, j’ai fait la descente assis sur le sol de la cabine, regard tourné vers l’amont, sans bouger un sourcil… Le passage de certains pylônes provoque quelques secousses désagréables, et c’est sans doute la raison pour laquelle la vitesse est réduite à l’approche de ces ouvrages. N’empêche : on regarde avec une certaine appréhension les vélos qui se balancent à leur crochet…
On paie la course à la sortie de la station inférieure, petite réduction pour les titulaires de l’abonnement demi-tarif des CFF. Ah oui : auf Deutsch, bitte ! Gibt es Trinkwasser hier ? Oui, toilettes et eau potable à l’arrière du bâtiment.
En quelques minutes de descente, on est passé d’un monde à un autre – des Alpes à une jolie vallée préalpine parsemée de ces (anciennes) fermes bernoises magnifiques. Tant de différences sur un si petit territoire, c’est la magie de la Suisse !
La montée au col du Pillon, d’abord à travers de beaux pâturages, est très facile : pente et trafic modérés tout le long. Juste avant de quitter, déjà, le canton de Berne, on passe à côté de l’une de ces hideuses grosses stations de téléphérique conduisant les foules motorisées au glacier des Diablerets – et défigurant la montagne. Il y en aura d’ailleurs une autre au col du Pillon, plus grosse encore, avec devant un grand parking plein de bagnoles et de cars. Quel contraste, après le calme du Sanetsch – foutons le camp rapidement !
Descente rapide jusqu’au village, enfin, plutôt la station des Diablerets. Plus de trafic de ce côté-ci, me semble-t-il, et bien sûr quelques frimeurs en bagnole de luxe (parce qu’on ne peut pas parler de sport) qui font des ronds dans la montagne avant de retourner parmi les leurs, à Gstaad.
Mais ne boudons pas notre plaisir : une bonne bière sur une terrasse des Diablerets pour se mettre en condition avant d’affronter l’ultime ascension du parcours, le col de la Croix : 650 mètres de dénivelé, autant que la montée du Salève par la Croisette. Fort heureusement, cette route est moins raide et très tranquille, la majorité du trafic empruntant celle qui descend directement vers Aigle, via Le Sépey. Durant la montée, on a tout loisir d’observer les parois rocheuses des Diablerets, aussi impressionnantes de ce côté qu’à Derborence.
Au col de la Croix, il y a une petite buvette fort sympathique où l’on pourra accorder du répit à un postérieur forcément quelque peu sollicité au terme d’une telle journée. Et tant pis s’ils n’ont que des bières sans alcool – ou tant mieux, si l’on considère la fatigue ainsi que la longue descente qui nous attend jusqu’à Bex.
Descente qui commence de belle façon, en tout cas pour les 8 premiers kilomètres jusqu’à Villars : larges courbes, bon revêtement, peu de trafic. La pente est toutefois assez prononcée au début, variant entre 7 et 10 %. Le plaisir n’est malheureusement que de courte durée, car Villars est une de ces villes à la montagne, vendue au tourisme, moche et détestable. Ensuite, il y a du trafic sur la route et parfois les rails du train traversent en biais la chaussée, sans aucun avertissement ou signalisation – ATTENTION !
Bien sûr, là où le bétonnage n’a pas encore sévi, l’environnement est intéressant et une exposition au sud-ouest lui garantit un bon ensoleillement, mais les contraintes de la conduite sur une route à trafic important nous empêchent d’en profiter pleinement. Juste avant d’arriver à Bex, on traverse une petite portion du vignoble chablaisien.
Les puristes peuvent boucler la boucle en remontant sur Derborence depuis Barboleusaz (Gryon) et en franchissant le Pas de Cheville – mais il faudra pousser le vélo, à la montée comme dans certains passages rocheux à la descente. Les autres pourront facilement retourner à Sion par la Route du Rhône (Suisse à vélo 1), qu’on rejoindra en suivant l’itinéraire 59 de Bex à Massongex, sur l’autre rive du Rhône. Enfin, ceux qui connaissent la Route du Rhône par cœur sauteront dans le train.
C’est un superbe itinéraire, mais vous aurez compris que les amateurs d’authenticité et de tranquillité préféreront la partie valaisanne. D’ailleurs, réjouissons-nous : c’est la plus longue !
Super parcours et oui magnifique récit qui donne envie de prendre son vélo pour découvrir une partie du parcours et redécouvrir le reste du parcours. En effet la montée du Sanetch et la boucle depuis Gsteig pour rejoindre Aigle par le col du Pillon avant de descendre par la route du col des Mosses je l’ai fait l’année passée. Par contre votre récit m’enchante pour découvrir Derborance et cette vallée de la Lizerne avant de revivre la montée du Sanetch qu’on ne peut s’en lasser. J’espère que cette fois j’aurais les jambes pour finir le parcours par le col de La Croix. (A moins que je me décide de faire cette magnifique balade en 2 jours)
Étant en vélo de route je ferais malheureusement un petit défaut sur votre description, je resterais en effet sur la route depuis Erde et ne découvrirais pas le chemin du Bisse de la Tsandra.
Par contre oui cette fois je prendrais le train depuis Aigle pour Sion pour éviter de pédaler le long du Rhône (parcours que je connais déjà bien) mais surtout pour limiter les km à votre histoire.
Reste à me sentir en pleine forme et d’avoir une splendide journée ensoleillée pour donner vie à votre magnifique histoire; riche de description et info. Merci et belle saison à vélo
Merci à vous ! Si vous aimez les routes de montagne impressionnantes, vous adorerez la montée vers Derborence. Le trajet entier est long pour une journée, à moins d’être bien entraîné. J’ai moi-même effectué ce parcours sur 2 jours : Sion-Derborence-Mayens de Conthey le 1er jour, puis Mayens de Conthey-Bex le 2e jour. Donnez-vous donc le temps pour apprécier le paysage. Bon été !
Magnifique description. Je ne fais pas de vélo mais je m’y suis crue sur votre porte-bagage ! Quel joli moment d’évasion ! Merci 😀
Merci à vous pour votre commentaire enthousiaste ! Heureux que l’inspiration suscitée par ce beau parcours alpin soit appréciée. Meilleures salutations.