Bien plus qu’un tour cycliste d’une journée, cet itinéraire propose un véritable voyage à travers les vallées du Jura français et suisse, dans un environnement rural préservé, à 50 km à vol d’oiseau de l’aliénation urbaine genevoise. Oubliez le bruit et la pollution permanents et filez vous ressourcer sur les petites routes jurassiennes ! Parcours accessible en hiver puisqu’on ne sort pas du goudron.
Il y a hélas un peu de trafic sur la D29, une fois franchie la frontière, mais on va rapidement quitter cette route pour la D25, plus tranquille, qui mène à Prémanon. Juste après le village, on passe le panneau annonçant le sommet de la « Montée de Prémanon », à 1155 m d’altitude – mais nous, nous allons la descendre !
On plonge donc vers la vallée de la Bienne, encadrée par de belles roches calcaires. Juste en-dessous du « Belvédère des Maquisards » (pas terrible), on traverse Les Rivières, petit village construit à la confluence des 3 torrents qui donneront naissance à la Bienne.
Par moments, on entend le vacarme du trafic de la N5, une grosse saleté qui court sur la rive droite au-dessus de nous. La ville de Morez (5000 habitants) est construite dans une cluse assez encaissée, mais l’orientation nord-sud de la vallée doit lui permettre d’avoir un peu de soleil même au cœur de l’hiver. J’ai bien apprécié la promenade le long de la rivière.
Suivent 2.5 km sur la N5 pour rejoindre la route de Bellefontaine (D18). Ce parcours en montée dans le trafic est détestable, quoique pas forcément très dangereux, car on peut souvent rouler sur un (mauvais) accotement, donc légèrement à l’écart des camions. Il existe une alternative via un sentier piéton assez raide, comprenant des marches d’escaliers, sur lequel on pousse le vélo durant environ 700 mètres jusqu’à l’hôpital, situé juste en-dessous du carrefour avec la D18 (voir ci-dessous la variante 1 par Morbier).
Si on a roulé sur la N5, on appréciera le calme de la D18 – bien que durant les vacances d’hiver le trafic des touristes à destination de la petite station de Bellefontaine ne soit pas inexistant. Le passage au pied du viaduc ferroviaire est assez impressionnant. Cette ligne reliant Dole à St-Claude est appelée Ligne des Hirondelles et fait partie du réseau TER Bourgogne-Franche-Comté.
Passé Bellefontaine, il n’y a presque plus personne sur la route qui continue de monter jusqu’à la cote 1104 m, ce qui signifie un dénivelé d’environ 390 mètres depuis le centre de Morez. À mi-février, je n’ai rien vu des petits lacs qui apparaissent sur ma carte (lac de Bellefontaine et lac des Mortes) : tous deux étaient recouverts de neige.
Variante 1
Encore mieux que la D18 : la D18A. Je propose un parcours alternatif, via le chemin piéton menant à l’hôpital, puis les trottoirs le long de la N5 à Morbier. Dès la sortie du quartier des Marais, la D18A est silencieuse et monte très progressivement vers une magnifique section forestière avant de déboucher sur les pâturages environnant le hameau des Mortes, à la « frontière » entre les départements du Jura et du Doubs. Voir la deuxième carte ci-dessous.
Après le relief prononcé de la région de Morez, quittant le Département du Jura pour entrer dans celui du Doubs, on entame la partie « sibérienne » de ce tour, avec grands espaces, longues sections de route toute droite, forêts de conifères, village le plus froid de France (!) et même, en hiver, attelages de chiens polaires !
Au-delà de la jolie Combe des Cives on redescend quelque peu jusqu’à Chaux-Neuve, où l’on s’engage sur la D437 en direction de Mouthe. Il faut s’attendre à un peu plus de trafic sur ce tronçon de seulement quelques kilomètres (on peut l’éviter en passant par le vallon silencieux de Combes Derniers – voir la variante 2 ci-dessous). La route descend légèrement dans le Val de Mouthe, très évasé et le long duquel coule le Cébriot : en surface, ce ruisseau s’étend apparemment plus loin de la confluence Doubs-Saône que la résurgence nommée « Source du Doubs » et située au-dessus de Mouthe, au pied du Mont Risoux ; j’imagine que c’est à cause de son débit important que la résurgence a été identifiée comme la source du Doubs. Plus d’infos sur le Doubs ici.
Variante 2
Le petit détour à la source du Doubs vaut la peine, car il est intéressant de savoir comment naissent nos chères rivières… De plus, il y a quelques tables de pique-nique ombragées qui permettent une très confortable pause-repas, voire même une petite sieste si la journée n’est pas trop avancée. On regagne ensuite la route du col de Landoz-Neuve (D389) via un chemin agricole qui traverse une belle zone de tourbière (VTC recommandé). Voir la troisième carte ci-dessous.
Il reste à mentionner que Mouthe est considéré comme « le village le plus froid de France« . Pas étonnant quand on constate les nombreuses similitudes, ainsi que la relative proximité géographique, entre Mouthe et La Brévine, dans le canton de Neuchâtel, en Suisse. Avec son record de -41.8 °C le 12 janvier 1987, La Brévine mérite largement son surnom de « Sibérie de la Suisse ». On ira là-bas à vélo une autre fois.
La deuxième ascension de la journée nous attend entre Mouthe et le col de Landoz-Neuve : il faut franchir le Mont Risoux pour passer dans la vallée de Joux. La route dans la forêt est très agréable et il n’y a pratiquement pas de trafic. Avec ses 1260 mètres, le col de Landoz-Neuve représente le point culminant de ce tour jurassien.
On passe la frontière au début de la descente vers la Vallée de Joux et la silhouette du Mont Tendre, plus haut sommet du Jura suisse, s’élève droit au sud. Vivement la fonte des neiges, qu’on puisse s’y attaquer, tout à fait pacifiquement, à VTT !
La suite du parcours jusque dans le vignoble de La Côte lémanique est décrite dans cet article. Cette fois-ci, comme le parcours en France était plus long, j’ai pris le train à Rolle plutôt qu’à Nyon. Autre différence : j’ai trouvé une alternative à la section dangereuse entre St-Livres et Aubonne (voir la carte), mais il faudra pousser le vélo à la montée.