Comparé à la Scandinavie, à certaines régions de France ou encore au centre de l’Espagne, le Royaume-Uni fait figure de pays surpeuplé. Et en effet, il y a du monde, ce qui se ressent nettement sur les routes. Cela ne doit toutefois pas dissuader les amateurs de découvertes sur deux roues, car le réseau de voies cyclistes mis en place par la fondation britannique pour la mobilité durable Sustrans permet de visiter toutes les régions en parfaite sécurité. En outre, le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe dans lesquels la population est la plus accueillante.
Distance parcourue dans le pays : 6300 km
Dates des voyages : 2014, 2016 et 2023
Routes et voies cyclables
Le réseau routier principal est subdivisé en deux catégories : les routes « A » et les routes « B », les premières représentant les voies d’importance nationale. On ne distingue toutefois pas toujours de différence en matière de trafic entre les deux catégories : il semble être intense en tout temps !
Un cycliste britannique que j’ai rencontré m’a expliqué sa règle personnelle, laquelle m’est apparue très sensée : il ne roule jamais sur les routes « A », et ne s’engage sur une route « B » que lorsque celle-ci ne relie pas deux villes relativement proches. La situation est toutefois différente dans le Nord de l’Écosse, où il n’y a personne et presque uniquement des routes « A » sans danger…
Le réseau routier secondaire est relativement développé, surtout dans le sud, mais hélas difficilement utilisable sans carte détaillée. Ces routes ne sont pas numérotées et la signalisation de direction est souvent tout simplement absente. Tout au plus rencontre-t-on à certains carrefours des flèches avec les noms des villages voisins. Dans certains comtés, il est même impossible de savoir dans quel village on se trouve sans demander à quelqu’un, car il n’y a tout simplement aucun panneau à l’entrée – ni à la sortie !
En règle générale, les routes britanniques sont plus étroites que celles d’Europe continentale. En outre, dans le sud, les accotements sont régulièrement couverts d’une végétation envahissante, haute, qui restreint fortement la visibilité, en particulier dans les virages. Dans l’ensemble, le revêtement des chaussées est bon, quelle que soit la catégorie de la route. Tout au fond de la campagne, il faut toutefois compter avec la présence de graviers et de quelques trous.
Un des aspects les plus remarquables d’un voyage au Royaume-Uni est l’abondance de la faune sur et autour de la route : lapins par millions, autres rongeurs, pigeons ramiers innombrables, tourterelles, colombes, faisans, pies, canards, corneilles, etc. Je n’ai jamais vu autant d’animaux en roulant qu’en Angleterre, ni sursauté aussi souvent parce qu’un imbécile de pigeon s’envolait à grand fracas d’un fourré juste au moment où je passais. Triste corollaire : la route est littéralement couverte de cadavres – on en voit des dizaines par jour…
A moins de bien connaître une région ou d’être équipé d’une carte détaillée (Ordnance Survey, cartes Sustrans), je déconseille de s’engager à vélo sur le réseau routier. Mieux vaut suivre l’une des nombreuses routes cyclistes balisées qui quadrillent le pays.
Attention toutefois : les itinéraires cyclistes quittent régulièrement le goudron, la plupart du temps pour éviter des sections à fort trafic et garantir notre sécurité. On roule donc sur des pistes, des chemins agricoles, voire des sentiers à travers la lande et les hautes herbes. Le terrain peut être rude (boue, cailloux, nids-de-poule ou encore graviers pointus) et imposer de mettre pied à terre pour pousser le vélo – voire le porter (escaliers, portails anti-motos, etc).
Hébergement
Les campings britanniques (campsite, caravan park) dans lesquels j’ai passé la nuit étaient tous confortables et très bien entretenus. A la différence des campings scandinaves, on n’y trouve toutefois ni cuisine, ni épicerie, ni bungalows pour les nuits pluvieuses. Parfois, une machine à laver est à disposition, ce qui est bien pratique. Le tarif est généralement compris entre 6 et 15 Livres. Bien évidemment, on paie le maximum dans les stations balnéaires – et c’est là aussi qu’on est le plus serrés les uns contre les autres.
Il n’existe hélas pas de brochure répertoriant tous les campings du Royaume-Uni. Sur internet, divers sites proposent des informations et cartes de localisation, mais cela n’est d’aucune utilité pour ceux qui voyagent « déconnectés », comme moi.
La meilleure alternative au camping est l’auberge de jeunesse, ou Youth Hostel. Appartenant au réseau Youth Hostel Association (YHA, SYHA en Écosse) ou privées (private hostels), les auberges de jeunesses se trouvent surtout dans les villes et quelques lieux touristiques importants – la 2e catégorie étant sans doute un peu mieux représentée hors des grandes villes.
Les Youth Hostels proposent un hébergement collectif (dortoirs) ou individuel en chambre single/double/familiale. Il est bon de savoir qu’étant donné le faible nombre de visiteurs dans certaines régions on se retrouve parfois seul dans un dortoir, ce qui est tout à fait confortable et très appréciable ! En ville toutefois, ces hébergements économiques sont souvent complets tôt dans la journée et il est malheureusement impossible de réserver par téléphone sans paiement anticipé (carte de crédit) – sauf lorsqu’on insiste et que le personnel se montre compréhensif.
Le tarif pour une nuit varie entre 11 et 18 £, avec une moyenne autour de 16 £. Dans le réseau YHA / SYHA, la carte de membre de l’association internationale des auberges de jeunesse (Hostelling International) permet parfois d’obtenir un petit rabais, mais pas toujours. Cette carte peut s’acheter auprès de n’importe quelle auberge de jeunesse et dans certaines agences de voyage ; elle vaut 33 CHF en Suisse.
Les Youth Hostels sont toujours équipés d’une cuisine commune et d’une salle à manger. Il est généralement possible (et fortement conseillé !) de prendre un petit déjeuner pas cher le matin (2 à 5 £).
A la campagne, on peut parfois passer la nuit dans un bunkhouse, sorte de gîte d’étape aménagé dans les anciennes dépendances d’une maison rurale ou d’une ferme. Il s’agit en général d’un hébergement collectif à plusieurs lits, dans lequel on trouve également une cuisine, salle de bains et parfois une pièce de séjour. Tarif habituel : 15 à 20 £, petit déjeuner parfois inclus, mais pas toujours.
En l’absence de camping/Youth Hostel/bunkhouse, on peut se rabattre sur un Bed&Breakfast (B&B), mais les tarifs sont bien plus élevés : de 35 à 50 £, voire plus. Le petit déjeuner britannique, toujours copieux, est bien évidemment inclus.
Le site Beds for cyclists rassemble des informations sur un grand nombre d’hébergements de tous les types au Royaume-Uni, mais il n’est hélas pas complet (la plupart des campings le long de la Route 1 ne sont pas répertoriés). Vous pouvez télécharger ma liste des hébergements disponibles sur la Route 1 ici (état 2014, revu en juin 2015, sans mise à jour ultérieure).
Alimentation
La plupart des commerces d’alimentation sont ouverts 7/7 et les horaires sont étendus, souvent jusqu’à 22 heures. On y trouve à peu près la même chose que sur le continent, à des prix légèrement inférieurs. Un certain nombre de villages disposent d’une épicerie, qui fait généralement également office de bureau de poste, tabac et parfois station service. Il y a nettement moins de boulangeries qu’en Suisse et en France, et il est parfois difficile de trouver du « vrai » pain…
Les menus cuisinés complets, notamment les plats asiatiques, que l’on trouve dans les supermarchés sont très pratiques si l’on est à l’auberge de jeunesse : il suffit de chauffer le plat à la cuisine et l’on obtient un repas copieux, différent des pique-niques quotidiens sans être onéreux pour autant. Avec une bière, voire un peu de vin si on en trouve, et quelques légumes crus (tomates cerises, carottes), cela contentera l’estomac du voyageur.
Et aussi : ce n’est pas un aliment, certes, mais je tiens à signaler que les chips qu’on trouve au Royaume-Uni sont les meilleures que j’aie jamais mangées…
Transports publics
Ferries : services efficaces et pas trop chers.
Trains : idem (on aimerait que ça marche aussi bien sur le continent). Il y a encore des trains de nuit, notamment entre Inverness et Londres. Les conditions de transport des vélos dépendent de la compagnie de chemin de fer, de la région et de l’heure. Ainsi, il n’est généralement pas possible de charger les vélos aux heures de pointe dans la région londonienne (par ex. train rapide Londres-Douvres). Par ailleurs, le nombre d’emplacements pour vélos est parfois trop faible par rapport à l’affluence de cyclistes en été : c’est le cas notamment de la ligne Inverness – Londres, pour laquelle vous risquez de devoir patienter plusieurs jours avant de pouvoir voyager si vous vous y prenez comme moi à la dernière minute (mais comment peut-on prévoir une date de voyage fixe au terme de plusieurs milliers de kilomètres à vélo ?). Vous trouverez plus d’informations sur ce flyer imprimable (2016) ou à cette adresse. Le personnel de guichet et les contrôleurs auxquels j’ai eu affaire ont toujours été extrêmement serviables et accommodants. À Inverness par exemple, j’ai les deux fois passé une bonne vingtaine de minutes au guichet jusqu’à ce que l’agent(e), sans s’impatienter ni manifester aucune mauvaise humeur alors que la file s’allongeait derrière moi, me trouve une place pour le vélo à bord du train de nuit pour Londres.
Climat
Après deux voyages, j’ai envie de dire que le climat estival dépend des années et aussi qu’il est sans doute plus favorable dans l’est du pays.
En 2014, il est tombé des gouttes durant à peine 6 jours sur plus d’un mois ! Le reste du temps, il a fait beau, ou couvert, mais sans précipitations. Le matin, le ciel était la plupart du temps tout bleu. Ensuite, il se chargeait de nuages au cours de l’après-midi, avant de lâcher quelques averses locales.
En 2016 par contre, j’ai eu de la pluie durant 14 jours sur 22 et évidemment plus de vent. La plupart du temps, on rencontre un régime d’averses et il ne pleut pas en continu toute la journée. Mais la nécessité d’enfiler/enlever les vêtements de pluie de nombreuses fois par jour devient vite harassante et ralentit considérablement la progression. Il est en effet impossible de prévoir à l’avance si une averse va être légère et courte : il m’est arrivé de le penser en voyant le nuage approcher, puis de me faire tremper de la tête aux pieds par un véritable mur d’eau, qui transformait la route en torrent.
Budget indicatif (taux de change juillet 2016)
Sur place, compter environ 36 £ / jour (hors frais de transport), soit 50 CHF. Si l’on inclut les frais de transport au départ de Genève, le budget quotidien dépasse les 90 CHF.
La baisse de la livre sterling consécutive au Brexit (juin 2016), ainsi qu’un plus grand nombre d’hébergements économiques dans l’ouest ont contribué à un budget 2016 hors frais de transport plus bas que celui de 2014 (respectivement 60 – 80 CHF par jour, sans et avec frais de transport).
Aperçu des frais de transport pour se rendre au Royaume-Uni :
2014 Genève-Paris-Calais-Douvres 219 CHF
2014 Inverness-Londres-Douvres-Calais-Paris-Genève 418 CHF
2016 Genève-Paris-Cherbourg-Poole 226 CHF
2016 Inverness-Londres-Douvres-Calais-Paris-Genève 407 CHF
C’est l’hébergement qui constitue la plus importante source de dépense au Royaume-Uni, voire le train si vous le prenez souvent sans bénéficier du tarif réduit des billets achetés à l’avance.
Divers
Certains Offices de tourisme distribuent des brochures d’information utiles et bien faites, sans pub. C’est le cas notamment aux Orcades.
Le nombre d’insectes en patrouille au-dessus des routes, notamment les moucherons, est impressionnant. Il vaut donc mieux avoir un casque pourvu de moustiquaire serrée sur les aérations à l’avant et porter des lunettes en permanence, faute de quoi vous devrez vous arrêter très régulièrement pour enlever tout ce qui se balade sur votre tête et dans vos yeux…
Le Royaume-Uni en quelques chiffres
Superficie : 246 690 km2
Population : 67 886 004 habitants (2020)
Densité : 275 hab./km2 (432 hab./km2 en Angleterre, mais 69 hab./km2 en Écosse !!!)
Avec mon fils, nous partons demain en Angleterre, alors un grand merci pour ces explications, qui me font un peu peur à vrai dire, notamment au niveau de la qualité des pistes cyclables dont j’ai déjà entendu dire par des anglais eux même qu’elles n’étaient pas forcément à la hauteur.
Bonjour et merci pour votre visite.
Je regrette que mon article ait suscité de l’inquiétude avant votre départ, car tel n’était pas mon propos. J’adore rouler au Royaume-Uni et ne peux que conseiller la destination aux cyclistes curieux. Toutefois, il va de soi que la densité de population (et donc de véhicules) implique quelques contraintes au niveau des itinéraires. C’est la raison pour laquelle je recommande de préparer son parcours afin de rester en permanence sur un itinéraire cycliste officiel balisé. Et avec plus de 26’500 km de routes cyclables développées par SUSTRANS (https://www.sustrans.org.uk/), il y a de quoi faire !
Alors, bon voyage à vous deux sur les chemins du Royaume !