L’Allemagne à vélo

L’Allemagne est un grand pays cycliste doté d’excellentes infrastructures pour la mobilité douce – reléguant la Suisse et la France au rang de contrées arriérées. La signalisation est de grande qualité la plupart du temps, les hébergements relativement disponibles sur tout le territoire et le coût de la vie plutôt bas. Toutefois, si de nombreuses villes méritent le détour, les campagnes m’ont parues dans l’ensemble plutôt abandonnées et la nature sauvage n’est pas souvent au rendez-vous, sauf peut-être sur les côtes et dans les « montagnes » de Bavière.

Distance parcourue dans le pays : plus de 4100 km
Années de voyage : 2007, 2011, 2018, 2022 et 2024.

l'Allemagne à vélo

 

Routes, voies cyclables et orientation

Attention : si vous roulez sur la route avec les voitures, en ville ou à la campagne, c’est que vous avez raté un panneau indicateur ! Le réseau de pistes et voies cyclables, la plupart du temps en site propre, est très dense au niveau national, par conséquent on ne voit jamais (ou presque) un cycliste dans le trafic. Très ignorant lors de mon voyage le long du Danube en 2007, il m’est arrivé de parcourir quelques courtes distances sur des routes secondaires en zone rurale : je l’ai regretté à chaque fois, tant les chaussées sont étroites et sinueuses, et le trafic rapide. Aucun dépassement sûr n’est possible sur de nombreux tronçons en raison de l’absence de visibilité. En outre, les conducteurs allemands ne s’attendent jamais à trouver un vélo sur la route devant eux. Enfin, la (grosse) bagnole est malheureusement un objet fétiche en Allemagne, comme me l’ont confirmé plusieurs cyclistes, par conséquent ne vous attendez pas à un comportement respectueux à votre égard si vous pédalez sur la route !

Restez donc sur les itinéraires cyclables en tout temps, y compris en ville – mais faites attention au trafic cycliste rapide !

Voici une liste de sites sur lesquels vous pouvez effectuer une recherche d’itinéraire et collecter des informations avant de partir :

De nombreux parcours sont goudronnés et totalement lisses, mais il existe également des secteurs plus rudes, par exemple sur la véloroute de la Baltique (Eurovelo 10/13), où l’on roule régulièrement sur des chemins de graviers pointus. À y regarder de plus près, il m’est apparu que ce gravier très coupant était généralement constitué de silex – équipez donc votre vélo de pneus anti-crevaison, comme par exemple les Schwalbe Marathon Mondial.

La signalisation est généralement très bonne et mentionne la distance, mais évidemment un GPS vous aidera à retrouver la piste cyclable si vous avez raté un panneau ou vous êtes dérouté pour trouver un hébergement.

l'Allemagne à véloJe n’ai pas testé les cartes routières allemandes, car j’ai l’habitude des cartes Michelin. La série régionale (N° 541 à 546) propose des échelles de 1:300’000 à 1:375’000 et convient bien pour s’orienter de manière générale dans le pays, mais elle ne montre pas les parcours cyclables. Il existe également une carte nationale au 1:1’000’000 (N° 718), d’aucune utilité pour les cyclistes.

Enfin, les véloroutes les plus populaires font l’objet d’une publication dans la série des Radtourenbuch des éditions Esterbauer. La plupart des titres sont en allemand, mais il existe quelques guides en anglais. Ces cartoguides ont un format et une reliure très pratique, tout à fait compatible avec la plupart des bonnes pochettes de cartes pour la sacoche de guidon (Ortlieb Ultimate 6 M, par exemple). Les cartes montrent, à une échelle détaillée, les parcours cyclables principaux et alternatifs en surimpression. Le type de revêtement (goudron, gravier, etc) est également codifié, quoique pas toujours fiable, ainsi que l’éventuelle présence de trafic motorisé. L’itinéraire est également décrit par le texte, mais cela n’est d’aucune utilité pour ceux qui voyagent dans l’autre sens ou ne maîtrisent pas l’allemand, ni l’anglais. Enfin, une liste des hébergements par étape est également fournie en fin de volume, avec parfois (toujours ?) accès à une mise à jour téléchargeable.

 

Hébergement

On trouve régulièrement des campings le long des routes cyclables. Bien sûr, la densité de ces campings dépend de l’attractivité touristique des régions ou des itinéraires : ainsi, aucun problème le long du Danube (Eurovelo 6), de la Moselle, de la mer du Nord (Eurovelo 12) ou de la mer Baltique (Eurovelo 10/13) ; par contre, il faudra faire preuve de plus de patience dans certaines régions agricoles de l’intérieur, quoique les campings à la ferme se développent et fournissent un accueil souvent sympathique, sur un terrain de petite taille propice aux rencontres.

Les campings allemands sont généralement bien équipés et entretenus, mais certains établissements en bord de mer abusent et remplissent l’espace au-delà du tolérable. Fuyez-les si vous pouvez continuer à rouler !

Si vous n’avez pas eu le temps d’acheter à manger avant de monter la tente, vous pourrez parfois vous ravitailler à l’épicerie du camping, mais plus souvent, vous y trouverez un bar-restaurant ou une roulotte fast-food.

En été 2018, le tarif moyen pour une nuit au camping s’établissait à 12 Euros sur la côte de la mer Baltique (une personne, une tente).

Dans les villes, il est préférable de passer la nuit à l’auberge de jeunesse (Jugendherberge), plus centrale, et carrément confortable en option chambre privative (dès 35 Euros). Les petit budgets y trouveront un lit en dortoir, tout à fait convenable si le local est aéré et pas totalement complet… La carte de membre de Hostelling International offre des rabais substantiels sur le tarif des nuitées et je la recommande (33 CHF annuels si achetée en Suisse). Vous trouverez la liste des 467 auberges de jeunesse d’Allemagne ici.

 

Alimentation

Les horaires d’ouverture des commerces d’alimentation sont étendus : jusqu’à 20h, 22h ou minuit, du lundi au samedi, selon les Länder. La malbouffe industrielle à deux balles est surreprésentée sur les étalages, car de nombreux Allemands vivent de revenus très modestes, malgré le fréquent cumul de plusieurs jobs – tous mal payés, néolibéralisme oblige.

Par contre, ruez-vous sur les boulangeries de ville au petit matin : le pain, les pâtisseries et le café, de qualité tout à fait acceptable, garantissent un départ sur les chapeaux de roue et une bonne autonomie jusqu’au pique-nique de la mi-journée. Si vous roulez vers le Nord, notez que l’Allemagne sera le dernier pays dans lequel vous pourrez profiter quotidiennement du rituel du petit-déjeuner sur une terrasse : au Danemark, il ne reste la plupart du temps que les supermarchés…

 

Transports publics

Presque tous les trains allemands acceptent les vélos, mais le nombre de places est parfois très limité, en particulier sur les trains de nuit, les Intercity et les ICE 4 (trains à grande vitesse), raison pour laquelle une réservation pour le vélo est obligatoire sur les trajets longue distance. En 2018, cette réservation coûtait 9 Euros, 10 pour les trajets internationaux. Attention : de nombreux ICE n’autorisent les vélos que dans une housse de transport de dimension limitée ; renseignez-vous avant le départ ! Notez également qu’en été, les places vélo des trains de nuit sont complètes plusieurs jours à l’avance.

Dans les trains régionaux, la réservation n’est pas obligatoire, mais il faut acheter une carte journalière pour le vélo (« Fahrradtageskarte »), en plus du billet passager. Les wagons avec compartiment pour les vélos sont bien identifiés par un logo.

Il est possible de traverser le pays avec les trains régionaux, si les trains de nuit ou Intercity sont complets, mais le voyage prendra du temps et inclura de nombreux changements de train (par exemple, huit entre Flensburg et Bâle), autant stressants qu’inconfortables puisque les trains ont souvent du retard (donc il faudra courir pour attraper la correspondance) et que les petites gares ne sont jamais équipées de tapis roulants ou d’ascenseur (donc il faudra porter le vélo chargé dans les escaliers…).

Vous trouverez plus d’infos sur les trains allemands en consultant les liens suivants (auf Deutsch) :
Reisen mit Bahn und Fahrrad (Deutsche Bahn)
Fahrradmitnahme in der Bahn (ADFC)

Les transports fluviaux et maritimes ne posent aucun problème aux cyclistes : j’ai pu charger mon vélo sur tous les ferries que j’ai pris en Allemagne, que ce soit sur le Danube, la Weser, l’Elbe ou la mer Baltique.

Je n’ai pas testé les bus en Allemagne.

 

Climat

« Le Nord-Ouest de l’Allemagne bénéficie d’un climat océanique tempéré, influencé par la présence de la Mer du Nord et la Mer Baltique. A l’opposé, le Sud de la Bavière possède un climat de montagne et l’Allemagne de l’Est un climat continental avec une forte influence des masses d’air venant de Sibérie. » (source : voyageursdumonde.ch)

Selon mon expérience, il peut faire très chaud en été dans les vallées fluviales du sud : Saar, Moselle, Rhin, Danube. L’activité orageuse est parfois importante en soirée. Dans le Nord, l’élément météo le plus marquant est bien sûr le vent, en particulier sur la côte de la mer du Nord, mais aussi sur celle de la Baltique. Je me souviens de quelques journées très physiques sur la North Sea Cycle Route (Eurovelo 12), atteignant péniblement 10-12 km/h face au vent sur la piste cyclable en bordure immédiate de la mer – et non protégée derrière la digue…

L'Allemagne à véloPlus d’infos :
Climat de l’Allemagne, sur Wikipédia
Climat – Allemagne, sur climatsetvoyages.com

 

Budget indicatif

L’Allemagne est un pays très abordable quand on vient de Suisse ou de France. Le coût de la vie à l’ouest est toutefois légèrement supérieur que dans l’ancienne RDA, où l’on s’en sort très bien avec 35 EUR / 40 CHF par jour, en passant les nuits au camping (été 2018).

 

Divers

Les contacts avec les Allemands sont faciles et chaleureux, par contre mieux vaut se débrouiller dans la langue de Goethe, car peu de gens parlent anglais en dehors des métropoles – quant au français, on oublie !

 

L’Allemagne en quelques chiffres

Superficie : 357 588 km2
Population : 83 695 430 habitants (2022)
Densité : 234 hab./km2

6 réflexions sur « L’Allemagne à vélo »

  1. Bonjour,
    En 2023 je prévois de rallier Strasbourg à Salsbourg, via Berchtesgaden. Pour ma navigation, j’utilise Komoot (configurateur allemand), qui fait apparaître nombre de pistes et voies cyclables, mais agrémentées d’une codification que je n’arrive pas à déchiffrer. Auriez-vous une idée de l’endroit où je puisse trouver la signification de cette classification allemande des itinéraires vélo ?
    Sportivement.
    JM

    • Bonjour Jean-Michel,
      Je n’utilise pas Komoot et suis donc bien en peine pour vous répondre précisément, au-delà des quelques liens à propos du cyclotourisme en Allemagne que je cite sur cette page. Je ne sais pas de quelle « codification » vous parlez. Ce que je peux dire, après un certain nombre de voyages dans le pays, c’est que les itinéraires cyclables sont généralement sûrs et très bien balisés. Le niveau de qualité est largement supérieur à ce qu’on trouve en France, Alsace exceptée, ou en Suisse. J’espère que vous trouverez les informations que vous souhaitez, tout en vous encourageant vivement à partir même si ce n’est pas le cas : l’Europe évoluée à vélo, c’est du bonheur facile à portée de tous, neutre pour le climat et la biodiversité, bon pour la santé du corps et de l’esprit !
      Bonne préparation et bonne route.

  2. Bonjour
    Je souhaiterai faire une randonnée à vélo de 150 à 200km avec arrivée à Berlin.
    Le départ se ferait d’une ville avec ligne de train arrivant de France.
    Le projet pourrait être également une boucle autour de Berlin.
    Ce projet se ferait en octobre 2022.
    Dans l’attente de vos propositions.
    Cordialement

    • Bonjour,
      Je ne connais pas la région de Berlin et ne suis donc pas en mesure de fournir des itinéraires sur mesure. Je souhaite avant tout partager des parcours sur lesquels j’ai personnellement roulé et qui me semblent intéressants. Le mieux que je puisse faire pour répondre à votre demande est de vous suggérer quelques idées de parcours officiels balisés et de vous fournir une liste de liens qui vous permettront de déterminer vous-même votre itinéraire.
      1) Dresde-Berlin, par Eurovelo 7
      2) Leipzig-Berlin, par la « D-Route 11 » ; vous trouverez d’autres options sur le même site
      3) plein d’autres suggestions, en français, ici et
      4) un forum pour poser vos questions, en allemand ou en anglais.
      J’espère que ces quelques informations vous permettront de bien planifier votre futur voyage.
      Avec mes meilleures salutations.

  3. Bjr,
    Bien jolis out cela!
    Mais aucun renseignement comment utiliser les itinéraires carte ou gps
    si gps, est ce que google Mapp est de la partie… breff
    exemple : aix la chapelle ( frontière Belge ) Frankfurt ?
    Merci pour votre retour
    Paul
    le 04.05.21

    • Bonjour,
      je mets à disposition sur ce site les informations dont je dispose et ne suis (hélas) pas en permanence sur la route, par conséquent des ajouts et mises à jour sont parfois nécessaires. Dans ce sens, les commentaires et questions des visiteurs me sont souvent utiles. Par contre, je ne prétends pas être exhaustif et si certaines informations manquent ici, elles peuvent généralement être trouvées ailleurs après quelques efforts de recherche.
      J’ajoute donc quelques liens utiles ci-dessus, en espérant qu’ils vous aideront à planifier votre itinéraire. Voici en particulier une page qui vous permet de déterminer le parcours Aachen-Frankfurt et de télécharger le fichier gpx pour votre appareil de navigation : https://www.radroutenplaner-deutschland.de/veraRoute_EN.asp Il vous suffit d’entrer l’origine et la destination.
      Pour le reste, je ne suis pas sûr de comprendre votre demande. Comme j’évite à tout prix les produits Gogole, je ne peux pas me prononcer sur cet aspect. Si vous cherchez une bonne application de navigation pour votre téléphone, je vous recommande OSMAnd, basée sur les cartes open source d’OpenStreetMap, avec affichage des itinéraires cyclistes officiels. La version gratuite permet de télécharger 7 cartes pour naviguer hors ligne, c’est à dire sans connexion aux données mobiles. La version payante donne accès au téléchargement des cartes de tous les pays du monde, pour 6 à 8 Euros annuels.
      Meilleures salutations,
      Raphaël

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.