Boucle dans le nord de la Sardaigne, au départ d’Olbia, suivie d’une traversée de la Corse du sud vers le nord. Au mois de juillet, nous avons évidemment privilégié les petites routes de l’intérieur, pour échapper aux hordes de touristes qui ne quittent pas les côtes. Dans les montagnes, il fait un tout petit peu moins chaud et il n’y a personne. Évidemment, si vous pouvez y aller au printemps ou en automne, n’hésitez pas !
Ce parcours correspond au voyage retour de la Via Francigena (Martigny – Rome) et a été effectué en été 2015.
Description de l’itinéraire
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Description et photos de l’itinéraire
Vous pouvez visionner deux diaporamas de photos de ce voyage : Sardaigne ici, Corse là.
1. Sardaigne
Attention : peu de points d’eau potable en Sardaigne, y compris dans les villages, où l’eau du robinet est souvent impropre à la consommation – une honte pour un pays européen au 21ème siècle ! Emportez donc suffisamment de réserve.
Après une traversée nocturne très reposante, au départ de Civitavecchia, l’arrivée à Olbia au lever du soleil se révèle magique.
Il est temps d’aller prendre un bon petit déjeuner sur une terrasse dans le vieux quartier. En cette heure matinale, la plupart des magasins sont encore fermés et les hordes de touristes n’ont pas envahi les ruelles étroites. On peut donc profiter du calme et d’un semblant d’authenticité, avant la reprise quotidienne du grand bazar des aliénés.
Mangez suffisamment et faites quelques provisions, car il n’y aura plus beaucoup d’occasions jusqu’à San Teodoro. De plus, quitter Olbia s’avère délicat et vous aurez envie de rouler vite pour sortir le plus tôt possible de cette saleté de route côtière ultra-dangereuse (SS125).
Nous voulions initialement prendre la SP24 qui passe en bout de piste au sud-ouest de l’aéroport, pour filer sur Loiri et rejoindre la SP87, mais une fois arrivés au passage sous la SS597, nous avons constaté que la route était barrée en raison de travaux et avons dû rebrousser chemin pour revenir vers la côte.
Jusqu’au centre commercial Auchan, à la sortie sud-est de la ville, on peut passer par les faubourgs, côté mer. Mais ensuite il n’y a plus d’alternative et on doit rouler sur la SS125 durant environ 5 kilomètres. Attention : c’est une route étroite, sans bordure de sécurité, exposée aux vents et surchargée de trafic, notamment de poids lourds. Si vous pouvez y circuler à une heure de moindre affluence, n’hésitez pas une seconde !
On voit sur Google Maps plusieurs chemins qui quittent la SS125 en direction du sud, mais nous ne les avons pas trouvés. Environ 1 km après la bifurcation de Vecchie Saline, prendre à droite la Via dello Spirito Santo – et ne pas oublier de remercier tous les esprits protecteurs qui vous ont permis de traverser cette épreuve sans dommage. Immédiatement après le carrefour, on peut respirer : la route file tout droit vers le sud et il n’y a plus personne !
Juste avant Trudda, ne pas franchir le pont sur la voie rapide, mais bifurquer à gauche en direction de Castagna, le prochain hameau. La SP87 oscille en permanence autour d’un point d’équilibre qui semble constitué par la SS131. Le trafic reste plus ou moins inexistant, quant au thermomètre, comme d’habitude, il s’emballe !
Après avoir franchi une petite bosse, on plonge vers la côte où l’on rejoint, pour moins d’un kilomètre, la SS125. San Teodoro est une cité balnéaire sans intérêt et bondée de touristes. On la quitte par une petite route (SP1) qui offre quelques beaux points de vue sur le littoral peu avant Porto Ottiolu. C’est une bonne idée de faire des provisions lorsque vous passerez à côté d’un supermarché, avant de retraverser les SS125 et SS131 pour filer vers l’intérieur, car ensuite il n’y a plus rien jusqu’à Ala dei Sardi, à l’exception d’une épicerie à Brunella.
La remontée de la vallée du Fiume Posada, par les SP24, SP67 et SP95, constitue un moment privilégié dans une nature qui semble intacte et totalement déserte. À certains moments, vous devrez même vous convaincre que cette route silencieuse et par endroits dégradée conduit bien quelque part. Passé le hameau de Concas, il est en effet peu probable que vous croisiez quelqu’un, que les autorités aient retiré du milieu de la chaussée le panneau indiquant « route barrée » ou encore qu’un quelconque indicateur de direction ait fait son apparition dans la vallée…
La pente reste relativement modeste et l’on passe à un certain moment à côté d’une vieille aire de repos où il y a une fontaine d’eau potable – mais je ne sais si l’eau coule en permanence, donc ayez suffisamment de réserve avec vous.
Vous trouverez du ravitaillement au village tranquille de Ala dei Sardi, situé à environ 600 mètres d’altitude. Depuis ici, on prend la SS389 en direction de Budduso, une route sans danger malgré son statut de Statale, car la majorité du trafic emprunte la SP10M toute proche qui évite les villages.
L’étape suivante entre Budduso et Bitti est magnifique, car on roule d’abord sur une route déserte (toujours la SS389) au milieu des chênes-liège.
Puis, le paysage devient beaucoup plus aride aux environs de Bitti.
Jusqu’ici, nous avons plus ou moins suivi l’itinéraire « Nord-est » (cartes D3 à D5) décrit dans le guide Bikeline (voir références plus bas), à l’exception bien sûr de la route côtière Olbia – Budoni que nous avons bien fait d’éviter.
Après Bitti, la SS389 monte à nouveau jusque vers Orune, à une altitude d’environ 900 mètres. Il n’y a toujours pas de trafic et on bénéficie par moments d’un superbe panorama sur les montagnes alentours, notamment le massif du Monte Albo. Durant la longue descente, on aperçoit parfois l’éclat lumineux des façades de Nuoro, capitale provinciale perchée sur une colline de l’autre côté de la vallée du Riu Marreri.
On retrouve temporairement le trafic dans la vallée : on reste sur la SS389, mais il faut être très prudent dans la remontée vers Nuoro, tout comme dans le début de la descente qui suit, pour quitter la ville (Via Mughina, SP22).
Après avoir traversé le Rio de Su Grumene, on attaque le prochain relief, en direction d’Orgosolo. Comme la plupart des villes sardes de l’intérieur, Orgosolo est perchée sur le flanc d’une montagne et brille de mille feux dans le soleil matinal.
Pour le reste, cette petite ville, à l’image de ses consœurs, ne présente d’autre intérêt que la possibilité de se ravitailler en eau et nourriture avant d’aller se perdre un peu plus profondément dans les montagnes.
Nous rejoignons à Orgosolo l’itinéraire « Est » du guide Bikeline, que nous suivrons jusque un peu après Laconi (cartes E1 à E5).
Deux montées et deux descentes plus loin, on franchit un lac de retenue, le Lago Govossai, sur un petit barrage. Si vous aimez l’eau, profitez de la contempler un moment, car la vision n’est pas fréquente en Sardaigne – quoique l’heure suivante nous fera passer, après la ville de Fonni, au bord d’un autre lac artificiel, le Lago di Gusana.
Bien sûr, il faut à chaque fois remonter après avoir contourné le lac – mais maintenant on en a l’habitude. C’est juste qu’il fait… un peu chaud. Nos efforts nous emmènent à Ovodda, d’où l’on redescend sur Tiana, autre village silencieux où Fabrice et moi avons pris un verre pour célébrer les kilomètres parcourus ensemble depuis Orsières en Suisse, d’abord sur la Via Francigena jusqu’à Rome, puis en Sardaigne. Fabrice devait remonter vers Olbia pour prendre l’avion du retour, tandis que j’avais décidé de poursuivre encore un peu dans les montagnes, en direction du sud.
Et je dois dire que j’ai bien fait de continuer, car l’étape suivante, jusqu’au bas du col de Sa Casa, a été ma préférée en Sardaigne.
La route s’élève à nouveau sur des pentes couvertes de végétation serrée mais pas très haute, pour atteindre la ville de Tonara, évidemment perchée au sommet d’une colline.
On redescend d’un peu plus de 300 mètres avant de remonter encore sur Belvi, puis Aritzo. Ce dernier village, niché sur le flanc de la montagne à 800 mètres d’altitude, semble attirer quelques touristes. Entouré de plusieurs sources naturelles, spécialisé dans l’artisanat en bois de châtaignier, il constitue une bonne base pour explorer le parc national du massif du Gennargentu. Ce dernier est caractérisé par l’une des plus basses densités d’habitants d’Europe et préserve une grande variété de ressources biologiques, selon Wikipédia.
Mais le meilleur est à venir : l’ascension du col de Sa Casa, au départ d’Aritzo. Au petit matin, la lumière y est magique, le silence total. La route court sur les flancs de la montagne, offrant un magnifique panorama tantôt vers le sud, tantôt vers le nord. La végétation se fait plus clairsemée et les conifères dominent à cette altitude, la plus élevée de notre vadrouille sarde.
La longue descente jusqu’à Laconi est agréable, peu fréquentée et, après le passage du Valico Ortuabis, oscille autour d’une voie étroite de chemin de fer, dont j’ignore s’il est encore en fonction.
Quelques kilomètres plus loin, j’ai quitté la SS128 et traversé la vallée pour me rendre à Genoni et rejoindre l’itinéraire « Ouest » du guide Bikeline (cartes B11 à B14). Le changement d’environnement est tout à fait remarquable : collines arrondies au lieu des montagnes, beaucoup moins d’arbres, champs de céréales et prairies brûlées par le soleil, c’est la Marmilla, riche en vestiges archéologiques.
Dans cette région également, les routes que j’ai suivies se sont révélées très tranquilles.
À la sortie de Nureci, j’ai tourniqué un quart d’heure pour trouver une alternative à la route barrée en direction d’Asuni, mais n’ai rien trouvé et me suis finalement engagé sur la route « interdite à la circulation ». Je suis arrivé sans encombre à Asuni, ne rencontrant ni travaux ni quoi que ce soit légitimant la présence de ce panneau « Route barrée » au milieu de la chaussée. En fait, comme ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait, j’en ai déduit que les autorités n’enlèvent jamais les indications obsolètes, probablement parce que c’est un peu fatigant…
Faites le plein d’eau et buvez un soda au bistrot d’Asuni, car l’itinéraire plonge ensuite au fond d’un canyon où il fait une chaleur d’enfer et d’où il faut remonter sur un flanc totalement exposé au soleil pour arriver à Samugheo.
À l’entrée du bourg, on passe devant un panneau indicateur criblé de balles, comme tant d’autres en Sardaigne, preuve s’il est encore besoin de le mentionner que les gros cons sont fort bien représentés à la surface de la Terre, y compris sur les îles…
Au-delà de Samugheo, la route redescend dans le canyon jusqu’au village d’Allai où la température de midi est suffocante (quoi ? j’ai déjà parlé de la chaleur ?) et le silence total…
Une nouvelle bosse nous attend pour ressortir de la vallée avant de redescendre dans la suivante, à Fordongianus, petite ville baignée par le cours de la rivière Tirso et dans laquelle furent construits des bains thermaux au premier siècle de notre ère. Cela peut valoir la peine de faire une pause au bord de l’eau avant d’attaquer l’étape suivante, la dernière du jour.
Qui débute évidemment par une montée au soleil pour s’extraire de la vallée du Tirso et accéder à l’altopiano di Abbasanta, un plateau basaltique que l’on traversera sur des routes toutes droites où il ne faut guère compter trouver de passages à l’ombre.
Après Paulilatino, la route monte jusqu’à Santu Lussurgiu, dont on découvre la vieille ville depuis le haut, façades et toits étincelants dans le soleil de la fin de journée.
Les options pour passer la nuit se résument à l’hôtel Sas Benas, aménagé dans un bâtiment historique, donc beau, mais cher et pas facile à trouver. Quelle ne fut pas ma surprise d’y croiser, par hasard, en rentrant vers 22h, un ami de Genève !
Faites attention en quittant Santu Lussurgiu par la SP19 : il peut y avoir des camions. Après quelques kilomètres de montée, j’ai quitté l’itinéraire « Ouest » de Bikeline (carte B14) pour couper vers la mer et rejoindre l’autre partie de ce parcours en boucle (cartes B4 à B1) jusqu’à Alghero. La route passe un modeste col à travers le massif volcanique du Montiferru et offre un ou deux beaux panoramas sur la montagne et la mer au loin.
La descente est longue, sur une route étroite mais bien ombragée et l’on y croise, pour la première fois en Sardaigne, de nombreux cyclistes. À la sortie de Cuglieri, où l’on retrouve la horde des touristes motorisés quittée sur la côte orientale à San Teodoro, il faut prendre garde de ne pas rester sur la SS292 qui est une route dangereuse. La variante proposée via Scano di Montiferro convient tout à fait car on roule à l’écart du trafic – il faudra juste jongler un peu à l’approche de Bosa pour éviter le plus possible les grandes routes.
Bosa est une jolie petite ville animée, hélas un peu trop touristique à mon goût. Pas besoin donc d’y rester trop longtemps – sauf si on a besoin d’un mécano (mon câble de dérailleur avant a lâché à Scano di Montiferro et j’ai dû faire une quinzaine de kilomètres sur le petit plateau…).
Faites provision d’eau et de quelque chose à manger à Bosa, car ensuite il n’y a plus rien, excepté un ou deux restos pour touristes, jusqu’aux environs d’Alghero, à une quarantaine de kilomètres. La route côtière SP49 offre de beaux panoramas, au prix de nombreuses montées et descentes sous le soleil de plomb. Le trafic y reste modéré, même en pleine saison, mais je conseille de rouler aux heures creuses, lorsque les gens sont à la plage (entre midi et 16 heures) et non lorsqu’ils s’y rendent ou en reviennent.
Il y a évidemment de plus en plus de trafic à mesure que l’on approche d’Alghero, véritable piège à touristes, dont je n’ai aimé que la vue sur le Capo Caccia, une falaise verticale de 168 mètres située à environ 5.5 km à l’ouest.
Si vous décidez de faire un tour dans la vieille ville, faites attention aux éclats de verre omniprésents qui risquent de vous coûter une crevaison. Les soirées de la haute-saison touristique doivent être bien débiles ici aussi pour que le sol pavé soit ainsi jonché de déchets…
Le mieux reste quand même de foutre le camp en vitesse vers des lieux moins surpeuplés – mais pour moi l’heure était trop tardive et je me suis rabattu sur un B&B un peu en retrait de la plage, car le camping bondé et vraisemblablement bruyant ne m’a pas convaincu.
J’étais donc très heureux de partir le lendemain matin, après avoir dû une nouvelle fois changer de chambre à air pour cause de fuite probablement due à un éclat de verre. En quittant Alghero, j’ai laissé l’itinéraire « Ouest » du guide Bikeline (carte B1) pour rejoindre, un peu plus loin, le parcours « Nord-ouest » (cartes C1 à C5) aux environs du lac Baratz. Faites attention sur les routes SS127bis et SS291 qui sont dangereuses – mais il y a moyen de les éviter la plupart du temps.
On retrouve un bel environnement rural et des conditions de circulation apaisées entre le lac Baratz et Palmadula.
J’ai ensuite décidé d’aller faire un tour à Stintino, mais ne le recommande pas, car il n’y a rien à voir là-bas qu’un autre village touristique avec son port de plaisance. Par ailleurs, la route SP34 qui y conduit est très fréquentée et désagréable. Désirant éviter le retour jusqu’à Pozzo San Nicola, j’ai coupé par des chemins agricoles à travers la lande et ai longuement galéré pour trouver mon chemin jusqu’à la SP57. N’allez donc pas à Stintino et suivez l’itinéraire Bikeline entre Pozzo San Nicola et Porto Torres, sur la SP34. La SP57 est également praticable, car très large et disposant d’une bande d’arrêt d’urgence sur laquelle on peut rouler, mais l’arrivée à Porto Torres par la zone industrielle est glauque à souhait.
Au-delà de Porto Torres, on roule sur la SP81, d’abord sur des pistes cyclables, puis sur la chaussée principale. C’est une zone balnéaire avec campings et villages de vacances, par conséquent la vitesse est limitée à 50 km/h et le trafic, modéré, n’y est pas trop dangereux. Les choses se gâtent à la jonction avec la SS200 à Marritza : il y a environ 5 km détestables, dont une partie en montée – faire très attention au trafic et garder l’oeil dans le rétroviseur !
Le trafic de transit prend ensuite la SP90 qui coupe par l’intérieur et on peut profiter plus sereinement du voyage sur la SS200 qui traverse successivement Lu Bagnu, puis Castelsardo.
À Valledoria, j’ai quitté la route côtière (SP90) pour rouler à l’intérieur, où il y a généralement moins de trafic. Pensez à vous ravitailler à Viddalba, car ensuite il n’y a plus rien (ni nourriture ni eau) jusqu’à Aglientu à environ 35 km. La SP74 est plutôt tranquille dès qu’on quitte Viddalba, mais il fait très chaud dans cette vallée où l’air semble immobile On monte de 500 mètres au total avant de prendre à gauche une petite route sans panneau indicateur. Si vous souhaitez avoir un aperçu sur la « Vallée de la Lune », vous pouvez faire l’aller-retour jusqu’au sommet du « col », quelque 500 mètres plus loin. Vous apprécierez d’autant plus la vue sur ces curieuses formations rocheuses en buvant, à l’ombre, une bière glacée sur la terrasse du petit bar installé au bord de la route…
La petite route qui redescend en direction de la SP5 est encore moins fréquentée que la SP74 et ne comporte par endroits qu’une seule voie. Quelques fermes et hameaux sont visibles ici et là dans les collines, mais aucun village.
Plus loin sur la SP5, si vous avez besoin d’eau ou de nourriture, faites le court détour par le village d’Aglientu : on y trouve la fontaine avec le plus gros débit d’eau fraîche et potable que j’aie vue en Sardaigne (la population des environs vient en bagnole y remplir ses jerricans), ainsi qu’une épicerie.
Il y a 15 km entre Aglientu et Rena Majore, où l’on rejoint la route côtière SP90. Au cours de cet ultime parcours dans les collines sardes, on aperçoit pour la première fois dans le lointain les montagnes de la Corse.
C’est à Santa Teresa Gallura que s’achève cette boucle cycliste en Sardaigne. On a une belle vue sur les Bouches de Bonifacio (détroit qui sépare la Sardaigne de la Corse) depuis la vieille ville de Santa Teresa, située sur un promontoire.
Ne reste désormais qu’à embarquer dans le ferry pour Bonifacio, en Corse. La traversée dure environ une heure et offre de belles vues sur quelques étonnants îlots rocheux sardes, ainsi que sur les falaises du Capo Pertusato à la pointe sud de la Corse.
L’entrée dans le chenal étroit menant au port de Bonifacio est également impressionnante.
2. Corse
Après avoir parcouru plus de 700 km en Sardaigne, on peut se réjouir d’arriver en Corse, pour plusieurs raisons :
- dans les montagnes, on trouve facilement de l’eau ; au bord des routes, de l’eau de source glacée à souhait coule en abondance dans des fontaines aménagées
- la végétation est plus dense et il arrive même qu’ici ou là on roule un moment à l’ombre – un véritable cadeau en été !
- à l’exception des environs de Bastia, l’environnement m’a paru bien préservé : pas de déchets au bord des routes, pas de constructions anarchiques – mais je ne connais pas les côtes
- les villages, avec leurs maisons de pierre traditionnelles serrées les unes contre les autres au milieu de la verdure, offrent plus que juste des points de ravitaillement
- du point de vue de l’hébergement, les gîtes d’étape corses suppléent à l’absence de campings dans l’intérieur et sont bien plus économiques que les B&B ou autres « agriturismo » sardes
- les automobilistes conduisent de manière un peu plus respectueuse qu’en Italie
Mais on regrettera quand même (un peu) la Sardaigne :
- lorsqu’on devra payer sa première bière corse minuscule (!)
- quand on ne répondra pas à vos salutations ou qu’on vous regardera de travers parce que vous n’avez pas acheté tout le rayon des « produits locaux » et que vous aurez l’impression de n’être, pour vos interlocuteurs, qu’un porte-monnaie ambulant… Confronté à des comportements souvent peu engageants, malgré l’usage d’une langue commune, je me suis remémoré les échanges aisés et chaleureux qui ont caractérisé mon voyage en Italie en général, et en Sardaigne en particulier. Chacun se fera son propre avis.
L’arrivée à Bonifacio avec le ferry est belle, je l’ai mentionné. Mais mieux vaut s’y trouver tôt le matin, car ensuite la horde des estivants motorisés envahit le bled et cela devient tout à fait détestable.
De toute façon, une demi-heure suffit largement pour faire le tour de la vieille ville, certes intéressante pour sa situation en bordure de falaise, mais aussi largement défigurée par sa seule vocation touristique. Voici encore une de ces villes-musée dont les Français ont le secret et qui ne proposent qu’une succession interminable de boutiques et restaurants où l’on vous soulagera rapidement et sans un sourire du produit matériel de votre dur labeur de l’année écoulée…
Pour ma part, j’ai surtout tourniqué à la recherche d’une carte routière, car je n’avais strictement rien pour la Corse, et j’ai fini par dénicher une Michelin au 1:150’000 dans une librairie du port moderne. Cette carte est ce qui se fait de mieux pour un cycliste, mais si comme moi vous envisagez de rouler à l’intérieur, il faudra prendre un moment, à l’abri du vent, pour la replier différemment : côtes à l’extérieur, montagnes sur le volet central. En effet, il est absolument impossible de chercher un itinéraire à travers l’intérieur si l’on doit constamment retourner la carte pour voir la suite de l’autre côté…
Attention : remplissez bien vos bidons avant de quitter Bonifacio, car je n’ai pas vu beaucoup de fontaines jusqu’à Levie.
Il n’y a que deux routes quittant Bonifacio : la N196 à destination de Propriano (côte ouest) et la N198 vers Porto-Vecchio (côte est). Toutes deux sont des routes à grand trafic, mais j’ai choisi la N198, car elle monte un peu moins, est plus droite et on peut la quitter après 12 km par une petite route, la D59. Ces 12 km sont toutefois, comme on peut s’y attendre, détestables – serrez votre casque, portez un gilet réfléchissant même en plein jour, guettez les poids lourds et les fous du volant dans votre rétroviseur et… pédalez vite !
Tout change dès que l’on a quitté cette foutue route : la D59 est déserte et silencieuse, s’élève lentement dans les collines en direction du nord.
Après Sotta, on attaque le col de Bacino sur un goudron noir foncé (!) tout neuf et bien exposé au soleil : il fait bon chaud ici. Il y a quelques magnifiques points de vue jusqu’à la mer qui aident à oublier un peu la chaleur extrême et la soif – la première jolie fontaine de cette traversée corse s’étant hélas révélée à sec, ou presque.
Dans la descente, on traverse le joli village de Carbini à proximité duquel se trouve l’église San Giovanni, datée du XIIe siècle et construite dans le style pisan.
La descente se poursuit, puis il faut évidemment remonter pour atteindre Levie et son gîte d’étape bien pratique (tél. 04 95 78 46 41 et 06 22 31 25 09), très fréquenté par les randonneurs qui font le sentier traversant l’île de côte à côte. L’hébergement risque d’être complet si vous arrivez tard.
J’ai bien aimé l’étape entre Levie et Ste-Lucie-de-Tallano dont quelques passages offrent un beau panorama sur les versants densément boisés de la vallée du Fiumicicoli. Par ailleurs, Ste-Lucie est un beau village où l’on peut faire quelques provisions avant de continuer sur des petites routes toujours quasi-désertes qui ne cessent de monter et descendre, dans un environnement tout vert.
Après Aullène, la route remonte la vallée à peu près inhabitée du Coscione. On aperçoit au loin, sur l’autre versant et au-dessus de la limite de la forêt, la partie sommitale du col de la Vaccia (1193 m) que l’on est en train de gravir.
Les véhicules sont rares en ces parages, mais pas les cochons…
La descente qui suit est longue et très agréable : il y a près de 15 km pour seulement 450 mètres de dénivelé négatif jusqu’à Zicavo. En cette mi-journée, après 43 km de route dans la chaleur (39 degrés ce jour-là), il m’est arrivé quelque chose de totalement inédit : j’ai failli, à plusieurs reprises, m’endormir sur mon vélo dans cette descente ! C’est à chaque fois dans un véritable sursaut que je me suis rendu compte de ce qui m’arrivait et du risque que cela comportait, à 40 km/h, dans les virages et alors que du trafic pouvait arriver en face. Je me suis arrêté pour manger quelque chose, boire et, après avoir repris la route, me suis donné des gifles jusqu’à Zicavo, où j’ai sombré une demi-heure sur un banc avant que le soleil ne m’en chasse.
Restait encore à franchir le col de Verde, point culminant de la balade corse, à 1289 mètres d’altitude. Fort heureusement, le risque d’accident en cas d’endormissement dans la montée est nettement moins préoccupant… Quelques kilomètres après Cozzano, la pente s’accentue et la route déroule d’innombrables lacets dans une forêt magnifique autant que rafraîchissante, dans laquelle on traverse plusieurs ruisseaux aux eaux claires.
Dans la descente au-delà du col de Verde, on bénéficie à gauche d’un beau panorama sur le massif du Monte Renoso (2352 m) et à droite sur d’étonnantes formations rocheuses dont la plus emblématique, surplombant le village de Ghisoni, est le Rocher de Christe-Eleïson.
Après une nuit au gîte d’étape de Ghisoni, un détour s’impose pour éviter de devoir rouler sur la nationale de l’intérieur, la N193 (Ajaccio-Corte-Bastia). La traversée sur la D344 des défilés successifs des Strette et de l’Inzecca est magnifique et l’on ne regrette pas un instant les kilomètres supplémentaires dans un tel environnement où apparaît encore, vers l’arrière, le massif du Monte Renoso.
À l’issue du défilé des Strette, on longe une retenue d’eau, le lac d’Alzitone, avant de s’engager dans le défilé de l’Inzecca, bien plus impressionnant que le premier.
Il ne faut pas rater la bifurcation avec la D344A à gauche qui nous permet de rejoindre la route de Vezzani (D343). Ce « raccourci » se rétrécit et finit par ressembler à un petit chemin de brousse – juste parfait pour nous autres cyclistes !
Une fois de plus, on remonte en direction de Vezzani et d’un col sans nom à proximité, à environ 810 mètres d’altitude. Dans la descente, on fait plusieurs fois face à des montagnes massives et plutôt rocheuses sur les flancs desquelles quelques villages sont accrochés, probablement le long de la nationale 193. D’après la carte, je pense qu’il s’agit du Monte Cardo (2453 m).
Suivant le conseil d’un cycliste corse rencontré un peu plus tôt, j’ai continué à descendre jusqu’à atteindre la N200, plutôt que de remonter vers Venaco et la N193. J’ai parcouru 9 km sur la N200 où le trafic est modéré (attention quand même dans les courbes en montée), avant de filer sur la D39 qui chemine parallèlement mais est beaucoup plus tranquille.
Il n’y a rien à faire à Corte, sinon se ravitailler, mais on y retrouve la horde des touristes qu’on avait quittée peu après Bonifacio.
Le passage par le col d’Ominanda (654 m) permet d’éviter encore 13 kilomètres sur la N193 en direction de Ponte Leccia. L’environnement est désormais plus aride et les arbres se font rares.
À partir de Francardo, on doit rouler 7-8 km sur la N193, mais la route est assez large et le tracé sans trop de virages permet de bien surveiller le trafic qui arrive derrière. Il y a quelques hôtels à Ponte Leccia et des supermarchés le long de la nationale.
La dernière journée nous conduit jusqu’à Bastia par le col de Bigorno (885 m) et le défilé de Lancône, sur des routes étroites et pour la plupart très peu fréquentées. Ayez suffisamment d’eau et de nourriture au départ. La montée débute à 2 km de Ponte Leccia lorsqu’on quitte la N197 : la D105 s’élève rapidement au-dessus de la vallée, puis virevolte dans une belle série de virages en lacet avant d’atteindre le village de Carnavaggia.
La route redescend ensuite un peu jusqu’à Lento puis Bigorno où l’on trouve, à la sortie du village sur la route du col, une fontaine appréciée.
La route du col de Bigorno est par endroits assez dégradée, mais comme on progresse en montée à l’allure de l’escargot, cela ne pose aucun problème. La partie sommitale est exposée au sud et l’on n’y voit pas la trace d’un arbre, par conséquent mieux vaut ne pas avoir oublié de remplir ses bidons à la dernière fontaine…
L’arrivée au sommet dévoile de l’autre côté un paysage encore un peu plus aride et totalement inhabité jusqu’à Murato. Il y a de nouveau un peu de trafic sur la route, car les touristes viennent voir l’église San Michele, de style pisan, qui se trouve juste à la sortie de Murato.
Il reste alors à profiter pleinement de la descente à travers le défilé de Lancône qui nous ramène sur la côte orientale.
Je me suis perdu au milieu des villas de l’horrible urbanisation appelée Biguglia, pour éviter de rouler sur la nationale, mais mieux vaut prendre celle-ci sur environ 1 km et la quitter à gauche au premier rond-point. La fin du parcours jusqu’au centre de Bastia est laide à souhait, comme autour de toutes les villes françaises, non balisée (orientation parfois peu aisée), mais heureusement pas trop dangereuse.
On retrouvera le sourire après avoir acheté son billet de ferry pour le continent, promesse de quelques jours de repos à l’abri, espère-t-on, de la canicule. Le vieux port est assez joli, mais j’étais tellement épuisé par la route et cuit par le soleil que je suis rapidement allé m’asseoir sur un banc à l’ombre où je suis resté 6 heures de suite sans bouger…
Lorsque le ferry a finalement pris la mer, j’ai admiré les reliefs du Cap Corse que nous avons longé avant de mettre le cap sur Toulon.
Bonjour,
Je souhaite faire la Francigena a vélo de route début juin, puis enchaîner avec ton parcours en Sardaigne et Corse, et revenir par les Alpes ou le Piémont. As-tu fait la Francigena en vélo de route et si oui, as-tu suivi le parcours qui est disponible sur http://www.viefrancigene.org/fr/bicicletta/
Certaines portions du tracé ne me paraissent pas idéales pour un vélo de route (chemins en terre, etc.). Qu’as-tu fait?
Pour la Sardaigne et la Corse, est-ce que les fichiers GPS que tu donnes englobent tout ton parcours?
Mille mercis.
Philippe
Bonjour Philippe et merci pour ton message.
Comme tu peux le lire dans l’intro de mon article sur la Francigena, je considère qu’un VTT est indispensable pour suivre l’itinéraire que nous avons parcouru entre Martigny et Rome. Le site viefrancigene.org dont tu donnes le lien ajoute la possibilité de partir avec un VTC, mais ne mentionne pas le vélo de route. Il y a en effet de nombreux passages hors goudron permettant de fuir le trafic dangereux des routes italiennes, mais le terrain est parfois rude, en particulier pour un vélo chargé, et certaines sections sur graviers pointus mettent les pneus (et les nerfs du cycliste-réparateur) à rude épreuve…
Comme mentionné également, notre itinéraire « comprend une alternance de parcours sur la VF [chemin piéton officiel], de tronçons « VF bici » sur petite route [itinéraire cycliste décrit sur le site dont tu donnes le lien] et de sections de liaison « inventées » au fil du chemin, parfois sur grande route, lorsque nous jugions celle-ci suffisamment sûre, et dont le but premier était de nous permettre d’avancer un peu plus vite. » Il est indispensable d’avoir un GPS allumé et une bonne application pour suivre l’itinéraire « VF bici », car celui-ci n’est PAS balisé sur le terrain. Lors de notre voyage, nous nous sommes contentés de vérifier notre position de temps en temps sur Google Maps, ce qui n’est pas pratique et requiert du transfert de données payant.
En ce qui concerne la Sardaigne et la Corse, oui, mes fichiers GPS correspondent exactement au parcours décrit dans l’article. Tu peux les tester dans ton GPS avant de partir.
J’espère que ces informations te seront utiles et te souhaite une bonne préparation.
Merci beaucoup pour ces précisions.
Bonjour,
J’ai encore deux questions: est-ce que ton itinéraire en Corse est entièrement sur route asphaltée, et est-ce que l’on trouve à se loger tout au long du parcours, en B&B, chambre d’hôte ou logement chez l’habitant? Je vais voyager sans équipement de camping.
Un grand merci par avance.
Philippe
Oui, mon parcours Corse reste sur le goudron, mais celui-ci est parfois bien défoncé sur les plus petites routes… Oui encore pour l’hébergement durant les 3 nuits. Clique sur le titre de la carte et tu trouveras sur bikemap un marqueur pour les 3 endroits où j’ai passé la nuit (2 gîtes d’étape et un hôtel pas cher). Je ne peux toutefois pas garantir qu’il existe des solutions dans tous les bleds le long de cet itinéraire.
Merci pour ta réponse !
Oui je pense que c’est compliqué de faire de la randonnée dans ces conditions, je pense éventuellement à la possibilité de solliciter du CouchSurfing à proximité des lieux de rando, quant au sac à dos, je n’envisagerais pas de le garder sur le dos durant les trajets à vélo mais de l’attacher sur le porte bagage, mais en meme temps, j’ai déjà des sacoches, donc autant les utiliser…à voir.
Merci encore pour tes réponses,
Bonne journée
Bonjour et bravo pour le site et les superbes voyages que tu as effectué !
Je prévois avec quelques amis de partir cet été en vélo pour la Corse et la Sardaigne, pour environ 15j.
Je note que tu n’as pas parcouru le littoral en Corse ou encore le sud de la Sardaigne (Cagliari etc).
Aurais tu des conseils à ce niveau ? Mieux vaut se concenter sur le nord de la Sardaigne ou c’était juste une question de temps ?
Quant à la corse, conseilles tu d’éviter de suivre la cote ?
Merci d’avance et profites bien du prochain
Bonjour Anthony et merci pour ton message.
Le parcours que j’ai effectué sur les deux îles tient compte de deux éléments principaux : la durée, ainsi que la volonté d’éviter le trafic et les hordes de touristes de l’été. Durée, car j’avais déjà la Via Francigena dans les jambes (Suisse-Rome, 1060 km), par des températures caniculaires. Quant au besoin de fuir les foules, c’est chez moi une marque de fabrique.
En Corse, je n’ai suivi le littoral que quelques kilomètres à la sortie de Bonifacio sur une route infernale, puis à l’arrivée à Bastia, à travers des lotissements immondes. Je ne connais rien du reste et peut-être existe-t-il ici ou là des petites routes tortueuses tranquilles le long de la côte ? Quoique en été… Ceci dit, l’intérieur est magnifique et authentique, donc ça n’a pas été pour moi un problème de ne pas suivre la mer.
En Sardaigne, je ne connais effectivement pas le sud et ne vois aucune raison de ne pas aller y faire un tour si on n’est pas trop épuisé par la route et la chaleur. La route côtière au départ d’Olbia vers le sud est une saloperie dangereuse à éviter absolument. Par contre, j’ai pu rouler le long du littoral occidental entre Bosa et Alghero (trafic modéré en journée quand les foules sont sur les plages à se faire griller), ainsi qu’entre Porto Torres et Castelsardo (sans intérêt). Ayant vu un peu des deux (la côte et l’intérieur), mon coeur penche largement pour l’intérieur, en particulier la région montagneuse entre Budoni et Laconi.
Essaie de trouver d’autres infos, par exemple sur le Forum consacré au voyage à vélo sur le site du magazine Carnets d’Aventures.
Bonne préparation et bonne route !
Merci beaucoup pour la réponse !
Bonne journée
Salut ! Dis moi, une question bete mais…il faut que je la pose.
Bien que faisant le voyage à vélo, j’aimerais faire de la randonnée à pieds sur le Monte Cinto etc. As tu une astuce concernant le port des sacoches dans cette situation ?
L’idée de m’interdire quelques virées dans les montagnes pour cette raison me dérange pas mal, au point d’opter pour le port d’un sac à dos que j’accrocherais au porte bagages.
Merci d’avance
Salut Anthony,
j’imagine que tu envisages de laisser le vélo et une partie des bagages en sécurité avant de partir en rando dans la montagne pour la journée avec un équipement réduit…?
Personnellement, j’emporte toujours un sac à dos en voyage, pour les éventuelles balades à pied, ainsi que les achats de nourriture en fin de journée. La plupart du temps, ce sac est vide et juste attaché avec un tendeur sur mon porte-bagages. Sa contenance est de 18 litres. Les sacoches que je connais ne sont pas transportables sur une grande distance à pied, mais je crois qu’il en existe qui peuvent se transformer en sac à dos – reste à voir si le truc est suffisamment confortable pour une marche en montagne. Quant à voyager à vélo avec un sac chargé sur le dos, je te le déconseille vivement.
J’espère avoir répondu à ta question.