Avec sa capitale Copenhague régulièrement classée au premier ou deuxième rang des villes les plus « cyclophiles » du monde, sa côte ouest battue par les vents de la mer du Nord et ses 11’000 kilomètres de routes cyclistes nationales et régionales, le Danemark mérite bien un (ou plusieurs) voyage(s) !
Dans cette extrémité méridionale de la Scandinavie, la population se montre généralement un peu moins réservée qu’en Norvège et surtout qu’en Suède. La communication est facile, car la plupart des gens parlent aussi l’anglais. Dans les hébergements situés le long des itinéraires officiels, il n’est pas rare de croiser des cyclistes étrangers, y compris des camarades « latins », les uns attirés par le côté (modestement) nordique, les autres par un réseau cyclable balisé et quasiment plat (mais ils oublient le vent) ou encore la possibilité de faire le tour du pays en 2 ou 3 semaines…
Distance parcourue dans le pays : 1250 km
Années de voyage : 2011, 2013 et 2018
Routes et voies cyclables
A l’instar de ce qui se fait chez le grand voisin allemand, les autorités danoises tentent d’écarter autant que possible les vélos du réseau routier.
Dans les villes, les aménagements cyclables en site propre sont très développés et il est rare que l’on roule à côté des voitures. Toutefois, la densité impressionnante de cyclistes, ainsi que la rapidité de cette circulation silencieuse, requièrent une attention de tous les instants, en particulier à Copenhague où le nombre de vélos (265’700) a dépassé fin 2016 celui des voitures (252’600). Ne sous-estimez pas ce défi-là, lorsque vous arrivez de nos contrées arriérées en matière de mobilité : sur les grands axes cyclistes de Copenhague aux heures de pointe, vous n’aurez pas souvent la possibilité de tenir compte de la signalisation, ni de consulter votre plan ou de jeter ne serait-ce qu’un coup d’œil à votre GPS ! Mieux vaut donc définir votre itinéraire à l’avance ou vous préparer à vous arrêter sur le trottoir – si les nombreux vélos circulant autour de vous l’autorisent…
Si vous souhaitez en savoir davantage sur le trafic cycliste et la politique de la mobilité dans la capitale danoise, voici un article intéressant du Guardian, en anglais : Two-wheel takeover […]
Vous trouverez dans les liens suivants des idées de destinations cyclistes pour votre prochain séjour à Copenhague :
Biking in Copenhagen (visitcopenhagen)
Day trips from Copenhagen by bike (Routes North)
Au-delà des villes, le Danemark possède un réseau développé de routes cyclistes nationales et régionales. Selon Eurovelo, la longueur totale des itinéraires balisés atteint 11’000 km, de quoi satisfaire même les voyageurs les plus endurants. J’ai pour ma part parcouru les routes suivantes :
- la Vestkystruten (n°1) en entier
- une courte section de la Østkystruten (n°5) dans le Nord
- la Hærvejsruten (n°3) presque en entier
- une petite partie de la route Helsingør – Gedser (n°9)
Vous pouvez visionner une carte interactive ici et acquérir des cartes papier là (carte nationale au 1:500’000 et cartes régionales au 1:100’000). Notez qu’il existe parfois des différences entre les cartes en ligne ou papier et le parcours sur le terrain.
Les routes cyclistes officielles empruntent toutes sortes de voies à travers le pays : routes goudronnées à faible trafic, pistes cyclables le long des nationales, chemins agricoles ou forestiers, sentiers…
Ces itinéraires sont relativement bien balisés, mais comme toujours un GPS vous aidera en cas de doute ou de sortie involontaire du parcours officiel. Dans la campagne, on fait parfois des détours importants pour éviter les routes avec trafic motorisé, dont une partie sont carrément interdites aux vélos, comme le serait une autoroute.
Du fait des dimensions limitées du pays, ces détours sont tout à fait supportables quand ils s’effectuent sur des petites routes goudronnées silencieuses, de bonnes pistes de terre ou des sentiers. Par contre, il en va tout autrement de ces tronçons sur des pistes agricoles noyées sous une épaisse couche de gravier ! Les pneus du vélo chargé s’enfoncent et il arrive qu’on ne parvienne plus à tenir en selle, tant le pédalage requiert d’énergie pour rouler suffisamment vite et maintenir son équilibre. J’avoue avoir crié au vent mon incompréhension et ma colère à plus d’une reprise sur ces foutues sections-là, dont la longueur peut dépasser les 10 kilomètres sur Hærvejsruten (route n°3). Je ne vois en effet pas pour quelle raison obscure les Danois décident de répandre une telle quantité de gravier sur ces pistes, qui seraient roulantes et rapides sans ce traitement stupide. Parfois, il subsiste une étroite bande sans gravier sur le bord du chemin et une conduite « chirurgicale » peut permettre d’y rouler. Sinon, il n’y a plus qu’à pousser le vélo à 3 ou 4 km/h sous le soleil, sur ce qui est considéré comme un itinéraire cycliste…
Enfin, si les montées sont rares, le vent souffle pour ainsi dire en continu, et toujours dans la mauvaise direction, même à l’intérieur des terres. Par conséquent, ne surestimez pas votre rayon d’action quotidien ni votre vitesse moyenne (17.6 km/h pour ce qui me concerne en 2018).
Hébergement
Contrairement à la situation qui prévaut en Suède, il n’est pas permis de faire du camping sauvage n’importe où au Danemark. Il existe toutefois un peu partout des emplacements très simples prévus pour les tentes et même des abris en bois (étanches à la pluie) dans lesquels on peut étendre son sac de couchage pour la nuit. Ni eau potable, ni toilettes à disposition, par conséquent il faut être ravitaillé et respecter au maximum l’hygiène du lieu – mais la nuit sera bon marché : gratuite ! Vous trouverez une carte interactive de ces emplacements ici (en danois). Cliquez sur le menu « Overnatning », puis choisissez l’une des trois options : « Frit teltningsområde » (zones où l’on peut monter sa tente), « Stor… » et « Lille lejrplads » (grandes et petites zones de loisirs avec abri). Vous pouvez également télécharger l’application Shelter (Android/iOS). Il n’est pas possible de réserver ces emplacements, donc c’est la règle du premier arrivé, premier servi qui s’applique.
Ceux qui comme moi ont besoin d’une douche le soir se rabattront sur les campings, nombreux sur les côtes, un peu moins à l’intérieur, mais étant données les distances modestes on parvient normalement toujours à en trouver un en fin de journée.
Les campings danois sont bien équipés et possèdent la plupart du temps une ou plusieurs cuisine(s) commune(s), mais certains sont démesurés et ressemblent à de véritables usines à touristes, en particulier sur les côtes ou à proximité d’un plan d’eau. Par ailleurs, assurez-vous de choisir un emplacement distant des installations de jeux pour les enfants ou du terrain de foot si vous souhaitez dormir avant minuit : les Danois sont en effet très libéraux avec leur progéniture, en tout cas durant les vacances, et il n’est pas rare que des groupes d’enfants et d’ados jouent bruyamment jusqu’à une heure très avancée. Rappelons en outre que la nuit tombe évidemment plus tard au Danemark qu’en Suisse ou en France, ce qui n’encourage pas les familles à mettre leurs enfants au lit…
Il est nécessaire d’acheter une carte « Camping Key Europe » pour passer la nuit dans les établissements affiliés au « Danish Camping Board ». Valable durant l’année civile en cours, cette carte coûte environ 110 DKK et peut être acquise à la réception du premier camping ; elle est acceptée dans les autres pays scandinaves. L’obligation de détenir cette carte fait débat et pourrait de fait être prochainement abolie.
En 2018, j’ai payé entre 90 et 150 DKK par nuit (une personne et une tente). Il est généralement plus élevé en bord de mer qu’à l’intérieur.
Plus d’infos sur le camping au Danemark dans cet article (en anglais).
La meilleure alternative au camping, pour les soirées fraîches et humides, est l’auberge de jeunesse. Le réseau DanHostel possède de nombreux établissements à travers tout le pays : voir la carte ici. Du 1er juillet au 15 septembre, tous les hostels danois proposent un hébergement collectif sous la forme de lits en dortoir, mais parfois aussi des chambres. Le tarif pour une personne démarre à 150 DKK pour les auberges de jeunesse les moins chères. Une cuisine commune et une salle à manger sont à disposition des hôtes. Le matin, on peut prendre un petit-déjeuner complet : à réserver le soir et à payer en plus du tarif de la nuit (compter entre 45 et 70 DKK). Certains hostels proposent également le repas du soir.
La carte de membre des auberges de jeunesse (Hostelling International) offre un rabais sur le tarif de la nuit. Elle est vendue 33 CHF en Suisse.
Il existe évidemment d’autres solutions d’hébergement au Danemark, mais elles ne conviennent pas à mon budget limité, donc je n’y recours pas et n’en parle pas.
Alimentation
Les magasins d’alimentation proposent les mêmes produits que partout ailleurs en Europe, à un prix légèrement plus élevé que plus au sud du continent. Les supermarchés ouvrent généralement jusqu’à 21 heures du lundi au vendredi, un peu moins tard le samedi. Dans les villes, certains commerces sont également ouverts le dimanche.
Les voyageurs qui arrivent de Suède ou de Norvège apprécieront de retrouver de vraies bières pour la soirée dans l’herbe à côté de la tente, ainsi que des boulangeries et des cafés – comme en Allemagne.
Dans la campagne, les commerces sont rares et même si les distances entre les villes sont ici bien moindres qu’en Suède, mieux vaut transporter quand même un peu de ravitaillement.
Transports publics
Il est possible de charger son vélo dans la plupart des trains du réseau des DSB, toutefois les conditions varient selon le type de train : transport du vélo gratuit dans les « S-tog », payant dans les trains régionaux (« Regionaltog »), InterCity et InterCityLyn. En outre, du 1er mai au 31 août, une réservation pour le vélo est obligatoire dans les trains InterCity et InterCityLyn. Notez que la plupart des trains longue distance sont très remplis durant l’été, en particulier ceux en direction de l’Allemagne via Flensburg, par conséquent il est peu probable que vous trouverez une place pour votre vélo sans avoir effectué de réservation à l’avance. Par ailleurs, les gares des petites villes n’ont souvent plus de guichet, y compris lorsque les InterCity s’y arrêtent encore : vous devrez donc vous débrouiller avec le distributeur de billet, mais sans pouvoir y effectuer de réservation… ce qui vous empêchera d’accéder au train, même si vous avez acheté un billet ! Quant à obtenir des renseignements en gare, oubliez. C’est toute la magie du monde de demain et de l’aliénation numérique dans laquelle nos amis scandinaves sont déjà plus engagés que nous.
Les infos complètes sur les conditions de transport des vélos dans les trains DSB sont ici, mais il vous faudra lire le danois. Si vous comprenez mieux l’anglais, consultez cet article.
En dehors des trains, les seuls autres transports auxquels j’ai eu recours au Danemark sont les ferries – pour traverser vers la Norvège et la Suède, mais il existe également quelques lignes domestiques. Étant donnée la taille des bateaux et de leurs garages, on parvient toujours à embarquer avec son vélo, même lorsqu’on arrive au port au dernier moment.
Climat
Principalement influencé par la proximité des mers, le climat du Danemark est tempéré. Des variations importantes se produisent toutefois au cours de l’été et l’on peut tout aussi bien avoir des journées grises durant lesquelles la température dépasse difficilement les 15 degrés qu’une série caniculaire, comme par exemple durant l’été 2018 (moyenne des maxima quotidiens établie à 31.5 °C).
Donc : allez-y pour voir.
Au-delà de la couleur du ciel et de la température, que je n’ai personnellement jamais jugées catastrophiques durant l’été au Danemark, l’élément météo qui m’a le plus marqué est le vent, quasi permanent en journée. Lors de mon dernier voyage en 2018, il a soufflé du secteur sud-ouest durant toute ma traversée du pays vers le sud, de Frederikshavn à Flensburg, si bien qu’il m’a donné pas mal de fil à retordre sur environ 450 km.
Vous trouverez des tableaux de température et de précipitations, ainsi que d’autres infos sur le climat danois sur les sites ci-dessous :
levoyageur.net
guidevoyages.org
climatestotravel.com (en anglais)
Budget indicatif (taux de change mai 2019)
Si vous dormez au camping et ne mangez pas au resto, prévoyez environ 240 DKK par jour, soit 37 CHF ou 33 EUR. Les frais d’hébergement comptent pour 36% de ce budget quotidien.
Divers
Dans mon souvenir, il n’y a ni moustiques, ni midges au Danemark, ce qui est un sérieux avantage par rapport à la Suède. Le vent y est sans doute pour quelque chose…
Le Danemark en quelques chiffres
Superficie : 43 094 km2
Population : 5 781 190 habitants (janvier 2018)
Densité : 134 hab./km2