La France à vélo

La France est selon moi LE pays du cyclotourisme en Europe, en raison de la variété des environnements naturels qu’on rencontre du nord au sud et d’est en ouest, de l’existence de vastes régions montagneuses peu peuplées, et de la grande densité de son réseau routier secondaire, dont une partie est pratiquement dépourvue de trafic.

Distance parcourue dans le pays : plus de 20’000 km (voyages uniquement)

Dates des voyages : 2005, 2006, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2014, 2015, 2016, 2017, 2022, 2023.

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Routes et voies cyclables

Suite à l’application en 2004 d’une énième loi de décentralisation, le réseau routier français ne comprend plus que quelques rares routes nationales : la plupart des routes sont aujourd’hui gérées par les départements et donc qualifiées de « départementales » (RD ou D en abrégé). Parmi ces départementales, on trouve à la fois des routes à trafic très important et d’autres pratiquement désertes – il est donc essentiel d’avoir avec soi des cartes détaillées pour éviter de se retrouver sur des voies dangereuses avec les camions et tout le reste.

Les meilleures cartes routières pour préparer son voyage et naviguer à travers le pays sont les Michelin de la série « Départemental », à l’échelle de 1:150’000. Chaque carte couvre deux départements et distingue clairement les routes en fonction de leur importance (et donc taux de trafic) ainsi que de la largeur de la chaussée.

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  • Les routes de couleur rouge sont à éviter autant que possible, mais il arrive qu’on soit obligé d’y rouler quelques kilomètres, en particulier dans les vallées alpines lorsqu’il n’y a pas d’alternative ; dans ce cas, privilégier les horaires à moindre trafic, comme le matin avant 8 heures ou la mi-journée (midi à 13h30) et porter un gilet de sécurité jaune ; quand la route est large et comporte une bande d’arrêt d’urgence, le risque est évidemment diminué.
  • Les routes de couleur jaune peuvent être dangereuses, notamment aux heures de pointe lorsque la chaussée est étroite et le parcours sinueux, mais certaines conviennent tout à fait au cyclotourisme.
  • Les routes de couleur blanche constituent le Graal du voyageur à vélo : la plupart du temps silencieuses, reliant des villages authentiques à travers la campagne, on y roulera en toute sécurité.

Par ailleurs, la signalisation est bonne et toutes les routes sont numérotées, ce qui est très pratique pour les voyageurs : suivre telle ou telle départementale pendant plusieurs dizaines de kilomètres se révèle en effet souvent plus facile que d’enchaîner les noms de petits villages ou de lieux-dits qui n’apparaissent parfois pas même sur les cartes les plus détaillées. Les numéros des routes figurent sur les panneaux de direction, sur les bornes kilométriques et sur les cartes Michelin. Outre les rares Nationales (RN ou N) et départementales déjà mentionnées, il existe des routes communales (VC ou C) et des voies forestières (VF).

En raison de la qualité de la signalisation et des cartes routières, il n’est pas vraiment nécessaire d’avoir un GPS en France, sauf peut-être pour localiser les hébergements si vous avez une bonne application (celle-ci est selon moi la meilleure).

Le revêtement des routes française est la plupart du temps excellent, mais en été gare aux gravillons dans les secteurs en réparation, ainsi qu’au bitume fondu très glissant !

FrancePour ce qui concerne la sécurité, je considère que les routes françaises à faible trafic sont globalement plus sûres que les routes suisses de gabarit équivalent, pour une seule et unique raison : les contrôles policiers sont plus fréquents dans l’Hexagone et la législation y est plus sévère (permis à points, montant des contraventions par rapport au revenu moyen).

Les aménagements cyclables ne sont pas équitablement répartis sur le territoire et restent globalement de médiocre qualité en comparaison de ce qu’on trouve plus au nord de l’Europe ou en Suisse – mais la situation progresse tout de même, lentement. Les départements proche de l’Allemagne (Alsace) sont logiquement très bien pourvus en pistes cyclables. Dans le reste du pays, on trouve quelques itinéraires cyclistes longue distance balisés, mais ils comprennent encore des tronçons dangereux dans le trafic. Ces parcours suivent la plupart du temps les vallées et cours d’eau et sont rares voire inexistants dans les régions de montagne.

J’ai personnellement roulé sur les itinéraires « officiels » suivants : ViaRhôna, Véloroute de la vallée du Lot, Véloroute du Canal des Deux Mers, La Loire à vélo (Eurovélo 6), le Tour de Bourgogne et l’Avenue Verte (Dieppe-Paris). S’il est très agréable de rouler principalement hors du trafic motorisé, on finit toujours par ressentir une certaine lassitude à se cantonner le long du fleuve ou sur le chemin de halage du canal : on ne traverse pas les villages, on ne voit rien du pays (on roule logiquement au fond de la vallée, souvent dans un tunnel de verdure – agréable en été, mais opaque) et à l’approche des localités la voie est souvent encombrée par les promeneurs, leurs chiens, les familles à vélo, en trottinette, skateboard ou roller.

Chacun se forgera sa propre opinion. Moi, je préfère filer vers le relief sur les petites départementales sinueuses et silencieuses que je déniche sur ma carte Michelin – tout en appréciant de temps à autre de pouvoir rouler en écoutant de la musique sur l’une ou l’autre voie verte.

Plus d’infos sur les itinéraires cyclables sur le site de France Vélo Tourisme.

En milieu urbain, les pistes cyclables « Made in France » sont souvent pourries : étroites, jonchées de tous les déchets qui aboutissent sur la chaussée (gravier notamment), jamais balayées, presque jamais prioritaires sur les routes débouchant de droite même lorsqu’elles bordent une route principale, régulièrement coupées de bordures de trottoir non biseautées ou de dangereuses bouches d’évacuation des eaux de pluie… une vraie catastrophe ! Heureusement qu’on ne va pas rouler dans les villes !

Bonne nouvelle : après avoir traversé Paris et Lyon en 2023, je note que la situation s’améliore rapidement et que les aménagements cyclables sont de plus en plus nombreux et bien réalisés. Je me demande même si les villes de Suisse romande ne sont pas désormais à la traîne, en matière de mobilité douce et de sécurité, derrière les métropoles françaises…

Hébergement

La France est sans doute l’un des pays d’Europe à plus forte densité de campings, en tout cas pour ce qui concerne la moitié sud. On trouve donc facilement à se loger, même dans de petits villages, même au fin fond de la campagne – le problème reste de dénicher quelque chose à manger.

Il existe deux catégories principales de campings : les terrains municipaux, gérés par la commune dans le but de retenir quelques visiteurs au village, et les établissements privés, qui sont avant tout des entreprises commerciales à but lucratif. Si vous préférez les terrains de taille modeste, la simplicité, le calme et les séjours économiques aux usines à touristes, animations bruyantes, piscines et tarifs exorbitants, vous choisirez les campings municipaux (compter entre 4 et 11 Euros la nuit pour une personne avec une tente). La plupart des établissements proposent un forfait « cycliste » ou « randonneur » bon marché, mais on vous demandera parfois de payer le tarif « emplacement + 2 personnes + bagnole », ce qui est tout à fait injuste – n’hésitez pas à le signaler au personnel !

Évidemment, plus vous êtes proche de la mer ou de lieux touristiques, plus vous paierez des prix débiles. C’est d’ailleurs un peu la règle en Provence (Drôme du sud, Vaucluse, Bouches-du-Rhône), dans le Gard et sur la côte Atlantique, tandis qu’on vous accueillera avec un grand sourire et des tarifs très bas dans tout le Massif Central.

Notez que les « Villages de vacances », qui ressemblent souvent à des campings lorsqu’on les voit depuis la route, n’acceptent généralement que les membres affiliés ou des groupes.

Les gîtes d’étape (à ne pas confondre avec les « gîtes de vacances » ou « gîtes ruraux ») constituent une bonne alternative au camping lorsque la météo est capricieuse : pour une quinzaine d’Euros, on passe la nuit au sec dans un dortoir et on démarre plus vite le matin (pas de tente à plier ni de sacoches à remplir…). On ne trouve hélas pas des gîtes d’étape partout, mais essentiellement à proximité des sentiers de Grande Randonnée (GR), comme par exemple le Chemin de Compostelle (GR65). Selon l’affluence et la saison, on vous proposera également le repas du soir et le petit-déjeuner. Si vous préférez préparer vos repas vous-même, une cuisine équipée et un frigo sont la plupart du temps à votre disposition.

Il m’est souvent arrivé d’avoir le dortoir pour moi tout seul, ce qui est très appréciable quand on n’aime pas particulièrement dormir au milieu d’autres gens, fussent-ils de bonne compagnie. Ceci dit, sur le GR65 en juillet-août, ce sera l’enfer avec des dortoirs systématiquement bondés et des aubes chaotiques dès avant le lever du soleil…

Il y a également des auberges de jeunesse en France. Elles offrent le même type d’hébergement que les gîtes d’étape, mais sont plutôt situées en ville. Parfois, on vous demandera votre carte de membre pour obtenir le tarif réduit. Plus d’infos sur les sites de Hi France et de la Ligue française des auberges de jeunesse.

Dans les petites villes, on trouve de temps à autre des B&B ou des chambres d’hôtel abordables pour les nuits d’orage et de tempête : compter 30-40 Euros pour une personne en single, moins pour chacun si vous êtes deux dans une double.

Les chambres d’hôtes ne m’intéressent pas en raison de leur prix exorbitant.

 

Alimentation

C’est connu : en France, on mange bien. Quand on trouve à manger !

Grand amateur de régions peu touristiques et peu peuplées, j’ai remarqué avec regret et parfois colère la disparition progressive des petites enseignes d’alimentation et des boulangeries dans de nombreux villages et petites villes. C’est le cas notamment dans le Massif central, mais aussi dans les montagnes de la Drôme ou du Jura. Dans ces régions, pensez donc à vous ravitailler si vous passez à proximité d’une épicerie ou d’un petit supermarché, même s’il est encore tôt pour penser au repas du soir.

Dans les abominables zones commerciales qui défigurent les abords de toute ville française, même modeste, on trouvera toujours un supermarché, mais les inconvénients sont nombreux :

  • il faut laisser le vélo et les bagages sans surveillance
  • plus le supermarché est grand, moins on trouvera ce qu’on veut et plus on sortira dégoûté par la surabondance et son corollaire, l’hyperconsommation
  • on ne veut pas faire provision de malbouffe encartonnée dans les enseignes de la sous-culture du low-cost (et gros profits pour les actionnaires) : Lidl, Aldi, Leader Price et consorts, qui ne vendent que des trucs dégueu – testez si vous ne me croyez pas
  • le service à la caisse est en règle générale bien plus lent qu’ailleurs en Europe, soit parce trop peu de caisses sont ouvertes, soit parce que le personnel ne fait pas preuve d’une grande efficacité, soit encore parce que les prix ne sont pas corrects…

Les commerces d’alimentation sont généralement ouverts en semaine jusqu’à 19h ou 20h, ainsi que le dimanche matin. Ils sont fermés le lundi matin, sauf dans les grandes villes et les lieux touristiques – mais comme on n’y met pas les pieds…

Si comme moi vous aimez le bon pain (et les « viennoiseries » au petit déj), soyez patient à la boulangerie : le dimanche matin, vous attendrez un quart d’heure, un peu moins en semaine – sauf si la boulangère est en plein « bonimentage » avec un ou une client-e, sans aucune considération pour vous qui attendez. Il m’est arrivé de quitter la boulangerie sans avoir rien acheté, parce que si je sais faire preuve de patience et de politesse, je n’admets pas le mépris – la vie est courte et le temps précieux.

Allez, quand on trouve ce qu’on veut sans perdre trop de temps, c’est la fête dans l’herbe à côté de la tente : bon pain, bons fromages, bons yaourts, bons fruits, bonnes salades, et un (ou deux) verres de Côtes-du !!!

 

Transports publics (train)

Il est possible de charger son vélo gratuitement dans la plupart des trains régionaux français (TER) et, moyennant un supplément d’une dizaine d’Euros, dans certains TGV et trains Intercités. On trouvera des informations à jour sur les sites suivants :

SNCF – Voyagez avec votre vélo
Francevelotourisme – Vélo et train
Trainline – SNCF

Les voyages en train sont la plupart du temps agréables et sans complication, sauf aux heures/jours de grande affluence. Les contrôleurs font preuve de tolérance et le wagon finit parfois si inextricablement plein de cyclistes avec monture et bagages que plus personne ne peut bouger, que la porte des toilettes est condamnée et qu’il vaut mieux ne pas devoir descendre avant le terminus de la ligne (et le débarquement de tous les autres, libérant votre cher vélo qui était tout au fond puisque vous avez embarqué à l’origine de la ligne et que la horde est arrivée plus loin…). Il m’est arrivé de vivre des moments stressants dans ce genre de situation.

 

Climat

En été, il fait évidemment très chaud dans le sud. A Pâques, il m’est arrivé de rouler sous la neige dans les montagnes de Lozère… Plus d’infos sur le climat français sur Wikipédia. Pour les prévisions, voir le site de MétéoFrance – si possible avec un bloqueur de pub ! L’application MétéoFrance pour téléphone est pourrie…

 

Budget indicatif

Selon le type d’hébergement, et sans manger au restaurant, compter entre 35 et 45 Euros par jour, hors frais de transport. Si vous dormez la plupart de temps au camping, l’hébergement représentera environ 25% du budget.

 

Divers

Comme ailleurs, toutes les régions ne se valent pas. Pour ma part, j’aime énormément le Massif Central, soit la région délimitée au nord par la Creuse et l’Allier, à l’est par la vallée du Rhône, au sud par les Cévennes et à l’ouest par les causses du Quercy. Parmi mes départements favoris figurent l’Ardèche, la Haute-Loire, la Lozère, le Cantal. Plus près de chez moi, je roule toujours avec grand plaisir dans les montagnes du Jura (Ain, Jura, Doubs) et dans l’ouest et le sud de la Haute-Savoie. Quant aux régions préalpine et alpine, elles sont difficiles d’accès, car il faut généralement transiter par de dangereuses routes à grand trafic dans les fonds de vallée – je privilégie donc les Alpes suisses où l’on trouve une meilleure offre en transports publics acceptant les vélos.

Il y a généralement du wifi gratuit dans les campings, à proximité du bureau de réception. Par contre, je ne suis jamais parvenu à me connecter sur les réseaux urbains…

On trouve des déchetteries à la périphérie des localités, mais à part le verre, bonne chance pour comprendre dans quel container déposer tel ou tel type de déchet !

Un livre recommandé à tous les amoureux (lucides) de la France rurale : Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson, Gallimard, 2016. Par un auteur et voyageur français. Emmenez-le avec vous sur les petites routes silencieuses de l’Hexagone !

 

La France métropolitaine en quelques chiffres

Superficie : 551’695 km2
Population : 65.1 millions d’habitants (2020)
Densité : 117 hab./km2 (mais 15 en Lozère :-))

4 réflexions sur « La France à vélo »

  1. Les automobilistes sont généralement assez sympa et respectent l’interdiction de dépasser à moins de 1,50 m d’un cycliste. Une assez jolie route que je recommande : la véloroute du Calavon entre Apt et Cavaillon (un morceau de la future véloroute Cadiz-Chypre …) .

    • Oui, la plupart du temps ça se passe bien, mais il faut évidemment éviter les routes à grand trafic – ainsi que le département du Gard… J’ai parcouru une courte section de la voie verte du Calavon en 2015, toutefois j’ai préféré la petite route au pied du Lubéron, moins monotone, moins bruyante (proximité de la D900) et à peine plus ombragée. Merci pour votre commentaire.

  2. Tombé par hazard sur cette page, je ne puis qu’abonder dans votre sens et confirmer, hélas, les nombreuses remarques formulées sur le cyclotourisme dans l’hexagone.
    Je suis complètement d’accord avec vous notamment sur les périphéries des villes francaises qui sont devenues immondes…
    PS : je suis français !

    • Merci pour votre commentaire et notez bien que si j’émets quelques réserves, je n’hésite pas qualifier la France de « pays du cyclotourisme », après y avoir parcouru un bon paquet de kilomètres au cours des 18 dernières années. Parole d’Helvète très attaché au grand territoire voisin !

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