Baltique et Scandinavie (D, PL, S, DK)

Voyage d’un mois en Europe du nord, d’abord sur la route Eurovelo 10/13 le long de la mer Baltique entre Lübeck (Allemagne) et Gdansk (Pologne), puis en Suède sur les itinéraires Sverigeleden, avant une traversée nord-sud de la péninsule du Jutland au Danemark sur Haervejsruten (Eurovelo 3). Liaisons par ferries, bus et train. Vélo robuste et pneus anti-crevaison indispensables. Juin-juillet 2018.

Vous pouvez visionner un diaporama de photos géolocalisées sur Piwigo. Une partie de ces images sont incluses dans le texte ci-dessous.

Description de l’itinéraire
Cartes
Connexions
Données numériques
Références
Transports
Hébergements
Téléchargements

Naissance du projet

Le projet de ce voyage est né durant l’été 2013, alors que je revenais en ferry d’Helsinki après une belle balade au Danemark, en Suède et en Finlande. Durant cette traversée de la mer Baltique d’est en ouest, et surtout vers la fin alors que nous approchions de Travemünde en Allemagne, j’ai longuement observé la côte – une côte qui m’était apparue bien boisée et relativement préservée, donc probablement intéressante à parcourir à vélo.

Cinq années ont passé, durant lesquelles je suis parti au Royaume Uni, en Italie, en Sardaigne, en Corse, en Irlande et encore en France. Puis j’ai vu sur internet qu’il existait un guide de la Route de la Baltique (Esterbauer Verlag, voir ci-dessous la rubrique « Références ») et l’ai commandé dans ma librairie préférée. C’est souvent comme ça qu’une destination se décide : un souvenir, une image, un livre, un guide, une carte, voire une envie soudaine, en mai ou en juin.

Lübeck-Riga, ou Lübeck-Tallinn, suivi d’un petit supplément en Suède ou en Finlande, voilà comment j’imaginais le programme avant de feuilleter le guide et de découvrir l’enclave russe de Kaliningrad, dont j’ignorais carrément l’existence – l’est européen est une zone grise dans ma géographie. Pour passer en Russie, ne serait-ce que 3 jours, il faut un passeport et un visa, compliqué à obtenir. Or je n’ai plus de passeport depuis très longtemps et je n’accepte plus de demander des visas pour voyager : le monde est trop vaste, la liberté trop précieuse pour perdre du temps à obtenir l’autorisation d’aller faire un tour à vélo ici ou là. Pas de Russie donc !

Comme je souhaitais néanmoins rouler dans les Pays Baltes, j’ai cherché le moyen d’éviter Kaliningrad, mais en vain : pas de ferry pour la Lituanie au départ de Gdansk, pas de contournement en train (très long et compliqué) ni a vélo (trop long aussi, et sur des routes polonaises a priori dangereuses)…

En étudiant les destinations des ferries au départ de Gdansk, j’ai vu qu’il y en avait un pour la Suède : ça y est, je tenais mon itinéraire de l’été 2018 ! Je ferais donc la Route de la Baltique de Lübeck à Gdansk, puis un tour en Suède avant de redescendre par le Danemark et de reprendre le train au nord de l’Allemagne pour rentrer.

Quel choix inspiré ! Ce fut un voyage magnifique et je le recommande vivement à tous les amoureux des terres nordiques, comme à ceux qui n’y ont jamais mis les roues mais sont néanmoins curieux.

 

Avertissement santé

L’encéphalite à tiques, ainsi que la maladie de Lyme (borréliose de Lyme) sont endémiques dans de nombreux pays européens et en particulier en Allemagne, en Pologne, en Suède et dans les Pays baltes. Par conséquent, je conseille vivement de se faire vacciner contre l’encéphalite à tiques : 3 injections dans un délai de 6 mois à un an offrent une protection à plus de 95% pendant 10 ans. Il n’existe malheureusement pas de vaccin contre la maladie de Lyme.

Eurovelo 10De manière générale, il faut éviter de toucher les hautes herbes et les fougères dans les zones boisées humides de la côte baltique. Le port de vêtements clairs couvrants n’étant pas une option envisageable lorsqu’on pédale en été, je recommande d’emporter un produit anti-tiques à étendre sur les parties du corps non couvertes (jambes, bras, nuque). Le soir, il faut procéder à un examen corporel (visuel et tactile) pour repérer toute tique qui se serait néanmoins fixée. Une pince à épiler fine est indispensable pour retirer ces saloperies.

 

Allemagne (500 km, dénivelé positif 1370 m)

Lübeck est une ville idéale pour débuter un voyage : pas trop grande, magnifique centre historique, parcs et plans d’eau. J’y ai circulé, au pas, quelques heures, puis ai pris un petit déjeuner tardif, avant que l’excitation suscitée par le départ et toutes ces terres à découvrir ne me propulsent dans les faubourgs orientaux, en direction de la toute proche ancienne frontière avec l’Allemagne de l’Est, à Schlutup.

LübeckLe balisage est assez approximatif dès le quartier de Marli et j’ai dû faire usage du GPS à plusieurs reprises pour suivre l’itinéraire décrit dans le guide Esterbauer (ci-après nommé « le guide (E) »). Le parcours forestier sur sentier risque d’être boueux en cas de pluie, puisqu’il traverse une zone humide.

Impossible de ne pas ressentir une certaine émotion au passage de l’ancien Rideau de Fer, qui a divisé l’Europe pendant des décennies ! Un Centre de documentation a été construit à proximité de l’ancienne frontière. On peut y voir notamment une Trabant et un segment du Mur de Berlin.

LübeckPeu après Selmsdorf, on peut s’élancer à fond sur une belle piste cyclable toute neuve, l’un des grands atouts de l’Allemagne, auquel il faut ajouter la présence régulière d’une excellente signalisation pour les cyclistes.

Eurovelo 10On rejoint la côte de la mer Baltique près de l’embouchure de la Trave – et donc de la ville de Travemünde. C’est ici que débute pour nous la véloroute officielle Eurovelo 10, dont le parcours coïncide jusqu’à Gdansk (et au-delà) avec celui d’Eurovelo 13, raison pour laquelle j’ai choisi l’appellation Eurovelo 10/13. Eurovelo 10, c’est la route de la mer Baltique (Baltic Sea Cycle Route), tandis qu’Eurovelo 13 est celle de l’ancien Rideau de Fer (Iron Curtain Trail). Voilà pour la nomenclature.

C’est parti pour 1000 kilomètres d’aventure le long de la Baltique jusqu’à Gdansk, en Pologne !

En Allemagne, on va rouler alternativement sur des routes secondaires, des tronçons de pavés, des pistes cyclables, des chemins agricoles ou forestiers de terre compacte (attention toutefois aux sections couvertes de graviers de silex très pointus) et quelques sentiers.

Les parcours au milieu des champs de céréales ondulant sous le vent d’est (contraire !) succèdent aux pistes cyclables longeant le littoral, sur lesquelles on pédale en laissant son regard dériver vers l’horizon maritime, promesse d’autres terres nordiques fascinantes.

Eurovelo 10

Eurovelo 10

Eurovelo 10A Ostseebad Boltenhagen, on traverse une première petite cité balnéaire avec sa plage, sa jetée, son quai, ses terrasses et ses vacanciers. Il y en aura une multitude d’autres, à intervalles réguliers, dans lesquelles on ne fera souvent que passer, mais au ralenti en raison de la foule et de l’obligation occasionnelle de pousser le vélo.

Par contraste avec les sites balnéaires, la jolie ville de Wismar mérite quelques heures de déambulation et se prête tout à fait à un copieux petit déjeuner sur la terrasse d’une des boulangeries du centre historique.

A Warnemünde, un ferry pas facile à trouver permet de traverser la sortie du grand port de Rostock. Il faut traverser la gare et prendre le passage sous-voies.

Eurovelo 10De l’autre côté, à Markgrafenheide, débute une étape plus forestière durant laquelle on va traverser de nombreux bois, sur des chemins généralement roulants, parfois tracés dans des zones humides. Ces moments silencieux et ombragés sont hélas ternis par le risque que font courir les tiques : par conséquent, il vaut mieux éviter de toucher les hautes herbes et autres fougères en roulant et ne pas sortir du chemin pour aller dans le sous-bois. Ici et là, des panneaux informent sur ce danger.

Eurovelo 10A la sortie de la forêt de Darss, où l’on a dû affronter un tout premier court passage dans le sable, on roule sur des dalles de bétons quelque peu disjointes par les décennies et il faut modérer l’allure.

A Zingst, on quitte le littoral pour aller longer la rive sud d’un lagon, le Barther Bodden, avant de rejoindre le bras de mer du Strelasund, qui sépare le continent de l’île de Rügen (plus grande île allemande) et nous conduit jusqu’à Stralsund. Le camping se trouve de l’autre côté, à Altefähr : on peut s’y rendre en ferry depuis le vieux port (mais seulement quelques traversées par jour) ou par le vieux pont, qui comporte une piste cyclable. La vieille ville de Stralsund mérite une déambulation matinale, et le petit déj qui va avec.

Eurovelo 10

Eurovelo 10Peu après Devin débute une section pavée de 18 km. Le guide (E) indique un parcours le long du Strelasund, mais le balisage suit les pavés. Quoique peu confortable, cette route pavée est très calme et l’on peut y rouler entre 15 et 18 km/h, ce qui est raisonnable.

Eurovelo 10La vieille ville de Greifswald, avec ses clochers pointus, est une étape agréable pour la pause de midi. De retour sur Eurovelo 10/13, on longe le quai où sont amarrés de nombreux bateaux, pour certains anciens et visitables.

A Freest, il y a un joli petit port de pêche, juste en dehors de la véloroute.

Eurovelo 10Wolgast est la dernière « vraie » ville que l’on traverse en Allemagne – les suivantes ne seront que des stations balnéaires. Le pont nous fait traverser le Peenestrom pour aller sur l’île côtière d’Usedom, dont la partie orientale se trouve en Pologne.

Les voyageurs pressés peuvent suivre le balisage Eurovelo 13 et aller directement à Trassenheide, puis prendre le chemin côtier vers la Pologne, en évitant le détour par Peenemünde. Après avoir raté la petite route sur la rive du Peenestrom à Mahlzow, à cause des panneaux indicateurs, j’ai pour ma part suivi un parcours hybride qui m’a conduit à Peenemünde via Mölschow et Trassenheide. La région est très touristique, par conséquent il y a du trafic motorisé sur les routes, auquel on n’est pas directement confronté grâce aux pistes cyclables – mais ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu autant de bagnoles !

Le détour à Peenemünde permet de voir un vieux sous-marin soviétique (musée) et offre au retour un joli parcours forestier sous les pins, complètement hors trafic. Des panneaux avertissent toutefois régulièrement de la présence dans la forêt de munitions de la seconde guerre mondiale et interdisent de quitter le chemin.

Eurovelo 10Les derniers kilomètres sur sol allemand le long du littoral voient se succéder des tronçons forestiers parsemés de quelques courtes montées très raides (!) et des stations balnéaires populeuses qu’on doit traverser à vitesse réduite : Zinnowitz, Zempin, Koserow, Bansin, Heringsdorf, Ahlbeck. L’architecture du front de mer démontre que la côte de la Baltique a depuis longtemps attiré les touristes, notamment les Berlinois aisés.

Eurovelo 10

Eurovelo 10Depuis la sortie d’Ahlbeck, la piste cyclable conduit directement jusqu’à la frontière polonaise, évidemment non surveillée puisque nous restons dans l’UE.

Eurovelo 10

 

Pologne (530 km, dénivelé positif 800 m)

Note : pour simplifier la lecture et accélérer la rédaction, je n’utilise pas les lettres spéciales polonaises (« Ł » qui se prononce plus ou moins comme le « W » anglais), ni les accents.

Eurovelo 10/13 se poursuit en Pologne, avec quelques différences notoires :

  • le balisage n’est plus permanent, donc le guide Esterbauer et un GPS sont pratiquement obligatoires (quand il existe, le balisage polonais indique « R10 », pour Eurovelo 10)
  • les sections difficiles se multiplient, en particulier les pistes sablonneuses !
  • les villes traversées sont moins intéressantes
  • les stations balnéaires restent aussi nombreuses, mais n’ont pas le charme désuet de celles côté allemand : interminables successions de baraques à casse-croûte et de manèges, tout y est pensé pour soulager les touristes polonais de leurs zlotys.

Qu’on n’en déduise pas pour autant que je n’ai pas apprécié ce parcours, magnifique par endroits – juste qu’il présente davantage de défis pour le voyageur…

Swinoujscie est une vraie ville mais, à l’instar des stations balnéaires allemandes voisines, elle attire de nombreux touristes. Un ferry gratuit permet de traverser la rivière Swine et de rejoindre une zone industrielle où nous attend la première difficulté : une piste forestière comprenant de nombreux passages de sable profond. Il faut alors pousser le vélo, ce qui se révèle d’autant plus épuisant que le vélo est lourdement chargé et que les roues s’enfoncent dans le sable.

Eurovelo 10

Eurovelo 10Me rappelant la traversée du Sahara en voiture (1991), j’ai un moment pensé qu’il faudrait dégonfler les pneus pour franchir plus facilement ces obstacles-là. Néanmoins, cette idée n’a pas tenu, en raison du fait qu’on emprunte aussi régulièrement des chemins caillouteux ou couverts de graviers pointus sur lesquels il faut avoir les pneus gonflés au maximum pour éviter les crevaisons. Chacun choisira donc s’il préfère souffrir dans les passages sablonneux ou crever sur le gravier…

Eurovelo 10Les mêmes difficultés se poursuivent au-delà de Miedzyzdroje jusqu’à Domyslow. Notez que sur mon application GPS OSMAnd+ le balisage « R10 » contourne par le nord le lac Czajcze entre Warnowo et Domyslow : plus de kilomètres, mais peut-être moins de sable ?

Heureusement, on retrouve le goudron sur une superbe petite route de campagne silencieuse après Domyslow.

Eurovelo 10Suivent des pistes cyclables (mauvaise entre Sieroslaw et Zastan, bonnes ensuite) et encore un peu de sable dans la forêt avant Pobierowo, première ville-étape polonaise – en fait une station balnéaire.

Le lendemain, on pourra avaler facilement plus de 100 kilomètres de littoral quasi rectiligne jusqu’à Lazy, grâce à de nombreuses pistes cyclables toutes neuves, dont certaines offrent une vue magnifique sur la mer, notamment entre Kolobrzeg et Ustronie Morskie. Le seul passage forestier important de la journée s’effectue sur une piste très roulante dès la sortie de Pogorzelica : pour éviter plusieurs kilomètres sur route de galets, suivre à droite le balisage « R10 » et non l’itinéraire indiqué dans le guide (E).

Eurovelo 10

Eurovelo 10

Eurovelo 10

Eurovelo 10Je projetais de faire étape à Dabki, où le guide signale un camping, et ai donc continué vers la forêt à la sortie de Lazy. Il n’y a pas de panneau, mais une large piste s’enfonce dans les bois et le sol porte de nombreuses traces de pneus de vélos…

Attention : cette piste conduit après 500 mètres de parcours de plus en plus sablonneux à une impasse ! D’un côté, un sentier plonge dans une jungle marécageuse infestée de moustiques où la progression est rendue encore plus difficile par des arbres tombés en travers du chemin – j’y ai passé de très mauvais moments avec mon vélo de plus de 40 kilos, avant de réussir à en ressortir. De l’autre côté, les traces conduisent… sur la plage. Magnifique, déserte et large, mais totalement impraticable avec un vélo chargé : les roues s’enfoncent même dans le sable humide, à tel point que pousser le vélo est impossible, d’autant plus sur 3 kilomètres ! Remonter sur la dune m’a pris un bon quart d’heure d’efforts surhumains. Décharger n’est pas une option, car il n’y a aucun moyen de laisser le vélo en haut pour venir rechercher les sacoches : pas d’arbre pour l’appuyer et donc la transmission va toucher le sable, ce qui serait catastrophique…

Eurovelo 10C’est la plus grosse erreur du guide (E) et je la leur ai bien évidemment signalée (voir ci-dessous à la rubrique « Références »).

Du coup, je me suis retrouvé à Lazy à une heure un peu tardive pour continuer jusqu’à Dabki, surtout avec déjà 113 km dans les jambes, dont une fin de parcours chaotique et épuisante. Heureusement, je suis parvenu à louer une caravane, ce qui m’a permis de passer une nuit confortable – car il n’y a pas de camping.

Pour rejoindre Dabki, il faut donc contourner le lac Bukowo par l’intérieur, en passant par Osieki, Rzepkowo et Bukowo Morskie. Il y a une piste cyclable tout le long, sauf pour la partie sur dalles de béton entre Osieki et la route 203.

De Dabki à Darlowo, on roule sur une piste cyclable toute neuve, en site propre. J’y ai d’ailleurs vu le premier panneau de signalisation polonais portant les logos Eurovelo 10 et 13. Un peu plus loin, sur le quai de Darlowko, la municipalité a installé une borne d’entretien pour vélo bien pratique, avec pompe à pied et manomètre, ainsi que de nombreux outils – j’en ai profité pour monter la pression de mes pneus Schwalbe Marathon Mondial à 5.5 bars !

Suit une magnifique section en bord de mer jusqu’au lac Kopan. Le revêtement de dalles de béton requiert une certaine attention, mais on a aussi l’occasion de laisser son regard dériver vers l’horizon marin. Au-delà du lac Kopan, des travaux étaient en cours en 2018, par conséquent la piste cyclable est désormais sans doute toute neuve.

Après Jaroslawiec, on progresse sur de petites routes, pas toujours goudronnées mais très roulantes. A Wodnica, il ne faut pas suivre les indications du guide (E), mais plutôt prendre à gauche sur le goudron et suivre le balisage « 14 » qui conduit à Ustka par une bonne piste de terre : quitter le goudron à droite environ 200 m avant d’arriver sur la grande route.

Eurovelo 10Ustka marque le début de la section la plus « sauvage » d’Eurovelo 10/13 en Pologne, laquelle se poursuit jusqu’à Leba. Ce beau parcours réserve toutefois quelques difficultés…

Le premier passage sablonneux, long d’environ 1.5 km, se trouve entre Machowinko et Debina : il faut pousser le vélo tout le long. Lorsqu’on rejoint le goudron, la signalisation « R10 » nous envoie de l’autre côté de la route, sur un chemin de dalles de béton – attention aux dalles disjointes et aux trous ! Je n’ai donc pas suivi le parcours du guide (E), d’ailleurs la piste cyclable toute droite à travers la forêt entre Debina et Rowy n’existe vraisemblablement pas (je l’ai cherchée, en vain).

A Rowy, après avoir fait les provisions pour la journée (pas de commerce fiable ensuite jusqu’à Leba), on peut choisir de contourner le lac Gardno par la rive nord ou la rive sud. Fidèle à mon point cardinal fétiche, j’ai pris au nord et ne l’ai pas regretté, malgré la taxe d’entrée dans le parc national (6 zlotys) : le parcours est plus court, la piste forestière est très roulante et l’environnement forestier magnifiquement préservé. A l’angle nord-est du lac, il faut pousser le vélo pour franchir un court tronçon sableux (moins de 1 km), avant de retrouver les dalles de béton jusqu’aux abords de Smoldzino, village silencieux où l’on trouve un petit parc ombragé pour la pause.

Eurovelo 10Un peu plus loin, on atteint le village de Kluki au bout d’une route sans issue (pour les voitures). Les belles maisons traditionnelles que l’on peut visiter font partie d’un musée en plein air. On quittera le village par un sentier à l’entrée duquel se trouve un panneau d’avertissement : le passage n’est pas garanti en cas de pluie, car la zone traversée est un marais inondable. D’ailleurs, de nombreux petits ponts de bois ont été construits pour permettre de passer à pied sec (par temps sec ou peu humide !) les tronçons les plus critiques. Les taons et autres moustiques abondent, donc on ne traîne pas – je n’ose pas imaginer une crevaison à cet endroit…

Eurovelo 10

Eurovelo 10Suivent des dalles de béton jusqu’à Zgierz, puis du goudron jusqu’à Izbica, où il ne faut pas compter sur l’épicerie pour s’approvisionner – par contre la place de jeux partiellement ombragée est bienvenue pour le pique-nique. Après une courte section sur route de galets à Gac, on enchaîne avec 7.5 km de parcours forestier jusqu’à Zarnowska (compter 1 heure), dont une partie sablonneuse où le vélo doit être poussé. En chemin, un ponton a été aménagé pour permettre l’observation d’une zone humide apparemment préservée : on se croirait déjà en Scandinavie, avec ce type de végétation ! A Zarnowska, suivre les indications du guide (E), car le parcours alternatif par la rive du lac Lebsko n’est pas cool, en raison du sable et de dalles de béton parfois effondrées.

Après Leba, à Nowecin, on doit choisir entre le parcours balisé « R10 » qui traverse la forêt sur une mauvaise piste sableuse (vélo poussé sur env. 3 km) ou la route via Szczenurze recommandée par le guide (E), sachant que celle-ci comporte un certain trafic et qu’entre Sarbsk et la bifurcation pour Sasino j’ai été plusieurs fois dépassé dans des conditions dangereuses. Le sable ou les bagnoles, donc…

A la sortie de Sasino, il faut être attentif pour ne pas rater le chemin qui quitte la route sur la gauche, et mieux vaut le rester jusqu’à Lubiatowo, car le tracé n’est pas toujours évident et le guide (E) comporte des erreurs. A Lubiatowo ou juste après, à L. Szklana Huta, je recommande de ne suivre ni le balisage, ni le guide (E), et de chercher sur la droite la piste forestière très roulante qui conduit tout droit à Bialogora – à moins que vous ne préfériez le sable…

D’autres bonnes pistes suivent jusqu’à Karwia, mais on doit réduire la vitesse dès Debki en raison de l’affluence de piétons. L’itinéraire « R10 » quitte le littoral entre Debki et Karwia pour rejoindre Swarzewo sur le rivage de la baie de Puck, puis Gdynia.

J’ai préféré suivre la proposition du guide (E) et continuer vers la presqu’île de Hel. Le trafic reste modéré sur la route principale dès Tupadla, et comme il s’agit d’une zone urbaine les véhicules ne roulent pas vite. On peut néanmoins éviter certains tronçons en prenant les petites rues des quartiers adjacents. C’est plutôt le revêtement de la route qui pose problème : des pavés, sur un peu plus de 4 km. Par endroits, il est possible de rouler sur le trottoir ou le bas-côté non goudronné pour s’affranchir des secousses. La piste cyclable débute peu avant Wladyslawowo et s’en va zigzaguer en ville de manière incompréhensible. Qu’importe : il n’est pas difficile de trouver la route de Hel, puis l’excellente piste cyclable qui la longe, offrant une vue pratiquement ininterrompue sur des dizaines, voire des centaines de véliplanchistes et autres amateurs de kitesurf.

Eurovelo 10

Eurovelo 10Tout au bout, le bourg de Hel est sans grand intérêt et le camping moche, bondé, bruyant, par conséquent j’ai filé prendre le dernier ferry pour Gdynia qui partait à 19 heures, espérant trouver en ville une meilleure solution d’hébergement. La traversée dure une heure et coûte 50 Zlotys (40 pour le bonhomme, plus 10 pour la monture).

Eurovelo 10J’ai ensuite passablement galéré pour dénicher l’auberge de jeunesse qui se trouve à 5 km du débarcadère, en pleine zone portuaire, face au terminal containers – sans aucune signalisation. Heureusement que j’avais mon GPS ! Attention : tous les hébergements sont complets durant le festival Open’er de Gdynia, qui a lieu chaque année début juillet.

Eurovelo 10La dernière étape polonaise, entre Gdynia et Gdansk, est parfois balisée, mais pas tout le long. En l’absence de signalisation, le GPS se révèlera utile pour éviter les routes à grand trafic de cette grande région urbaine. Les tronçons le long de la mer et dans les parcs sont agréables, mais il faut modérer l’allure en raison de l’affluence des piétons et autres baigneurs.

Le centre de Gdansk est magnifique et c’est d’ailleurs la première ville polonaise dans laquelle on prend plaisir à déambuler, au hasard des rues et le long des canaux. On regrette juste qu’il y ait autant de monde…

Eurovelo 10

Eurovelo 10

Eurovelo 10Eurovelo 10/13 se poursuit vers le territoire russe de Kaliningrad, dont la frontière est à 110 km de Gdansk. Pour ma part, après quelques heures de promenade dans Gdansk, j’ai sélectionné « Westerplatte Terminal » sur mon GPS et suis parti à travers une grande zone industrielle et portuaire jusqu’à mon ferry pour la Suède. A 18 heures, accoudé au bastingage arrière sur le pont inondé de soleil, j’ai bu une de mes dernières bières polonaises en regardant le quai s’éloigner. Le ferry a glissé lentement dans le chenal portuaire, puis poussé les moteurs en s’engageant dans la baie de Puck.

mer BaltiqueUn peu plus tard, nous avons dépassé la presqu’île de Hel pour sortir en pleine mer et le vent a forci : Nynäshamn est à 500 km et la traversée dure 18 heures, trop cool !

mer Baltique

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Suède (1200 km, dénivelé positif 6500 m)

Le temps bien gris au débarquement n’avait aucune chance de diminuer mon enthousiasme : quel bonheur de retrouver ce pays scandinave que j’aime tant, 5 ans après mon dernier voyage là-bas !

Il y a tout ce qu’il faut à Nynäshamn pour se ravitailler, notamment en couronnes suédoise et en nourriture, mais cela semble être le seul intérêt de cette petite ville portuaire. Prendre à gauche, donc la direction opposée à celle de Stockholm, à la sortie du terminal des ferries, pour rejoindre le centre-ville. Attention : bien qu’il s’agisse de la région de la capitale, le prochain commerce alimentaire sur le parcours n’est qu’à plusieurs dizaines de kilomètres, et n’espérez pas non plus tomber sur la version suédoise d’un bistrot avant la grande banlieue de Stockholm – donc achetez ce qu’il vous faut pour tenir 67 km et 500 m de D+, ce qui n’est pas grand chose bien sûr, mais on n’a plus grimpé autant depuis la première étape à Lübeck…

Selon OpenStreetMap, il y a deux itinéraires cyclables officiels pour rejoindre Stockholm : Nynäsleden, plus longue (env. 90 km) et montant davantage, et le parcours qui oscille autour de la route 73, que j’ai choisi pour ne pas arriver trop tard à l’auberge de jeunesse. Ils débutent tous deux au nord de la ville, près de la gare de Nynäsgård et sont balisés, quoique les distances annoncées ne correspondent pas à la réalité, selon mon expérience, en particulier pour ce qui concerne Stockholm.

Plus on approche de la capitale, moins on est sûr de rester sur le bon itinéraire, car il y a des panneaux dans tous les sens, transitant par les différentes villes de banlieue. Toutefois, tous les chemins mènent sans doute aussi à Stockholm, et après bien des zigzags, des hésitations et des retours en arrière, des sections le long des grandes artères (presque désertes lorsque j’y ai roulé en raison d’un match de Coupe du Monde dans lequel jouait la Suède), un joli cheminement le long de l’eau, puis la traversée d’un viaduc ferroviaire, je suis arrivé dans le quartier de Södermalm, où je n’ai eu qu’à suivre le GPS pour rejoindre ma destination, Zinkensdamm Vandrarhem.

SuèdeStockholm est une magnifique capitale, une ville lumineuse où l’eau est omniprésente : elle mérite largement une journée de découverte, parole de quelqu’un qui évite habituellement les zones urbaines ! Les quartiers du centre peuvent être sillonnés à vélo en toute sécurité, car il y a des pistes cyclables partout, et si vous préférez déambuler à pied il faudra compter plus qu’un jour ou alors restreindre le périmètre : mon errance à travers Södermalm, Långholmen, Kungsholmen, Norrmalm, Skeppsholmen, Kastellholmen et Gamla Stan a totalisé 33 kilomètres… Comme c’était un dimanche ensoleillé et chaud, il y avait très peu de trafic – et beaucoup de monde au bord et dans l’eau, ainsi que dans les parcs. Ne manquez pas la vieille ville (Gamla Stan), mais n’y restez pas dans les 2 ou 3 rues commerçantes et touristiques !

Suède

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SuèdeJe n’avais pas de projet défini pour la Suède en dehors de l’envie de monter plus au nord, afin de rouler à travers les forêts immenses. Me rappelant que j’avais particulièrement apprécié la province de Dalarna en 2013, j’ai décidé de mettre le cap sur la région du lac Siljan, à environ 450 kilomètres de Stockholm. De plus, une section du réseau cyclable Sverigeleden y conduit, plus précisément la 18, au départ de Marieberg, à la sortie du viaduc de Västerbron.

La première étape m’a mené jusqu’à Uppsala. Les aménagements et balisages cyclistes suédois comptent parmi les meilleurs que je connaisse, toutefois, comme ailleurs en Europe, la traversée des grandes agglomérations est compliquée : balisage partiel et/ou contradictoire, parfois peu visible, zig-zags interminables à travers les banlieues, inadéquation entre la signalisation et les traces GPS… Par conséquent, j’ai perdu pas mal de temps (et ma route) à Solna, avant de retrouver Sverigeleden près du golf d’Ulriksdal. Le fichier .gpx téléchargeable au bas de cette page propose évidemment un parcours direct, sans détours.

SuèdeIl faut compter entre 35 et 40 kilomètres pour sortir de l’agglomération de Stockholm, qui fort heureusement n’est pas une très grande capitale. Avec le parcours de l’avant-veille, c’est donc 70 kilomètres de zone urbaine que l’on vient de traverser – autant dire que les premières minutes à la campagne sont hautement appréciées, même si l’on doit encore composer avec les avions en approche ou au départ de l’aéroport d’Arlanda qui nous survolent.

On progresse en zig-zaguant largement autour de l’axe E4, sur de petites routes de campagne agréables. Peu avant Uppsala, on traverse le hameau de Hammarby où vécut le naturaliste suédois Carl von Linné ; un musée historique et un jardin botanique accueillent les visiteurs de mai à septembre.

SuèdeUppsala est une ville universitaire accueillant 40’000 étudiants et où circulent, dit-on, pas moins de 180’000 vélos. J’ai apprécié la longueur d’une journée estivale scandinave pour la visiter à pied après 102 km à vélo, le dépôt des bagages à l’hostel… et une bonne douche !

SuèdeL’étape suivante a été la plus longue du voyage, parce que je n’ai pas trouvé d’hébergements lorsqu’il l’aurait fallu. Attention également à l’absence de tout magasin d’alimentation entre Uppsala et Sala, soit durant 81 kilomètres, ainsi qu’entre Sala et Avesta ou Fors. Si vous n’avez rien à manger, notez toutefois qu’il y a un bistrot à Ramstalund, lorsque Sverigeleden croise la route 55.

L’absence de ravitaillement, voire d’hébergements, est l’un des inconvénients majeur des itinéraires Sverigeleden, dont l’objectif principal consiste à éviter le trafic motorisé et ses dangers pour les cyclistes. Ainsi, on s’en va rouler au fond de la brousse et à travers bois, et même si l’on traverse de temps en temps des hameaux, aucun ne possède ni commerce, ni café, ni même une fontaine d’eau potable. Emportez donc toujours suffisamment de nourriture et d’eau pour la journée.

Pour le reste, cette étape à travers la campagne agricole et les bois est agréable. Elle comporte de nombreuses sections non goudronnées, la plupart confortables, à l’exception de quelques passages de « tôle ondulée ». Près d’Avesta, on entre dans le comté de Dalarna, ou Dalécarlie en français : ma destination la plus nordique pour cette année

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SuèdeLe village de Garpenberg est situé sur une bosse d’où l’on plongera vers la rivière Dalälven. Le parcours officiel Sverigeleden (18) passe sans doute par Dormsjö et Kloster avant de rejoindre la vallée, mais j’ai raté la bifurcation à droite à Garpenberg.

SuèdeOn chemine ensuite le long de la rivière sur une route tranquille jusqu’à Borlänge. La région est un peu plus peuplée : il y a même des épiceries dans certains des villages traversés !

SuèdeA Torsång, cet itinéraire croise celui de mon voyage de 2013, le long de Sverigeleden 14, à destination de la Laponie suédoise.

SuèdeCe n’est pas désagréable de traîner un peu dans le minuscule centre-ville de Borlänge après 2 jours de brousse, mais le camping situé au nord de l’agglomération y est cher. Préférer celui de Tyllsnäs, au bord de la rivière, à environ 5 km dans la direction d’où l’on vient, qui comprend également une auberge de jeunesse.

L’étape suivante nous emmène au lac Siljan, sixième plus grand lac de Suède et importante destination touristique. Au départ de Borlänge, la petite route sur la rive droite de la Dalälven nous préserve du trafic de la E16. Près de Djurås (commerces), on oblique vers le nord pour remonter le cours de la branche orientale de la rivière, l’Österdalälven, qu’on traverse une première fois sur un pont flottant à Gagnef.

SuèdeAprès Djura, et davantage encore passé Lisselby/Leksand, le parcours devient plus forestier, avec quelques belles sections de route toute droite au-dessus du lac Siljan, puis la traversée de la digue vers l’île de Sollerön, où se trouve le camping.

SuèdeSuèdeL’étape du lendemain commence par la traversée de la petite ville de Mora (11’000 habitants), située entre les lacs de Siljan et d’Orsa. Profitez-en pour vous approvisionner, car il n’y aura plus de commerces le reste de la journée, ainsi que le matin suivant. De même, si vous aimez voir des gens, regardez-les bien : il n’y en aura plus non plus, ou presque, jusqu’à Malung, 130 km plus loin. Enfin, si vous appréciez de rouler le long des lacs, notez que le parcours autour de celui d’Orsa mesure une quarantaine de kilomètres et fait partie de l’itinéraire cycliste « Siljansleden ».

SuèdePour ma part, je visais la Norvège, donc suis resté sur Sverigeleden (15), qui quitte Mora via une piste cyclable à travers les bois et rejoint la petite route longeant la rive droite de l’Österdalälven.

SuèdeA Oxberg, on sort de la vallée alluviale pour bifurquer plein ouest, vers une zone de collines douces couvertes de forêt et parsemée de quelques lacs, après Evertsberg. Contrairement à ce que nous avons connu jusque-là, le trajet à travers la taïga devient vite monotone, dans un paysage uniforme et sans aucune localité.

SuèdeEn période de sécheresse extrême et de vague de chaleur, comme lorsque j’y étais, il prend même un caractère menaçant : que faire en cas d’incendie de forêt dans cette vaste région dépourvue de trafic et de village ? Je redoutais d’autant plus les feux de forêt ce jour-là en raison du développement de gros cumulonimbus et du risque d’orage. Autant dire que j’ai pédalé avec énergie et fus soulagé d’arriver dans la vallée de la Vesterdalälven, qui me semblait moins exposée, en raison de la rivière, de zones déboisées et de villages. L’orage a frappé avec une grande violence alors que je venais de monter la tente…

SuèdeLa sécheresse et les nombreux incendies de forêts m’ont conduit à abandonner le projet d’aller en Norvège, via une autre région forestière très peu peuplée. Comme je n’avais pas envie de retourner sur mes pas, j’ai fait le pari de prendre un bus à Malung, pour rejoindre Borlänge. Il s’agit en effet d’une route dangereuse à très fort trafic (E16) et il n’y a guère d’autre option lorsqu’on souhaite rejoindre Göteborg. Le trajet à vélo jusqu’à Malung est agréable, le long de la rivière, bordée de quelques villages et hameaux. Par chance, la soute du bus était vide et j’ai pu y mettre mon vélo et mes sacoches.

SuèdeDepuis Borlänge, la « voie rapide » vers Göteborg et le Danemark est Sverigeleden (19), qui file plein sud en direction d’Askersund et des grands lacs. On arrive rapidement à un embranchement avec Sverigeleden (16), que j’avais suivie en montant vers la Laponie en 2013. Le parcours jusqu’à Nora est magnifique, à travers des régions forestières un peu moins désertes que d’où l’on vient, mais toujours aussi sèches cet été-là.

SuèdeIl y a peu de trafic motorisé sur ces petites routes, parfois goudronnées, parfois non, et les lacs omniprésents offrent à tout moment l’occasion de sauter dans l’eau claire pour se rafraîchir !

Suède

SuèdeLe seul problème est la rareté des hébergements, raison pour laquelle j’ai dû sortir de Sverigeleden près d’Örebro et rouler sans plaisir encore un bon moment dans une zone urbaine et son trafic, jusqu’à Kumla. Si vos étapes vous permettent de rester sur l’itinéraire cyclable, faites-le !

Un peu avant Askersund, Sverigeleden (19) devient Sverigeleden (20) et on va la suivre jusqu’à Tived, sur la rive du lac Unden. Pour la dernière étape cycliste en Suède, on roulera sur Sverigeleden (27) jusqu’à Falköping. A mesure que l’on descend dans le sud, les forêts parsemées de lacs cèdent la place à un paysage agricole, domestique, où les localités se succèdent de façon bien plus rapprochée. Le voyage devient moins « exotique », mais conserve son intérêt alors qu’on roule en toute sécurité dans la campagne.

Comme la météo annonçait de forts orages pour le lendemain et que l’approche de Göteborg me motivait peu, j’ai pris le train à Falköping. Göteborg est la deuxième ville de Suède, avec 580’000 habitants.

SuèdeL’après-midi, j’attrapais un ferry pour Frederikshavn, au Danemark. J’avais le projet de rouler encore jusqu’en Allemagne.

 

Danemark (450 km, dénivelé positif 1800 m)

La sortie du port de Göteborg est intéressante, car on navigue au ralenti entre des quartiers d’habitation avec bassins, on passe (tout juste) sous le viaduc routier dont le tablier se situe à 45 mètres au-dessus de l’eau, puis on longe le terminal pétrolier avant celui des porte-conteneurs, avec ses grues en mouvement incessant, et enfin on se faufile entre les innombrables îlots caractéristiques de cette côte – rochers solitaires parfois couronnés de la maison du gardien de phare… ou d’un ermite.

Suède

SuèdeLa traversée jusqu’à Frederikshavn dure 3h30, durant lesquelles on croise de nombreux autres navires, puisque le détroit du Kattegat est une voie très fréquentée, donnant accès à la mer Baltique.

DanemarkFrederikshavn est une petite ville lumineuse sous le soleil, guère plus et donc aucune raison de s’attarder. Par bonheur, la route cycliste de la côte orientale (Østkystruten, n°5) file droit vers le sud, le long de la côte. Tout en roulant sur la piste cyclable en site propre, on pourra observer « notre » ferry repartant vers la Suède.

DanemarkLa côte est du Jutland n’étant pas particulièrement passionnante, je l’ai quittée pour rejoindre, à côté de Dronninglund, la route Eurovelo 3, nommée Haervejsruten, ou Route des pèlerins, qui se prolonge à travers l’Europe jusqu’à… St-Jacques-de-Compostelle ! Notez que la signalisation cycliste est généralement bonne au Danemark et que vous n’aurez sans doute pas besoin de votre GPS, sauf, comme souvent ailleurs aussi, dans les grandes villes.

L’approche d’Aalborg, quatrième ville du pays avec 140’000 habitants, est un peu déroutante : on roule sur le gravier le long de l’autoroute, on traverse des buissons sur un sentier, on longe le Limfjord, sur l’autre rive duquel fument les cheminées des industries. Mais la traversée de la ville ne pose pas de problème et l’on se retrouve vite à zigzaguer dans la campagne, à moins que l’on ait décidé de s’offrir une assiette de « Bøf Bearnaise » au restaurant Buffalo…

Danemark

DanemarkLe parcours se poursuit sur des routes calmes, entre l’or des champs d’orge ondulant sous le vent et le vert des bosquets de pins. Le terrain se vallonne et on franchit quelques modestes collines. De temps à autre, Eurovelo 3 quitte le goudron pour de jolis sentiers bien lisses ou de fatigantes pistes de gravier. Ici ou là, un mirabellier bienvenu permet de lutter contre la soif s’il fait chaud, car on roule pratiquement toujours au soleil.

Danemark

Danemark

DanemarkPour la même raison, on appréciera l’arrivée à Viborg (39’000 habitants) le long d’un lac. Le centre-ville est agréable pour la pause pique-nique ou juste une déambulation silencieuse.

DanemarkOn quitte la ville sur une voie verte ombragée, aménagée sur le tracé d’un ancien chemin de fer entre Viborg et Herning. A Skelhøje, on retrouve les petites routes de campagne pour traverser la région danoise que j’ai le plus appréciée durant ce voyage nord-sud et qui se prolonge jusqu’à Kollemorten : plus de nature, plus de forêts, plus de relief.

Danemark

DanemarkJe ne garde que peu de souvenirs de la dernière longue étape entre Vejen et Flensburg en Allemagne (111 km), car la chaleur était étouffante, le parcours monotone, les longues sections sur gravier pénibles et mon esprit très occupé par le souci de trouver une place dans les trains du retour.

DanemarkPour gagner du temps, j’ai voulu prendre un Intercity à Rødekro : j’ai payé mon billet à l’automate, attendu une heure au moins, mais n’ai pu embarquer, car la réservation était obligatoire et le train déjà plus que complet… Résultat : j’ai perdu temps et argent dans cette gare glauque et sans guichet ni information d’aucune sorte.

Arrivé à Flensburg, j’ai acheté les billets de train qui devaient me permettre de rentrer à Genève en 24 heures, moyennant 11 changements de train (parfois en courant et portant le vélo chargé dans les escaliers pour ne pas rater la correspondance), et des heures d’attente en pleine nuit à la gare de Göttingen ! Une dernière épreuve à laquelle je suis habitué – ce qui ne la rend pas plus agréable pour autant, mais ne ternit d’aucune manière le souvenir de ce magnifique voyage en terres baltiques et scandinaves.

Allemagne

  • Carte(s)

    Note : les valeurs de dénivelé calculées par bikemap sont totalement fausses.

    Première partie : Allemagne et Pologne

    Deuxième partie : Suède et Danemark

  • Connexions

    Cette route est interconnectée avec les itinéraires suivants :

    Balade scandinave, entre Torsång et Spraxkya dans la région de Borlänge (province de Dalarna, Suède).
    Baltique et Scandinavie 2, à Stockholm (Suède).
    Yverdon - Stavanger, à Frederikshavn (Danemark).

  • Données numériques

    Valeurs enregistrées par un compteur Ciclomaster CM4.4A et un compteur SIGMA BC 14.12, comprenant chacun un altimètre barométrique.

    Distance totale : 2683 km
    Temps de parcours : 158 heures (sur 28 jours)
    Dénivelé positif total : 10'500 m
    Distance moyenne quotidienne : 96 km
    Ascension moyenne quotidienne : 370 m
    Vitesse moyenne : 16.8 km/h

    La distance totale mentionnée comprend tous mes déplacements au cours du voyage : parcours quotidiens, visites de villes, déplacements pour acheter à manger et suppléments indésirables dus à la perte du chemin (balisage insuffisant ou erroné) ou à un problème d'orientation. Cette valeur est donc naturellement supérieure à celle calculée par bikemap.net, mais elle représente un ordre de grandeur bien plus réaliste que la distance minimale entre le point de départ et l'arrivée.

  • Références

    Eurovelo 10/13 (Allemagne et Pologne) :

    Michael Cramer, Baltic Sea Cycle Route, From Riga to Lübeck, guide et cartes au 1:85'000, Esterbauer Verlag, 1st ed. 2017 (une nouvelle édition, en anglais, devrait paraître en mai 2024). Malgré les imprécisions et les erreurs de l'édition 2017, notamment en ce qui concerne le type de surface, ainsi qu'une section non balisée délirante de plusieurs kilomètres sur la plage entre Lazy et Dabki (Pologne, à contourner absolument !), cet ouvrage est à mon avis indispensable. Outre les cartes très pratiques, il contient une liste d'hébergements sur le parcours, mise à jour régulièrement sur internet, ainsi qu'un lien vers le fichier GPS de tout l'itinéraire (localement différent de celui que je propose dans cet article et qui reflète mon propre parcours). La description textuelle de l'itinéraire se révèle toutefois totalement inutile pour ceux qui, comme moi, voyagent à l'envers de la direction décrite (Gdansk-Lübeck). J'ai rédigé et envoyé 12 pages de commentaires aux éditions Esterbauer, dans le but de les aider à mettre à jour leur guide. Vous pouvez télécharger ce rapport (en anglais) ici, mais sans les scans des cartes, puisqu'il s'agit d'informations protégées par le droit d'auteur. Si toutefois vous avez acheté le guide, mes commentaires vous fourniront une mise à jour gratuite vers la situation de l'itinéraire en juillet 2018, à imprimer et emporter en voyage, en complément de ma trace GPS.

    Eurovelo 13, Experiencing the history of Europe's division, site dédié à la véloroute qui suit l'ancien tracé du Rideau de fer depuis le nord de la Norvège jusqu'à la frontière Bulgarie-Turquie. En anglais.

    Allemagne :

    L'Allemagne à vélo, sur ce même site.

    Cyclotourisme en Allemagne, sur le site de l'office du tourisme allemand (en français).

    Allemagne, sur le portail Eurovelo (en français).

    Pologne :

    La Pologne à vélo, sur ce même site.

    Practical info on cycling in Poland, infos utiles pour ceux qui souhaitent rouler en Pologne (en anglais).

    Biking in Poland, sur le site de l'office du tourisme polonais (en anglais).

    Pologne, sur le portail Eurovelo (en français).

    Suède :

    La Suède à vélo, sur ce même site.

    Facultatif : Cykelkartan, série de cartes cyclistes au 1:90'000 couvrant tout le sud de la Suède, éditées par Norstedts. Vendues en librairie 180 SEK pièce (env. 25 CHF ou 21 EUR !). Peuvent être commandées en ligne.

    Très utile : flyer à imprimer Sverigeleden by bike. En anglais.

    Facultatif : Série de 6 guides et cartes Turist & Cykelguide, vendus en librairie, plutôt cher ! En suédois.

    Solo cycling in Scandinavia, excellente vidéo de 1h40 sur un voyage de 6 jours entre Bodø (Norvège) et Umeå (Suède). Très représentatif des conditions sur les routes magnifiques et désertes du nord de la Suède (dès 16'45''). En anglais.

    Visit Sweden, le site de l'office du tourisme suédois (en français).

    Suède, sur le portail Eurovelo (en français).

    Danemark :

    Le Danemark à vélo, sur ce même site.

    Carte en ligne des véloroutes danoises, voir la Route 3.

    Carte cycliste du Danemark au 1:500'000 et cartes régionales au 1:100'000, disponibles ici.

    Visit Denmark, le site de l'office du tourisme danois (en français).

    Danemark, sur le portail Eurovelo (en français).

  • Transports

    Départ

    - Train CFF Genève-Berne-Bâle
    - Train de nuit ÖBB NightJet Bâle-Hamburg Hbf (couchettes), à réserver à l'avance en été car les 9 places pour les vélos sont très demandées
    - Train Régional DB Hamburg Hbf-Lübeck
    Durée totale : 14h30
    Prix total : 232 CHF (avec l'abonnement demi-tarif suisse)

    Durant le voyage

    - Ferry Warnemünde-Hohe Düne (Allemagne), durée 5 minutes
    - Ferry Altefähr-Stralsund (Allemagne), 30 minutes, 6.50 EUR
    - Ferry Świnoujście-Warszów (Pologne), 10 minutes, gratuit
    - Ferry Hel-Gdynia (Pologne), 1 heure, 50 PLN
    - Ferry Gdansk-Nynäshamn (Pologne-Suède), une traversée quotidienne en été avec la compagnie Polferries, 18 heures, 350 PLN
    - Bus Malung-Borlänge (Suède), avec la compagnie Dalatrafik, 2h15, 136 SEK
    - Train Falköping-Göteborg (Suède), avec la compagnie Västtåg, 1h05, 173 SEK
    - Ferry Göteborg-Frederikshavn (Suède-Danemark), 6 traversées quotidiennes avec la compagnie Stena Line, 3h15, 412 SEK (moins si achat en ligne)

    Retour

    Attention : en été, il est pratiquement impossible de trouver de la place pour le vélo dans le train de nuit Hamburg-Bâle ou les intercités si l'on ne réserve pas à l'avance. Et comme on ne peut pas non plus anticiper une date fixe de retour après un voyage à vélo de plusieurs milliers de kilomètres, il va falloir se résigner à traverser l'Allemagne avec les trains régionaux... Ce qui peut signifier, très concrètement, une épopée ferroviaire de 24 heures, avec 11 changements de train et des heures d'attente à Göttingen au milieu de la nuit ! En détail :

    - Flensburg-Hamburg
    - Hamburg-Uelzen
    - Uelzen-Göttingen
    - Göttingen-Kassel
    - Kassel-Frankfurt
    - Frankfurt-Mannheim
    - Mannheim-Karlsruhe
    - Karlsruhe-Offenburg
    - Offenburg-Basel Bad
    - Basel Bad-Basel SBB à vélo (3.5 km)
    - Basel SBB-Olten
    - Olten-Genève

    Tarif imbattable entre Flensburg et Basel Bad : 138 EUR
    Et 56 CHF pour traverser la minuscule Suisse, si l'on a l'abonnement demi-tarif...

    Note : les tarifs, fréquences et temps de parcours sont ceux de l'été 2018.

  • Hébergements

    Durant ce voyage, j'ai eu recours aux hébergements suivants, tous de bonne qualité :

    • Camping, 16 nuits
    • Caravane de location, 1 nuit
    • Auberge de jeunesse (Jugendherberge, Vandrarhem, Hostel), en dortoir/chambre multiple, 4 nuits
    • Auberge de jeunesse, en chambre single, 4 nuits
    • Bed and Breakfast (B&B), 1 nuit

    J'ai également passé une nuit dans le train Bâle-Hambourg, une autre sur le ferry entre la Pologne et la Suède, et une dernière dans les trains et gares allemands durant le long voyage de retour depuis Flensburg.

  • Téléchargements

    Vous pouvez télécharger cet itinéraire aux formats suivants :

    Parcours complet
    Fichier Excel (.xlsx)

    1ère partie (Allemagne et Pologne)
    Fichier Google Earth (.kml)
    Fichier GPS (.gpx)

    2ème partie (Suède et Danemark)
    Fichier Google Earth (.kml)
    Fichier GPS (.gpx)

  • Remerciements

    Merci à Lukasz de Poznań pour la discussion intéressante et le petit déjeuner partagé dans cette cafétéria du port marchandises de Gdynia, à Emil de Linköping pour cet autre petit déjeuner sur la plage du lac Siljan et à Simon d'Augsburg pour la compagnie et les échanges de fin de voyage dans les trains régionaux allemands ainsi qu'à la gare déserte de Göttingen entre 2h et 4h30 du matin.

    2 réflexions sur « Baltique et Scandinavie (D, PL, S, DK) »

    1. Bonjour, votre article m’a beaucoup intéressée. Nous projetons une randonnée à bicyclette de Lubëck à Gdansk à la mi-juin prochain. Nous avons l’intention de camper et passer aussi qq nuits en auberge de jeunesse. Juste pour info, notre petit groupe étant du 3e âge pour ne pas dire 4e, nous ne ferons que 50 km/jour en moyenne.
      Quelle serait la carte routière de Pologne que vous nous conseilleriez ? et éventuellement un guide de camping ?
      Merci beaucoup.
      Sylvie Brenac

      • Bonjour Sylvie, merci pour votre visite.
        Je n’ai pas utilisé de carte routière durant le parcours en Allemagne et en Pologne, parce que j’avais le guide Esterbauer mentionné dans l’article. L’édition 2023 est disponible pour le parcours polonais, de Swinoujscie à Gdansk, mais uniquement en allemand, ce qui ne pose guère de problème si on souhaite avant tout utiliser les cartes détaillées au 1:75’000. Vous pouvez le consulter et l’acheter ici. Un nouveau guide en anglais pour tout le parcours de Lübeck à Riga est annoncé pour mai de cette année.
        Je n’avais pas de guide de camping non plus, mais cela n’a pas posé de problème le long de la Baltique, car une partie des campings sont mentionnés dans le guide Esterbauer. Par ailleurs, si vous disposez d’un accès mobile à internet (ce qui n’est pas mon cas, sauf en présence de wifi), vous pourrez sans doute trouver facilement votre prochaine étape.
        Je vous souhaite une bonne préparation et surtout un magnifique voyage sur ce chouette itinéraire.
        Meilleures salutations,
        Raphaël

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