Première neige

C’était annoncé : on allait passer d’un magnifique et durable été indien à l’hiver en à peine 3-4 jours. Presque sans transition, juste un bon coup de vent. Mercredi 18 novembre, j’ai roulé toute la journée en short et apprécié la pause confortable au soleil, en T-shirt. Mon thermomètre indiquait 21 degrés. Aujourd’hui, dimanche 22, j’ai fait le guignol dans la neige par des températures négatives.

L’été indien aura donc duré jusqu’au 19 novembre en cette année exceptionnelle et je me réjouis d’en avoir profité au maximum, pendant 4 semaines dans les Alpes.

Parmi les quatre saisons, l’hiver est sans doute celle que j’aime « le moins », pour deux raisons principales : l’hiver suisse se montre la plupart du temps tiède et sans caractère – il ne fait jamais froid deux jours de suite (et l’hiver genevois est pire : confiné dans les concentrations toxiques de particules fines, sous l’infect couvercle de stratus) ; en outre, malgré la relative douceur des températures, chaque sortie cycliste nécessite une logistique importante (vêtements de rechange, etc – voir cet article) et les siestes au soleil sur un banc perdu au fond de la brousse ne sont généralement pas possibles…

Ceci dit, les changements de saison me réjouissent toujours. Quelle variété de tons, de sons, d’odeurs, dans la nature ! Alors, quand les prévisions météo annoncent un net refroidissement et la première neige à basse altitude, je m’empresse de monter mes pneus d’hiver (Schwalbe Nobby Nic) et de préparer un thermos de thé bien chaud. Destination : le Salève, tout blanc, par le col de la Croisette. Sur le goudron, je retrouve avec bonheur le « chant » bien particulier des Nobby Nic, ainsi que la faible vibration permanente qu’ils engendrent, promesses de bonne tenue dans le terrain meuble et la neige – ça va accrocher !

Les chutes de neige ont été modestes, donc la route du col des Pitons est encore ouverte – dommage, mais il n’y a presque pas de trafic de ce côté-ci.

SalèveA La Croisette, le soleil brillait encore, mais une couche de nuages bas a envahi le ciel lorsque j’arrive dans les pâturages des fermes de Chavanne et du Petit Pommier, poussée par une bise soutenue et bien froide. Du coup, la visibilité se réduit fortement et j’enfile mon gilet de sécurité jaune fluo – pas question de se faire faucher par une bagnole roulant trop vite. J’allume également mes lumières avant et arrière, que j’emporte toujours en hiver dans ma sacoche de selle.

Salève

SalèveCôté température, le thermomètre a chuté : il indique désormais moins un degré. Le pique-nique attendra ! A la descente, je contrôle ma vitesse en prévision d’éventuelles plaques de verglas dans la forêt.

SalèveJe sors rapidement du brouillard qui s’accrochait au sommet du Salève et découvre un ciel magnifique du côté des Alpes et du lac d’Annecy.

SalèveJe prends quelques photos, mais sans m’attarder, car la morsure du froid sur mon organisme pas encore habitué est assez sévère : j’ai les mains qui gèlent à force de les sortir de mes gros gants en Gore-Tex pour manipuler mon appareil photo et la peau de mon visage me fait mal. Pas très étonnant lorsqu’on sait qu’à 30 km/h par moins un degré, la température ressentie est de moins sept degrés (plus d’infos au sujet du refroidissement éolien sur Wikipédia).

Je décide de prendre la route forestière de la Grande Montagne, à la fois parce que j’ai trop froid à me laisser descendre sans rien faire et aussi parce que je veux aller sur les sentiers enneigés. C’est une très bonne idée et pédaler à nouveau me réchauffe rapidement. Il y a une couche d’environ 5 à 10 cm de neige au sol et je remarque avec plaisir une trace de vélo – c’est cool de se dire qu’il y a au moins UNE autre personne qui est montée à VTT en ce dimanche hivernal, outre les deux ou trois cyclistes croisés jusque-là sur le goudron.

SalèveLe parcours sur les sentiers forestiers est féérique et silencieux. La neige amortit le roulement, mais dissimule également quelques pièges, sous la forme de cailloux ou, pire, de racines ultra glissantes. Qu’importe, je ne suis pas pressé et souhaite profiter de ces instants magiques dans le blanc, en forêt. Comme prévu, mes pneus accrochent bien dans la neige et je parviens jusqu’à la route des Avenières pratiquement sans poser le pied – sauf pour prendre des photos – et surtout, sans tomber.

Salève

Salève

SalèveJe souhaitais m’arrêter pour pique-niquer à St-Blaise, mais le ciel est couvert et la bise y souffle fortement, donc je décide de continuer. C’est à Charly, sur la Place St-Jacques-de-Compostelle (!), que je profite d’un éphémère coin de ciel bleu pour boire deux tasses de thé et me réchauffer les mains. Ce sera la seule vraie « pause » de la balade.

SalèveReste à affronter le retour, une trentaine de kilomètres contre la bise, mais fort heureusement la température est plus confortable dès le retour en plaine : 5 degrés (avec le vent, ça nous donne du 0 à 1 degré ressenti).

Ça c’est un dimanche comme je les aime !

Autres articles sur le cyclisme hivernal : A vélo dans le blanc et Le Salève en hiver
Plus d’infos sur la première neige : Météosuisse.
Bilan climatique de l’automne 2015 : Météosuisse.

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