Ce n’est pas le pays auquel on pense en premier lorsqu’on projette de partir voyager à vélo. Et pourtant, la Tchéquie est à la fois proche, peu onéreuse et ses itinéraires cyclables bien développés, ce qui ne signifie pas nécessairement toujours confortables.
De manière générale, la population tchèque se montre réservée, parfois même intimidée devant l’étranger, comme s’il subsistait encore une certaine modestie ou simplicité héritée de l’époque communiste, quand les Tchèques vivaient dans une autre Europe. Sans doute aussi, la rare maîtrise d’une langue étrangère parmi la population rurale rend-elle les contacts plus compliqués.
Je reste toutefois très favorablement impressionné par l’attitude globalement respectueuse des Tchèques : personne n’a crié ou klaxonné, personne ne traverse au rouge ni ne se lance sur la chaussée sans regarder, personne ne bouscule, les trottoirs ne sont pas jonchés de merde de chien, on se sent en sécurité partout (sauf évidemment si on fait l’erreur d’aller pédaler sur une grande route). Quel contraste avec le foutoir latin que nous connaissons !
Distance parcourue dans le pays : 970 km
Année de voyage : 2024
Routes et voies cyclables
La Tchéquie, comme d’autres pays de l’est ou du nord de l’Europe, s’efforce de séparer les trafics cycliste et motorisé, ce qui me paraît judicieux. Ainsi, on ne se retrouve (presque) jamais à pédaler sur une route importante, derrière une ligne jaune qui ne protège pas. Le corollaire, c’est que les véloroutes filent souvent zigzaguer loin dans la campagne et les forêts – et la distance s’en trouve sensiblement allongée.
Parfois, on roule sur une belle piste cyclable toute neuve et lisse. Ailleurs, il faut pousser son vélo sur un chemin forestier défoncé, caillouteux ou encombré de racines, puis franchir des flaques grandes et profondes comme des étangs ou se faufiler sur un étroit sentier bordé d’orties… C’est le prix de la sécurité !
Autre point fort : la signalisation est généralement excellente et l’on trouve des panneaux jusqu’au cœur de la forêt !
La plupart du temps, ces panneaux mentionnent les distances. Quant à la règle générale, c’est toujours la même : tout droit tant qu’il n’y a pas d’indication.
Le seul problème, c’est que les numéros d’itinéraires changent très régulièrement. Ainsi, Eurovelo 4 suit des itinéraires locaux ou régionaux qui ont chacun leur numéro. Quand le logo Eurovelo est absent, cela exige une certaine agilité intellectuelle, laquelle peut être grandement facilitée par le recours à l’application OSMAnd : en effet, les cartes OpenStreetMap mentionnent aussi les numéros des parcours locaux. Par ailleurs, même si le balisage est excellent, on peut rater une bifurcation et le GPS se révèle alors bien utile pour rejoindre la véloroute. Enfin, trouver son auberge de jeunesse en ville sera beaucoup plus compliqué sans application GPS.
Pour être exhaustif, j’ajouterai qu’il n’est pas toujours évident de deviner si le panneau de direction invite à tourner immédiatement ou un peu plus loin, au prochain grand carrefour. En cas de doute, se retourner pour vérifier la présence de panneau indicateur en sens inverse : s’il n’y est pas, c’est sans doute qu’on s’est trompé.
Quatre itinéraires Eurovelo traversent la Tchéquie : EV4, EV7, EV9, EV13. Si vous n’avez pas de projet particulier, ce sont d’excellentes bases pour démarrer.
Hébergement
En arrivant en Tchéquie, on s’aperçoit tout de suite qu’il y a beaucoup moins de campings qu’en Allemagne, et c’est bien dommage. Quand on en trouve, c’est généralement à proximité d’une rivière ou d’un plan d’eau – qui semblent être les destinations estivales préférées de la petite middle-class tchèque. On regrette un peu les sanitaires des campings allemands… Il y a souvent une buvette ou un restaurant, mais ne vous attendez pas à des miracles gastronomiques.
A la campagne, la meilleure alternative au camping est la « Pension » (ou « Penzion »), qu’on trouve dans de nombreuses petites agglomérations. Il s’agit soit d’une chambre d’hôtes chez des particuliers, soit d’une chambre d’hôtel pas trop chère. Le prix de la nuitée ne comprend habituellement pas le petit-déjeuner. Pour les trouver, il faut parfois demander la direction aux passants – en tchèque, évidemment : s’il n’y a pas de Pension, peut-être connaissent-ils quelqu’un qui loue une « ubitovany » (chambre).
Dans les grandes villes, la meilleure solution, si votre budget est restreint, c’est l’auberge de jeunesse ou Hostel, avec ses dortoirs. J’y ai toujours très bien dormi et insiste sur le comportement très respectueux de tous les voyageurs, même à Prague : personne ne fait de bruit après 22 heures ou n’allume la lumière principale quand tout le monde dort. D’ailleurs, c’est vite vu : ils sont tous sur leur téléphone…
Alimentation
Autre contraste important avec la Suisse et la France : on trouve des petits supermarchés ou épiceries dans de très nombreux villages, et il n’est donc pas nécessaire de transporter des réserves de nourriture sur le vélo. Dans un pays où la population n’est pas encore contrainte à l’hypermobilité, il n’est pas nécessaire de faire 20 bornes pour trouver à manger. C’est tout à fait agréable ! Par contre, il faut avoir suffisamment d’eau, car on ne trouve pas d’eau potable sur la route ni dans les villages, où la plupart des fontaines sont désaffectées ou non potables.
Dans les villes, les horaires d’ouverture sont étendus, mais pas dans la campagne, où les commerces sont généralement ouverts de 7h à 17h, voire moins, du lundi au vendredi. Attention : ils sont souvent fermés le samedi après-midi – et évidemment le dimanche.
Les prix de l’alimentation sont bien plus bas qu’en Europe de l’ouest.
Transports publics
Je n’ai testé que le train, de Cracovie à Prague, puis de Prague à Bâle. La plupart des trains tchèques acceptent les vélos, mais il faut parfois un billet vélo et une réservation.
Vous trouverez les horaires et pourrez acheter votre billet en ligne sur le site de la compagnie ferroviaire tchèque České dráhy. D’autres informations utiles et en français sont disponibles sur le site de VisitCzechia.
Attention : pour les longs voyages, assurez-vous qu’un wagon avec places pour vélos sera bien présent dans votre train, sinon vous arriverez à destination très fatigué. Le train de nuit Prague-Bâle que j’ai pris n’avait finalement pas de places pour les vélos, quand bien même un autre cycliste et moi avions des billets et des réservations. « Problème de dernière minute », nous a-t-on dit, et nous avons dû coincer nos vélos dans un compartiment voyageurs. Le problème, c’est que cette partie de train devait être décrochée à Leipzig et que personne ne pouvait nous assurer qu’il y aurait des places pour nos vélos dans le train en provenance de Berlin auquel nous allions être attelés. Bien sûr, tous les emplacements vélos étaient complets et nous avons dû insister auprès des contrôleurs, qui nous ont donné la permission de monter. Nous avons laissés les vélos dans un coin au bout d’un wagon suisse, où ils ne dérangeaient pas le passage, mais bloquaient la sortie de gauche (sur voie). Plus tard, les contrôleurs sont venus nous trouver dans notre wagon tchèque initial, bien plus confortable que la bétaillère helvétique bondée, mais à l’autre bout du train : nous ne pouvions pas laisser les vélos à cet emplacement, car ils bloquaient une issue de secours. Heureusement, ils avaient déniché deux places vélos inoccupées dans le wagon-lits. Après avoir téléphoné au conducteur pour qu’il prolonge l’arrêt à Erfurt, nous avons déplacé nos vélos en pleine nuit, via le quai de la gare. Et le matin, il a fallu remonter tout le train avec nos bagages (une véritable épreuve !) pour rejoindre les vélos, faute de quoi nous n’aurions pas eu le temps de tout débarquer à Bâle, où l’arrêt ne dure que quelques minutes…
Climat
La République tchèque connaît un climat continental : forte chaleur en été et hivers rigoureux. J’ai en effet bien transpiré sur Eurovelo 4 en juillet 2024 : la moyenne des températures maximales quotidiennes s’est établie à 33.5 degrés (moyenne des minimales 20.5 degrés). Des orages violents et des tempêtes se produisent régulièrement en été, comme me l’ont démontré d’innombrables arbres récemment déracinés dans la région d’Ostrava.
Vous pouvez consulter les prévisions sur le site de l’Institut hydrométéorologique tchèque ou sur l’application The Weather Channel.
Vous trouverez également des informations sur le climat tchèque ici.
Budget indicatif (taux de change juillet 2024)
En cours de calcul.
Notez que la Tchéquie n’est pas passée à l’Euro, contrairement à la Slovaquie, et a conservé sa monnaie, la couronne tchèque, ou koruna. Lorsque j’ai interrogé des gens à ce propos, la réponse a toujours été la même : « nous n’avons pas voulu que les prix augmentent avec la conversion à l’Euro, comme cela a été le cas dans les autres pays qui ont fait ce pas ».
Divers
Quelques mots en tchèque, pour faire plaisir à celles et ceux auxquel-le-s on s’adresse ou s’y retrouver dans les enseignes :
bonjour dobrý den
bonsoir dobrý večer
salut ahoj (souvent utilisé entre cyclistes)
au revoir na shledanou (se prononce à peu près « na sklédano » et est souvent raccourci sous la forme « na sklé », un peu comme notre « à plus »)
oui ano
non ne
merci děkuji (se prononce à peu près « dyékouyi »)
s’il vous plaît prosim
pardon pardon 🙂
boulangerie pekárna
pain chléb
café káva
eau voda
eau potable pitna voda
bière pivo
magasin d’alimentation obchod s potravinami, ou potraviny
supérette večerka
restaurant restaurace
camping kempování, ou parfois seulement kemp
auberge de jeunesse mládežnická ubytovna
chambre ubitovany
pharmacie lékárna
vélo kolo
piste cyclable cyklostezka
mécanicien/réparateur de vélo mechanik jízdních kol
Autres liens utiles
La République Tchèque à vélo et en famille, article de blog
VisitCzechia, le site en français de Czech Tourism Authority
La Tchéquie en quelques chiffres
Superficie : 78 870 km2
Population : 10 882 235 habitants (2023)
Densité : 138 hab./km2
Cette introduction de présentation met en appétit ! J’ai hâte de voir le détail de l’itinéaire, les photos et le récits de tes aventures dans ce beau pays !
Merci !
Merci Maxime !
Les photos seront bientôt publiées, tout comme quelques brèves notes de route, le détail de l’itinéraire est en ligne (sur bikemap), quant au récit, il reste dans ma tête car je n’ai plus l’énergie nécessaire pour de longues rédactions…
Mais j’espère que ça suffira pour te motiver 🙂
Amicalement