Q&R Chemin de Compostelle

Question (mars 2015) : Y a-t-il en France une partie moins intéressante que nous pourrions parcourir en train pour gagner du temps ?

Réponse : En France, la section la moins intéressante est en Aquitaine (sud-ouest), mais j’ai pour ma part toujours roulé plus à l’ouest que l’itinéraire officiel, ce qui n’est pas une bonne idée. Je dirais qu’il faut éviter le département des Landes, sans intérêt, et que le reste ça devrait aller si vous restez à proximité du GR65 au-delà de Cahors. De toute manière, après les paysages sauvages du Massif Central et le parcours facile au fond de la haute vallée du Lot, les collines agricoles du Lot-et-Garonne et du Gers sont moins fascinantes. Quant à savoir s’il existe des liaisons de train entre Cahors et les Pyrénées-Atlantiques, je vous laisse voir, mais ça risque d’être compliqué et de prendre autant de temps qu’à vélo…

Le mieux, je crois, c’est de voir sur place, en fonction de votre forme, de votre appréciation du parcours et du respect du « calendrier » de progression.


Question (mars 2015) : Une petite question concernant les pèlerins à pied. Dans certains sites ils disent que ceux-ci voient d’un mauvais œil ceux qui font le chemin à vélo. As-tu eu aussi des problèmes avec eux?

Réponse : je n’ai rencontré aucun problème avec les pèlerins à pied lorsque j’ai fait le chemin en 2009. Il y a sans doute, sur le Camino comme ailleurs, des arrogants qui pensent avoir toujours raison et voient d’un mauvais œil ceux qui ne font pas comme eux. Par ailleurs, j’imagine volontiers que certains cyclistes à VTT se comportent de manière irrespectueuse sur le sentier, déboulant à toute vitesse sans prévenir, dépassant dans des endroits étroits et/ou dangereux, etc, comme je l’observe régulièrement tant en ville qu’à la montagne. Après, évidemment, les piétons ne nous aiment pas…

Enfin, à vélo, on progresse environ quatre fois plus vite qu’à pied. Je me souviens de ces groupes de piétons que je dépassais à toute vitesse (après avoir fait tinter ma sonnette, et uniquement dans des passages larges ou sur la route) en me disant que le soir je dormirais là où eux n’arriveraient que 3 jours plus tard. Il y en a qui traînent la patte, en particulier sous le soleil de plomb de la Castille, et cela ne m’étonnerait pas qu’il se trouve parmi ceux-ci quelques jaloux à notre égard…

Bref, ne te fais pas de souci, tout se passera bien, et rien ne t’obligera à converser avec les gens pas cool.


Question (mars 2015) : Je voudrais faire un aller-retour de Genève à Compostelle. Je pense partir début mai et j’ai vraiment de la chance d’avoir trouvé toutes ces infos utiles que tu mets à disposition.

Quelques petites questions si tu le permets :
1°- J’ai un vtt que j’ai équipé route, penses-tu que il peut y avoir de la neige sur les cols ?
2°- J’ai déjà fait le tour de Suisse à vélo sur route et Montreux-Vienne aller-retour le long des rivières suisses et du Danube. Penses-tu que cela soit faisable pour moi en sachant que je ne recommence le vélo que maintenant à mi-mars et que je ne suis pas très fort sur les cols ? Car je ne vois pas leur niveau de difficulté. Le seul col que j’ai fait, c’est celui de la croix vers les Diablerets ; penses-tu que ceux-ci soient plus durs ?
3°- Point de vue camping, penses-tu qu’il soient ouverts à partir de cette date ?

Si tu as quelques réponses se sera sympa et sinon tant pis je partirai comme cela.

Réponse : L’aller-retour, c’est du sérieux ! J’ai fait 2400 km de Genève à St-Jacques, aller-retour vers le cap Finisterre inclus (200 km). Te laisse compter avec le retour en Suisse…

Je ne vais hélas pas pouvoir répondre de manière assurée à toutes tes questions. J’ai fait le voyage de St-Jacques en plein été (2009) et ne connais pas les conditions sur cette route en d’autres saisons. Par ailleurs, je n’ai de loin pas suivi l’itinéraire officiel tout le long, préférant parfois m’écarter de la foule des pèlerins ou traverser des régions qui m’attiraient plus. Ceci dit, j’ai plusieurs fois arpenté certaines régions du sud du Massif central (Ardèche, Haute-Loire, Lozère notamment) au mois d’avril et ai franchi certains cols enneigés, au-dessus de 1500 m d’altitude, une fois même sous les bourrasques de neige. Par ailleurs, il n’est pas exceptionnel que des chutes de neige tardives affectent ces régions jusqu’au mois de mai, voire juin.

Ceci dit, si tu prends l’itinéraire officiel Genève-Le Puy-St Jean Pied de Port (GR65 et ses variantes locales), il n’y a pas tant de cols que cela. Je crois que les premiers se trouvent dans la région du Mt Pilat (St-Étienne), mais ne les ai pas parcourus. Le tronçon le plus délicat, du point de vue de l’altitude et des conditions climatiques, se trouve vraisemblablement juste après Le Puy, en Margeride et dans l’Aubrac, jusqu’au-delà de Nasbinals. Ensuite, tu plongeras dans la vallée du Lot et ce ne sera plus un problème avant le passage des Pyrénées.

Un VTT « équipé route » ? Je ne sais pas vraiment ce que c’est. Si tu souhaites parcourir le chemin officiel, c’est à dire le GR65, emprunté par les pèlerins à pied, un VTT est recommandé : suspension avant, roues VTT et pneus larges tout-terrain. Tu devras de toute façon pousser ou porter ton vélo dans certains passages étroits, empierrés, boueux, enneigés… Le problème avec un VTT, c’est que le chargement des bagages est difficile, en particulier à l’avant, et qu’aucun système n’est réellement stable et efficace. Pour ma part, j’ai fait ce voyage avec un vélo hybride (trekking ou tous chemins) à roues 28 pouces, mais j’ai souvent roulé sur les petites routes parallèles au chemin officiel et n’ai que rarement emprunté le sentier des pèlerins. Si tu fais comme moi, pas de problème avec un VTT « équipé route ». Mais attention : monte impérativement des pneus anti-crevaison, du genre Schwalbe Marathon Mondial, sinon tu vas galérer.

Du point de vue du dénivelé, ce voyage a été le plus physique que j’ai réalisé, avec un dénivelé moyen quotidien de 1120 mètres. Comme je te le disais, j’ai créé mon propre itinéraire, et au final il montait bien plus que le parcours officiel. Je suis par exemple passé par le massif des Picos au lieu de la plaine désertique de la Meseta… Mais quand on a du plaisir, on ne compte pas. Il y aura du dénivelé, des montées très raides ici ou là, notamment au passage des Pyrénées si tu ne restes pas sur la route principale et le col d’Ibañeta (facile, mais gare au trafic). Si tu cherches une traversée sûre et originale des Pyrénées, au départ de St-Jean-Pied-de-Port va voir ici : tu t’écarteras momentanément du parcours officiel, mais le retrouvera ensuite. C’est le parcours des piétons au début, mais ensuite on reste sur la route goudronnée et franchit un autre col (pas sûr que le chemin des pèlerins via le col de Bentarte soit franchissable avec un vélo chargé, d’où ma variante). Grandiose et très raide, images sur mon site sur la même page que précédemment ! Entraîne-toi un maximum si tu peux, tu profiteras d’autant plus du voyage si tu ne peines pas dans les montées.

Question campings, ils ne seront certainement pas tous ouverts au printemps. Par contre, si tu restes à proximité du GR65, tous les gîtes d’étape le seront et tu n’auras aucun problème d’hébergement. Compte environ 15 Euros la nuit en dortoir, plus 10 si tu veux le repas du soir. On obtient parfois un tarif avantageux avec le carnet du pèlerin, et certaines albergues en Espagne ne sont pas accessibles si tu n’as pas la credencial du pèlerin.

Tu as certainement déjà plein de marque-pages dans ton navigateur, et je me contente de te donner deux liens qui peuvent se révéler utile, notamment si tu voyages « connecté » (ce qui n’est pas mon cas pour l’instant) :

http://www.gr-infos.com/gr65a.htm
http://www.gites-refuges.com/v2/recherche_itineraire.htm

Les cartes routières Michelin série « Départements » au 1:150’000 ou 1:175’000 sont parfaites pour trouver son chemin sur les routes secondaires souvent désertes de France. Les Michelin « Régional » au 1:250’000 ou 1:400’000 sont OK aussi pour l’Espagne. Attention : ne quitte pas le sentier en Galice, ils roulent comme des malades !


Question (mars 2014) : Je suis toujours à l’élaboration de mon itinéraire et j’aimerais en savoir davantage sur le trajet Genève-Le Puy en Velay. Je trouve beaucoup de documentation sur la route Le Puy en Velay à St-Jacques mais peu sur le trajet juste avant…

Réponse : Entre Genève et Le Puy, je vous recommande la première partie de cet itinéraire. A ma connaissance, c’est la meilleure option, tant en terme de sécurité (pistes cyclables, routes secondaires à faible trafic) que d’intérêt touristique. Le tronçon qui vous intéresse mesure 333 km. La plus longue montée est en Ardèche du Nord, entre St-Vallier au bord du Rhône et le col du Rouvey : environ 1100 mètres de dénivelé. J’ai parcouru ce trajet la dernière fois au printemps 2023 et le connais par coeur au moins jusqu’à Fay-sur-Lignon dans le massif du Mt Mézenc. Les paysages sont magnifiques à partir de la traversée du Rhône à St-Vallier, mais personnellement j’aime vraiment tout le parcours.

Comment utiliser cet itinéraire ? Il y a deux options :
– si vous prévoyez de voyager avec un GPS, il vous suffit d’importer la trace .gpx dans votre appareil
– si vous préférez au contraire utiliser des cartes routières (comme moi), achetez les 3 cartes concernées de la série « Départements », au 1:150’000 (N°328 Ain, Haute-Savoie ; N°333 Isère, Savoie ; N°331 Ardèche, Haute-Loire) et marquez l’itinéraire au crayon ou au feutre sur votre carte, à partir de mon site ou de bikemap (possibilité de passer en plein écran pour une meilleure lisibilité). Vous n’y verrez pas forcément les plus petites pistes cyclables, mais lorsque vous serez en route, vous devriez sans problème voir les indications pour celles-ci, car vous ne serez jamais loin.

Pour les hébergements, il y a de nombreux campings sur ce trajet. Je recommande ceux du Lac du Lit-au-Roi à Massignieu-de-Rives (01), de Paladru (38), de St-Vallier (26) et de Devesset (07). Voir s’ils sont ouverts en dehors des 2 mois d’été. Sinon, il y a aussi des gîtes d’étape, notamment le long du GR65 (Chemin de St-Jacques), mais on ne le suit pas tout le temps.

Vous trouverez une brève description de ce parcours ainsi que quelques photos sur mon site (lien ci-dessus).

Si vous préférez rester en permanence sur le tracé officiel du GR65, vous pouvez acquérir le guide édité par la Fédération française de randonnée (FFR). J’ai également trouvé quelques sites qui pourraient vous intéresser :

https://chemindecompostelle.com/
https://www.montsdegeneve.com/a-voir-a-faire/les-itineraires-pedestres/chemin-de-compostelle/
https://www.rando-hauteloire.fr/randos-itinerantes/gr65-geneve-le-puy-en-velay/
https://camino-europe.eu/fr/eu/fr/jakobswege-fr/f-via-gebennensis-geneve-le-puy-fr-CH/
https://www.lepuyenvelay-tourisme.fr/saint-jacques-et-grands-itineraires/en-route-pour-saint-jacques/de-geneve-au-puy-en-velay/
https://geneve-lepuy.chemindesaintjacques.com/


Question (octobre 2013) : J’ai vu en naviguant sur internet votre superbe site internet. Vous avez fait ce chemin à partir de Genève il y a quelques années et j’aimerais bien avoir vos conseils…
Vous l’avez fait à quelle période de l’année? Printemps/été/automne? Les chemins sont-ils bien adaptés pour le vélo? Suivons nous le même que les randonneurs? Y a-t-il beaucoup de monde? Bref, toutes les informations que vous voulez bien me donner me seront grandement utiles!

Réponse : J’ai fait ce voyage au mois de juillet 2009, parce que c’est en été que j’ai mes vacances. Si vous pouvez choisir la période, tout le monde vous dira qu’il est préférable de partir au printemps ou en fin d’été/automne. Pour deux raisons principales : le climat (moins chaud) et la foule (moins de monde sur le parcours).

En été, il peut en effet faire très chaud, tant en France qu’en Espagne (mon thermomètre a mesuré 43°C en Castille…). Personnellement, je supporte assez bien la chaleur, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. N’oublions pas que nous ne roulons pratiquement jamais à l’ombre. Mai, juin, septembre et octobre sont sans doute les mois les plus intéressants de ce point de vue. Attention toutefois : certaines années, il peut faire très froid jusqu’en juin sur les hauteurs du Massif central (Haute-Loire et Lozère), avec même de la neige.

Pour ce qui concerne le nombre de pèlerins, toutes catégories confondues, il augmente chaque année. Il y a plus de monde en été, car c’est à ce moment que la plupart des gens ont leurs vacances. Hors saison, on rencontre sans doute plus de jeunes retraités sur le chemin. Quand on voyage seul, c’est plutôt sympa de rencontrer des gens sur le chemin ou à l’étape, mais comme en toute chose, quand il y a trop de monde, ça devient fatigant : soirées bruyantes, hébergements complets dès le début d’après-midi, branle-bas de combat dans les dortoirs dès 4h45, etc… Cela est surtout vrai pour l’Espagne, moins pour la France. En particulier, le parcours en Galice est de ce point de vue pénible, car il y a beaucoup trop de monde sur le chemin.

Il y a un autre moyen d’échapper à la cohue : on peut quitter temporairement le chemin « officiel » (GR65, Camino Francés) et faire divers détours dans des régions magnifiques et très peu visitées. C’est ce que j’ai fait, ne suivant finalement qu’assez épisodiquement le chemin des pèlerins, que ce soit en France ou en Espagne. Du coup, l’itinéraire que j’ai publié sur mon site est un parcours personnalisé – que je ne peux que recommander, mais qui vous conduira régulièrement à l’écart des autres pèlerins.

Je ne peux pas vous répondre précisément au sujet de l’état du chemin que suivent les randonneurs à pied. Je l’ai parfois suivi ici et là, en France comme en Espagne, pour tester, ou bien pour quitter la route et les bagnoles : je me suis retrouvé tantôt sur des petites routes goudronnées ou des chemins tout à fait agréables, tantôt sur des sentiers étroits, pierreux et accidentés, pas du tout adaptés au passage d’un vélo, et ai par conséquent dû pousser, voire porter mon vélo sur certains tronçons. Si vous avez un VTT et pas trop de bagages, vous passerez sans doute plus facilement que moi, mais pas partout quand même. Pour ma part, je préfère suivre les routes secondaires, la plupart du temps très calmes et sans danger (peu de trafic). Cela permet en outre d’avancer un peu plus vite, car il ne faut pas oublier la distance importante jusqu’à St-Jacques et le fait que l’on ne dispose pas forcément de plusieurs mois pour y parvenir.

A ce propos, je ne peux que vivement conseiller de prendre suffisamment de temps pour le voyage. Si on est sans arrêt pressé, cela ne vaut même pas la peine… Le vélo (ou la marche) permettent justement de sortir quelque peu du temps aliénant de la société marchande, et il faut absolument en profiter.

Pour en revenir à l’itinéraire, je pense qu’il faut le déterminer au quotidien, en s’appuyant sur les informations que vous obtiendrez sur la route, soit auprès d’autres voyageurs, soit plus probablement auprès du personnel des gîtes d’étape / campings / albergues / offices de tourisme locaux. Vous déterminerez ainsi avec plus d’acuité les parcours que vous pouvez faire en suivant les pèlerins et ceux pour lesquels il vous faudra prendre la route.

En particulier, le passage du col de Bentarte dans les Pyrénées est difficilement envisageable à vélo. Les alternatives sont soit la route principale (large mais attention au trafic) par le col d’Ibañeta, soit les cols d’Arnostéguy et d’Azpegi, que j’ai passés en 2012.

Je pense que vous trouverez beaucoup d’informations utiles sur tous ces sujets sur les divers sites traitant du Chemin de St-Jacques. N’hésitez pas à y traîner longuement, voire à acheter l’un ou l’autre guide que l’on trouve dans le commerce. Cette route est (à juste titre) de plus en plus populaire, il y a donc de nombreuses ressources disponibles.

Question matériel, je ne ferai qu’une recommandation : ayez des pneus anti-crevaison. Les meilleurs sont les Schwalbe Marathon Mondial, disponibles tant en 28 pouces qu’en 26. On n’a pas de temps à perdre avec des crevaisons à répétition.