Les crimes contre l’environnement

Après la défaite de la raison dans le cadre de plusieurs objets soumis au vote populaire le 28 février dernier, il ne faudrait pas sombrer dans le défaitisme. D’abord, parce qu’on a l’habitude que la déraison et les calculs à court terme l’emportent – et c’est bien ainsi qu’il convient d’analyser le refus de l’initiative contre la spéculation sur les denrées alimentaires, l’acceptation du percement d’un deuxième tube au Gothard, tout comme le cadeau offert par les contribuables genevois à une institution inutile autant que gaspilleuse : l’armée (voir cet article). Ensuite, parce qu’au beau milieu du vacarme permanent où se mêlent discours politique aliéné et logorrhée publicitaire, les voix lucides parviennent toujours à se frayer un chemin vers les oreilles attentives. Même aux heures de grande écoute – pour autant qu’on ne parle pas de TV, mais bien de radio.

C’est le cas cette semaine dans l’émission Histoire Vivante de La Première, grâce à la rediffusion d’une série consacrée au « crime écologique », selon la terminologie du média. J’ai déjà écouté les 5 épisodes d’une cinquantaine de minutes chacun à l’automne dernier et les recommande vivement à tous les amoureux et défenseurs de l’environnement. Les podcasts se trouvent là : épisode 1, épisode 2, épisode 3, épisode 4, épisode 5.

Au passage, je tiens à adresser un sincère « merci » aux producteurs d’Histoire Vivante, pour cette excellente série – et les multiples autres thématiques abordées tout au long de l’année, avec intelligence et sans précipitation.

De nombreuses personnes réfléchissent à l’enjeu essentiel de la protection de notre environnement sur le long terme, ainsi qu’à l’élaboration d’une véritable législation attribuant une RESPONSABILITÉ à ceux qui se comportent comme des voyous vis-à-vis de la nature et de tout ce qui y vit. Participons à la diffusion de cette réflexion et restons mobilisés, malgré les moyens démesurés dont disposent ceux qui, ne jurant que par la maximisation des profits à court terme et la destruction des consciences, nous envoient droit dans le mur. Non, les humains ne sont pas obligés de se comporter comme de gros crétins !

Un jour, forts de ces nouvelles lois, les mouvements citoyens, appuyés par des juristes et avocats engagés, assigneront les responsables en justice. Quels qu’ils soient : notre actuelle ministre de l’environnement (quelle mauvaise blague !), des transports, etc, par exemple, pour son soutien à un projet stupide, néfaste pour l’environnement et anticonstitutionnel au Gothard ; le peuple suisse, pourquoi pas, pour le même motif ; le gouvernement français, ainsi qu’AREVA et EDF, pour avoir truffé le pays de centrales nucléaires alors qu’il n’existe aucune solution de destruction des déchets produits par ces usines de merde et que Fukushima n’est ni un mythe ni le titre d’un film de science-fiction… Etc.

D’ailleurs, sans me faire d’illusions sur les motivations réelles des autorités de ma « chère » ville (repère de trafiquants en tous genres, de spéculateurs, de négociateurs en pétrole, minerais divers ou en denrées alimentaires, de gestionnaires de fortune et j’en passe – réalité bien lointaine de l’image de la « ville de paix » qu’on voudrait vendre au monde entier), je me réjouis grandement de la plainte qui a été déposée contre la centrale atomique du Bugey, le 2 mars. Plus d’infos dans Le Monde et Le Temps.

Pour être conséquentes toutefois, ces autorités-là seraient bien avisées de faire respecter à Genève les normes de l’Ordonnance sur la Protection de l’air, de limiter le trafic aérien à l’aéroport et de ne plus accorder d’autorisation aux organisateurs du Salon de l’Auto, car ce foutu bazar peut tout à fait légitimement être chargé de l’accusation de mise en danger de la vie d’autrui, en raison du chaos routier qu’il engendre durant 10 jours dans toute la région ainsi que de l’incompatibilité de l’activité de producteur-vendeur de bagnole avec le respect de la Constitution genevoise (Art. 19 : « Toute personne a le droit de vivre dans un environnement sain »).

Dans un autre registre, j’ai beaucoup apprécié les propos du philosophe français Bernard Stiegler récemment invité à s’exprimer dans Histoire Vivante sur la thématique des Big data. Retrouvez ces deux émissions passionnantes ici et .

C’est bientôt le printemps, faisons la révolution. Ou alors foutons le camp pour écouter, en brousse, le joyeux murmure de la nature renaissante !

crime écologique

2 réflexions sur « Les crimes contre l’environnement »

  1. Je ne comprend pas pourquoi, nous , 8 millions de Suisses devons montrer l’exemple alors que les Américains refusent systématiquement de signer quoi que ce soit en ce qui concerne l’environnement , l’exportation de matériel militaire, l’interdiction d’utiliser certaines armes ou munitions.
    Je cite les Américains, mais il y a encore les 8 milliards restants qui ne font pas mieux . Un monde de pourris !!!

    • Bonjour Monsieur.

      Pourquoi devons-nous montrer l’exemple ?

      – Parce que notre empreinte écologique très démocratique s’établit entre 2.4 et 2.9 planètes selon les calculs (http://www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/page/trends/switzerland/)
      – Parce que nous nous classons entre les 4e et 8e rangs mondiaux en matière de PIB par habitant (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_%28PPA%29_par_habitant)
      – Parce que même si le PIB est un indice pourri, nous sommes encore mieux classés selon l’indice de développement humain (IDH) : 3e rang mondial (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_IDH)

      Nous sommes donc extrêmement favorisés, par comparaison avec le reste de l’humanité, mais nous nous vautrons de manière irresponsable dans la surconsommation. Par ailleurs, une grande partie de notre « richesse » matérielle provient d’activités très nuisibles pour l’environnement et les populations (finance, commerce des matières premières, négoce du pétrole, pillage du Sud par nos chères multinationales, commerce avec des régimes dictatoriaux, etc).

      Mais surtout : parce que nous n’avons plus le temps de mettre la tête dans le sable et parce que c’est bien trop lâche de continuer avec la rengaine « les autres ne font pas mieux ».

      IL FAUDRA BIEN QUE QUELQU’UN COMMENCE.

      Et je serais heureux de pouvoir, pour la première fois, être fier de mon pays…

      Sinon, tant pis : l’humanité disparaîtra. Pas bien grave. Mais au niveau individuel, cela signifie beaucoup de souffrances. Pensez-y, si vous avez des enfants.

      Merci de ne pas oublier les salutations la prochaine fois.

      Raphaël

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