Le 28 février : NON au 2e tunnel au Gothard et à la caserne à Genève !

Il y a tout juste deux mois, Doris Leuthard, ministre suisse de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, était à Paris pour la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP21). Aujourd’hui, oubliant ses engagements d’hier, bafouant la Constitution fédérale, au garde-à-vous devant le lobby routier et ses nombreux relais, elle défend le projet de construction d’un deuxième tunnel routier au Gothard.

gothardJe ne vais pas refaire ici l’argumentation contre ce projet irresponsable au coût exorbitant ; on la trouve sur les sites des partis et associations qui font campagne :

  • Initiative des Alpes
  • Appel d’élu-e-s des villes
  • Argumentaire de Daniel Brélaz, syndic de Lausanne
  • Association « Non au 2e tunnel au Gothard »
  • Association transports et environnement (ATE)
  • WWF Suisse
  • Les Verts
  • Parti Socialiste
  • Comité centre-droit contre le 2e tunnel au Gothard

Je souhaite juste dénoncer cette énième démonstration du climat de collusion qui existe entre les pouvoirs politique et économique, au mépris d’une volonté populaire maintes fois exprimée en votation. Dans ces conditions, nous ne pouvons pas faire confiance au Conseil Fédéral quand il affirme que l’on n’ouvrira jamais simultanément les futures 4 voies de circulation : lorsque le deuxième tunnel sera percé, la protection des Alpes aura vécu, les camions afflueront et les émissions de CO2 s’envoleront.

gothardQue les Helvètes se rassurent : il n’y a pas qu’en Suisse que les élus défendent d’autres agendas que ce qu’ils prétendent, notamment en matière de protection de l’environnement. La France a organisé la COP21 et la plupart des médias ont loué le volontarisme du maître d’oeuvre, Laurent Fabius, et de son président, François Hollande. Moins de deux mois plus tard, la classe politique entière célébrait la vente de 118 Airbus à l’Iran… On nous prend vraiment pour des idiots !

Vingt milliards d’euros, non pour garantir une vie digne à chacun dans un environnement sain, juste pour permettre à une poignée de gros cochons de s’enrichir et à tous les autres de s’abrutir davantage en se vautrant dans la surconsommation… Alors, tu penses, le climat, le monde qu’on va laisser à nos enfants, qu’est-ce qu’on peut bien en avoir à faire ?

Rappelons ici que la Suisse comme la France sont très mal classées en matière d’empreinte écologique : occupant en 2010 respectivement les 18e et 23e rangs mondiaux selon le Global Footprint Network (voir graphique ci-dessous), ces deux pays consomment largement plus de ressources que ce que la planète peut fournir de manière durable.

empreinte écologiqueEn d’autres termes, sachant que la biocapacité mondiale s’établit à 1.7 hectare global (hag) par habitant, il faudrait 3.4 planètes Terre pour assurer à tous les humains le niveau de vie moyen des Suisses ou 3 planètes si l’on considère la France (chiffres de 2012, source). En 2014, la Suisse se place au 18e rang mondial des plus gros consommateurs de ressources, comme le montre cet article. Voir aussi les explications sur le site de la Confédération.

Au niveau mondial, l’empreinte écologique des sociétés humaines atteint désormais plus de 1.6 planète. On trouvera d’autres informations intéressantes dans les rapports « Planète Vivante », publiés par le Global Footprint Network, le WWF et la Zoological Society of London.

Nous vivons donc à crédit et faisons peser sur les générations futures un fardeau insupportable – par égoïsme, avidité, aveuglement et pure bêtise.

Rappelons également que la température globale sur Terre a dépassé en 2015 tous les records antérieurs, franchissant pour la première fois le seuil de 1 degré au-dessus de la valeur préindustrielle, selon l’Organisation Météorologique Mondiale (source).

réchauffement climatiqueNotons enfin que la majeure partie de notre empreinte écologique démesurée est due aux émissions de carbone : 71.8 % en Suisse (2014), 53 % en France (2010). C’est donc bien dans le domaine des énergies fossiles – et donc du transport – que nous devons changer de cap sans délai.

Pour garantir un avenir à nos enfants, transférons les marchandises sur le rail, comme l’ordonne notre Constitution (Art. 84 sur le Transit alpin), et votons NON au 2e tube routier au Gothard le 28 février !

Autres contributions sur le sujet, dans la presse romande :
Des recours contre le scrutin sur le Gothard, Le Courrier du 8 février 2016
Non à un permis de polluer, Le Courrier du 5 février 2016
Un projet insensé, Le Courrier du 2 février 2016

Aux électeurs genevois :

Ne baissons pas les bras, car on doit encore se débarrasser de l’armée – inutile, coûteuse, polluante, imbécile. Dans notre canton, nous avons accepté en 1989 l’initiative populaire pour une Suisse sans armée. Ce fut un jour historique et, comme tout objecteur, j’ai savouré les visages défaits de ceux qui, quelques années plus tôt, nous assommaient d’ordres stupides et nous humiliaient en caserne, parce que nous étions trop jeunes pour oser leur répondre ou, mieux, foutre le camp. Confirmons aujourd’hui notre refus de la violence d’État et de tous les gaspillages qui lui sont liés en votant massivement NON au projet de nouvelle caserne à Meyrin.

Ne cédons pas au chantage aux 1500 logements et boutons l’armée hors du canton !

genèveA lire sur le sujet :
Casernes inutiles, Le Courrier du 25 janvier 2016

2 réflexions sur « Le 28 février : NON au 2e tunnel au Gothard et à la caserne à Genève ! »

  1. tu connais mon opinions 😉
    selon moi on est plus convainquant en disant
     » je crois qu’il va pleuvoir demain »
    que en disant
    « je sais qu’il va pleuvoir demain ».

    En d’autres mots, tes convictions et connaissances seraient peut-être mieux servies par un discours pondéré. Mais après tout, tu n’es pas un scientifique et je comprends qu’au delà du message, tu veuilles en profiter pour soulager ta colère. Alors, vie la liberté d’expression. Le fond et la forme sont deux disciplines différentes.

    • Merci pour ton commentaire.

      Oui, je connais tes opinions, on en a parlé récemment. Pour ma part, je laisse aux élus le « privilège » de faire usage de la langue de bois et des beaux discours, préférant m’en tenir aux faits, tels qu’ils sont exposés dans ce modeste article, avec référence aux sources. Pour le reste, j’accepterai de « pondérer » mon discours, comme tu dis, lorsque ceux qui nous conduisent délibérément dans le mur nous expliqueront leurs vraies motivations. Jusque-là, je continuerai de dénoncer avec force et conviction les mensonges et les égarements irresponsables (voire criminels) de ceux qui gouvernent, de ceux qui les suivent aveuglément et de ceux qui se fichent de tout en se vautrant dans le luxe. Car lorsqu’une démocratie s’attache à défendre avant tout des intérêts privés à court terme, elle n’est plus ni représentative, ni même légitime. Et je ne suis de loin pas le seul à le penser.

      Ceci dit, comme j’ai décidé de récrire cet article pour un journal, j’en ai profité pour modifier quelques passages et réarranger l’un ou l’autre paragraphe…

      Amicalement,
      Raphael

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