Aberrant : les TGV Lyria n’acceptent plus les vélos !

Article mis à jour le 16 septembre 2023.

Préparant mon futur départ vers le Royaume-Uni, je viens de constater que les TGV Lyria qui assurent la liaison entre la Suisse et Paris n’acceptent plus les vélos non démontés. J’ai donc envoyé une réclamation aux CFF, à la SNCF, ainsi qu’à la compagnie Lyria, que vous pouvez lire ci-dessous. Je vous invite à protester énergiquement auprès de ces entreprises qui dégradent continuellement le service aux voyageurs faisant preuve de la plus grande responsabilité environnementale !

Texte de mon message, envoyé le 22 mai 2023 :

« Bonjour,

Je constate avec stupeur que les TGV Lyria n’acceptent plus les vélos à bord. A l’heure de la catastrophe climatique et de la nécessaire complémentarité entre les modes de transport non polluants, je ne comprends pas ce changement aberrant et vous demande de m’expliquer comment je peux me rendre à Paris en emportant mon vélo dans le train. Mon départ pour le Royaume-Uni est prévu pour le 20 juin prochain.

Les vélos de voyage avec porte-bagages ne sont pas tous démontables et la housse de transport est encombrante pour le reste du voyage. Personne ne démonte sa voiture pour prendre le ferry ou monter sur le train et les cyclistes exigent le respect de leur mode de déplacement. Je rappelle également que les vélos sont autorisés dans tous les trains en Suisse (ainsi que la plupart des trains français) et qu’une compagnie ferroviaire effectuant la liaison entre la Suisse et la capitale française ne peut pas l’ignorer. Si l’hyper-dominance accordée aux TGV desservant uniquement les grandes villes représente également une entrave au développement des mobilités douces, alors nous demandons le retour des trains intercités et trains de nuit, car quelques heures supplémentaires de voyage ne nous dérangent pas – par contre, nous n’acceptons pas de devoir changer de train à de multiples reprises dans des gares à moitié désaffectées sans rampes ni ascenseurs, avec l’anxiété durant tout le voyage de rater les correspondances en raison des habituels retards sur l’horaire.

J’ajoute que je ne prends jamais l’avion, bien évidemment, pour des raisons environnementales.

Ce courrier, ainsi que les réponses reçues, seront publiés sur mon site internet.

Dans l’attente de votre réaction rapide et argumentée, je vous adresse mes meilleures salutations. »

Notez que les entreprises de transport public concernées ne publient plus aucune adresse email de contact et qu’il faut par conséquent se livrer à d’interminables gesticulations en ligne avec leurs robots débiles avant d’obtenir l’accès à un formulaire de contact. Avec Lyria, c’est encore pire : on ne trouve même pas de formulaire. Cela démontre de façon évidente qu’au-delà des slogans et du fric à gagner ils se fichent pas mal de leur clientèle…

30 mai 2023

Voici la réponse que j’ai reçue du service clientèle des CFF, qui s’est chargé de transmettre mon message à l’entreprise Lyria :

« Monsieur,

Merci pour votre message du 22 mai dernier.

Vous mentionnez le thème du transport de vélos dans les TGV Lyria et vous trouverez ci-dessous la réponse communiquée par le département clientèle TGV Lyria:

Vous nous avez adressé plusieurs questions concernant la possibilité de voyager avec un vélo à bord de nos trains TGV Lyria et nous sommes ravis de vous répondre.  

Tout d’abord nous souhaitons clarifier le fait que TGV Lyria accepte bien les vélos à bord de nos trains et ce, gratuitement même. Il suffit juste que le vélo remplisse quelques critères que nous avons mis en place afin de permettre à tous les voyageurs de pouvoir utiliser les espaces de rangement bagages. 

Lorsque vous voyagez avec un vélo, il faut qu’il soit plié ou que ses roues soient démontées. L’ensemble doit être rangé dans une housse d’une taille maximale
de 130 cm x 90 cm. Cela permet de maximiser l‘espace de rangement et d’accueillir un maximum de bagages. La housse est obligatoire afin d’éviter la coulure de graisse sur les bagages des voyageurs.   

Nos rames sont conçues dans le but de permettre à un maximum de voyageurs de se déplacer de façon durable en en maximisant l’espace disponible à bord de nos trains, l’empreinte carbone par voyageur à bord d’un TGV Lyria est de 30% inférieure à un voyage identique en avion.  

Enfin, TGV Lyria accueille les commentaires et remarques des clients via notre chatbot accessible sur notre site web et géré par notre service relation client. Si vous souhaitez échanger avec nous, il suffit de lui dire que vous souhaitez parler à un agent et de sélectionner le sujet de votre réclamation: Contactez-nous | Lyria (tgv-lyria.com)   

Nous vous remercions pour vos remarques et espérons avoir le plaisir de vous accueillir de nouveau sur nos lignes TGV Lyria. 

Je vous souhaite de futurs voyages à votre convenance et vous adresse, Monsieur, mes meilleures salutations.

Avec mes meilleures salutations

Spécialiste Service clientèle

CFF SA
Marché Voyageurs, Service clientèle,
Case postale, 3000 Berne 65, Suisse »

 

Ma réponse du 16 septembre 2023 à la direction générale de l’entreprise Lyria

« Madame, Monsieur,

J’ai pris bonne note de la réponse du service clientèle Lyria à mon interpellation au sujet de l’absence de places pour vélos (non démontés) dans vos TGV et vous en remercie.

Toutefois, après mon expérience ferroviaire de l’été écoulé, je tiens à vous expliquer en détail les péripéties auxquelles votre décision de ne plus transporter les vélos de voyage nous expose. Pour rappel, je souhaitais me rendre au Royaume-Uni, soit de Genève à Dieppe en train, et pensais que je pourrais, comme avant, prendre un TGV Genève-Paris, option que vous avez malheureusement supprimée.

Pour le départ, j’ai donc été contraint de voyager comme suit :

1) Genève-Lyon Part Dieu en TER
2) Lyon Part Dieu-Paris Gare de Lyon en TGV « Inoui » (où allez-vous chercher de tels noms ?)
3) Paris St Lazare-Rouen Rive droite
4) Rouen Rive droite-Dieppe en TER

Soit 6 heures et 3 minutes de train, selon horaire, ce qui est tout à fait correct, mais occupe néanmoins la journée de 7h28 à 16h59, soit une durée de 9 heures et 31 minutes. Voyons maintenant dans quelles conditions j’ai voyagé, en particulier entre Genève et Paris, qui est la section dont il est question ici.

1) Le TER Genève-Lyon est resté bloqué 20 minutes en raison d’un passage à niveau défaillant ; arrivée à Lyon à 9h44 au lieu de 9h22 : beaucoup d’anxiété à la perspective éventuelle de rater le TGV Lyon-Paris, dont le départ est fixé à 10h04, à peine 20 minutes plus tard.

2) Dans un hall de gare bondé, l’annonce du quai du TGV absolument inoui est affichée 6 minutes avant l’heure du départ, soit à 9h58 ! Je vous laisse imaginer le déplacement simultané d’une foule de plus de 500 personnes, rendues nerveuses par le retard de l’annonce, avec bagages et enfants, vers un quai d’une largeur ridicule et totalement inappropriée pour une telle affluence. Sur le quai, c’est le chaos absolu tandis que les voyageurs tentent de se déplacer le long de la rame vers leur wagon ; je vois notamment des enfants en danger en bordure extrême du quai, ce qui est totalement inacceptable. Lorsqu’on finit par trouver son wagon, on constate qu’une très longue queue s’est formée à la porte minuscule : en effet, les dimensions du vestibule d’accès vers les 2 niveaux (bas et haut) sont bien trop réduites pour permettre une circulation fluide des voyageurs avec leurs bagages. Les esprits s’échauffent, la tension monte, c’est un véritable bonheur. Comme on pouvait s’y attendre, l’accès du vélo dans ces conditions est compliqué et bloque encore plus tout le monde, d’autant plus qu’une voyageuse a déposé deux immenses valises sur l’espace vélos, qu’il faut l’appeler et insister sans ménagement pour qu’elle vienne récupérer ses bagages et libérer la place… Le TGV démarre avec seulement 7 minutes de retard, ce qui me paraît constituer un exploit, mais nous avons tous vécu des moments détestables, dangereux et nous retrouvons désormais entassés comme du bétail dans un espace et un volume bien trop étroits pour récupérer sereinement durant les 2 heures du trajet vers Paris. Personne n’ose imaginer ce qui adviendrait dans le cas de la nécessité d’une évacuation d’urgence…

3) Je n’insisterai pas sur la suite du voyage, qui n’est pas concernée ici, sauf pour mentionner que les espaces pour vélos sont en nombre très insuffisants aussi dans les trains normands, ce qui résulte dans le blocage du passage d’une voiture à l’autre et constitue encore un problème pour la sécurité de tous et toutes.

Pour le retour, j’ai pédalé de Dieppe à Paris, puis ai organisé mon voyage Paris-Genève comme suit :

5) Paris Gare de Bercy-Lyon Part Dieu en train classique Ouigo, autre nom ridicule, mais excellent choix, car 3 heures supplémentaires de voyage représentent un « inconvénient » largement compensé par le confort d’un vrai train où l’on n’est pas entassés comme du bétail.

6) Lyon Part Dieu-Genève en TER, lequel est resté bloqué 23 minutes au même passage à niveau entre Lyon et Ambérieu, posant d’insolubles problèmes aux voyageurs avec une correspondance à Genève, car il s’agissait du dernier train de la journée… Cette ligne entre deux métropoles régionales souffre depuis toujours d’une très mauvaise exploitation.

Pour ce qui me concerne, je considère que ces conditions de transport ne sont pas acceptables dans un pays européen et démontrent combien les entreprises ferroviaires tentent de maximiser leurs profits au détriment de la sécurité, de la qualité et du confort minimal dûs à leurs client.e.s.

Sur la question des vélos, je rappelle que les Suisses ne démontent jamais leur vélo pour prendre le train, car des emplacements (insuffisants, certes) sont prévus dans toutes les rames. De plus, si les vélos pliants ou les vélos de course sont facilement démontables, il n’en va pas de même des vélos de voyage, pour les raisons suivantes :
– un vélo de voyage en acier, chargé de bagages, est un véhicule lourd, qui a besoin de ses deux roues
– si le vélo est démonté, on ne peut pas se rendre à la gare avec ses bagages, ni la quitter à la fin du trajet (4 sacoches sont intransportables à pied sur plus de quelques mètres, sans compter le vélo dans sa housse)
– les porte-bagages montés à l’avant et à l’arrière, ainsi que les pare-boues, empêchent tout démontage aux dimensions requises
– le sac de transport, lourd et encombrant, donc intransportable, n’est d’aucune utilité durant le voyage à vélo
– les Suisses ont l’habitude de payer pour embarquer leur vélo dans le train et n’accordent donc guère d’importance à une éventuelle gratuité, ce d’autant plus si celle-ci entraîne les conséquences figurant ci-dessus.

Au terme de ce témoignage, il me reste à répéter que je ne prends de toute façon jamais l’avion, quelle que soit ma destination, et que j’espère vivement que l’entreprise Lyria modifiera ses rames pour offrir à nouveau des places vélos entre la Suisse et Paris, trajet évidemment très populaire tout au long de l’année.

Dans l’attente, ayant trouvé une solution acceptable avec les trains classiques Ouigo, hormis pour ce qui concerne le transfert toujours détestable à Lyon, je boycotterai les TGV Lyria et appellerai tous mes contacts à faire de même.

Ce courrier sera publié sur mon site internet et partagé avec diverses associations suisses en faveur de la mobilité durable.

Je vous remercie pour votre attention et vous adresse mes salutations sportives. »

Copies à :
actif-trafiC, Pro-Velo, ATE, les Verts genevois, les Verts vaudois, les Verts suisses

 

Liens de contact :
SNCF   https://www.sncf-connect.com/fr-ch/aide/contact
CFF   https://www.sbb.ch/fr/aide-et-contact.html

Adresses postales :

  • Lyria
    25, rue Titon
    75011 Paris
    France
  • Lyria Suisse
    Neuengasse 43
    3011 Berne
  • Service Relation Clients SNCF
    62973 ARRAS CEDEX 9
    France

Demain est toujours pire.

8 réflexions sur « Aberrant : les TGV Lyria n’acceptent plus les vélos ! »

  1. Merci pour votre réponse !
    De mon côté je galère pour trouver des trains avec vélo de Paris à Calais pour se rendre en Angleterre 🙁
    Sur le site sncf connect ou TER y a rien avec vélo
    Y a énormément de progrès à faire, quelle galère de prendre le train avec son vélo, les prix sont en plus élevés… et un easyjet Genève – Edimbourg ca coût moins de 100 chf 🙁

    • En 2014 et 2016, j’avais pu prendre un TGV de Paris à Amiens, suivi d’un TER vers Calais, si je me souviens bien. Cette fois, je vais à Dieppe : Paris-Rouen, puis Rouen-Dieppe, sans TGV, dans des trains avec places vélos. J’aurai testé dans quelques jours, mais je suis déjà content d’éviter Calais et sa désespérante misère. De plus, j’arrive plus près de Londres et bénéficie de 2h30 supplémentaires sur le ferry, ce que j’adore !
      L’aviation low-cost est une catastrophe et je préfère payer et prendre du temps plutôt que de me rendre responsable de la destruction de notre planète…

      • Oui je suis d’accord, je veux aussi éviter le lowcost, je me rends juste compte qu’il y a un problème au niveau des prix, qui n’incitent pas du tout les voyageurs à prendre le train plutôt que l’avion. Y a encore des progrès à faire.
        Merci beaucoup pour le tuyau du ferry Dieppe-Newhaven, ca a l’air top, et en plus le train va ensuite très vite à Londres. Après je prendrai un train pour Edinbourg pour 17 jours de vélo en Ecosse.
        Bon voyage ! j’aurais du plaisir à lire le récit de tes nouvelles aventures à ton retour !
        Maxime

        • Le train est plus cher que l’avion, parce que ce monde marche sur la tête…
          Content d’avoir pu être utile.
          Tu as un beau programme pour septembre, réjouis-toi !
          Raphaël

        • Bonjour. (Je découvre ce site que j’adore. C’est le coup de gueule de la suppression d’un site précédent qui m’a incitée à creuser). Je viens juste de remettre mon postérieur sur une selle de vélo après 30 ans , donc les longs voyages devront attendre. Je vais commencer par rayonner autour de chez moi. Ce qui me pousse à vous répondre c’est ceci : aucun trajet en avion n’est payé à son juste prix ! Le kérosène et bien d’autres subventions à ce mode de transport , datant des 30 glorieuses, en sont responsables. La prise de conscience des gouvernements à l’échelle mondiale n’est pas pour demain. Peut-être lorsque la planète entrera en ébullition, on n’utilisera plus les véhicules à moteurs thermiques.. En attendant nombre de puissants doivent se dire « après nous le déluge ». Bons voyages à vélo.

          • Bonjour et merci pour votre réaction.
            Oui, le transport aérien est un énorme boulet, mais il semble de plus en plus probable que l’humanité riche soit déterminée à sacrifier la planète et tout ce qui y vit sur l’autel de l’hyperconsommation et du confort matériel… L’argent rend aveugle.
            Mais réjouissons-nous : il nous reste quelques années et nos vélos pour profiter de la beauté du monde, sans rien consommer d’autre qu’un peu de nourriture et d’eau.
            Bonnes promenades !

  2. Hello,

    Merci pour ce super site qui est une mine d’or d’infos sur le voyage à vélo en Europe.
    J’ai testé de réserver un billet sur sncf connect Genève Paris, pour début septembre, et ca semble accepté :
    J’ai l’impression qu’il y en a 1 par jour de proposé, avec le message suivant :
    « Seuls les trains avec espace vélo sont proposés

    À bord des TGV INOUI et INTERCITÉS, les espaces vélos sont situés en 2de classe uniquement. »

    • Bonjour Maxime et merci pour votre commentaire enthousiaste.
      Pour ma part, j’ai finalement retenu l’option Genève-Lyon en TER, puis Lyon-Paris en TGV INOUI. C’est d’ailleurs l’un des deux itinéraires possibles avec un vélo non démonté, selon SNCF Connect : 1 changement de train à Lyon, ou 2 changements de train à Culoz et Lyon. Par rapport à l’ancien service direct Genève-Paris sans changement, c’est clairement une dégradation. Mais dans le monde des pendulaires business, on a l’habitude…
      Bon été et bons voyages !

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